Le blues est comme une grande famille, ou même une gigantesque toile jonchée de centaines de nœuds de tailles variables. Les plus imposants sont les artistes incontournables, ceux qui ont marqué l'histoire du genre. Autour de ces musiciens gravite une panoplie d'artistes qui, sans révolutionner le style de musique dans lequel ils évoluent, parviennent à se faire remarquer d'une manière ou d'une autre ; la plupart d'entre eux revendique l'influence d'un ou de plusieurs « maîtres » en la matière. Debbie Davis fait partie ce genre d'artistes que l'on peut qualifier de « seconds couteaux » du blues. Ses influences sont évidentes et son jeu n'invente rien, pourtant Davis réussit à adjoindre un peu de sa personnalité à la musique qu'elle joue.

All I Found, c'est du pur blues crunchy à la sauce Texas avec au menu, riffs efficaces et dynamiques, soli de très bonne facture et une voix franche. Ce qu'on apprécie tout particulièrement, c'est cette simplicité avec laquelle elle fait mouche. Inutile de barder les compositions d'une dizaine de musiciens pour que cela fonctionne. Ici, c'est un simple quatuor et de bonnes compositions qui suffisent à nous faire passer d'agréables moments.

Au risque de se répéter, Debbie Davis n'innove en rien, mais avec All I Found, elle parvient à nous capter du début à la fin, chose pas toujours facile en blues, il faut bien le reconnaître (surtout dans le blues moderne). « Made Right in the USA » nous accompagne sans détours au pays de John Lee Hooker, de B.B. King, de Clapton avec un blues gras qui démontre d’ores et déjà les capacités de la chanteuse/guitariste. Aucun doute, elle sait y faire ! Écoutez un peu cette improvisation ! Pas de précipitation dans le jeu mais de la précision et du feeling, tel est son secret.

Ses sonorités et son jeu rappellent un peu ceux de Stevie Ray Vaughan, notamment sur des morceaux tels que « I Won't Be Your Baby Too Long » (cette chanson rappelle surtout les débuts du Texan, lorsque celui-ci tournait en compagnie d'une chanteuse). Rien d'étonnant à cela puisque tous deux revendiquent les influences des trois King (B.B., Freddie, Albert). Les débuts de la chanteuse/guitariste furent d'ailleurs marqués par ses collaborations avec Albert Collins, en tant que guitariste accompagnatrice, ce qui a évidemment propulsé sa carrière.
Retenons aussi ce superbe morceau qu'est le morceau-titre : un tempo lent et pesant, soutenu par des arpèges brillants et quelques accords secs, ainsi qu'un orgue cotonneux, à la manière de « Since I've Been Loving You » de Led Zeppelin. Un solo rageur vient couronner le tout et on obtient une chanson presque parfaite !

All I Found est un peu plus qu'un simple bon album : il est à la fois mouvant, rythmé et surtout il présente un lot de compositions aux ambiances variées. Beaucoup de blues certes, mais aussi du rock avec « Confort Zone », du blues funky avec « Every Breath I Take », de la pop bluesy avec « Thoughin' », de l'instrumental comme « So What ». Bref, il y a de quoi satisfaire tout le monde.
Néanmoins, l'album dans son ensemble manque un peu de folie et présente parfois un côté très académique qui ne convainc pas toujours. On peut mettre cela sur le compte de la voix qui accuse parfois un manque de peps ; ou peut-être sur celui du studio, le blues comme le jazz étant vraiment des musiques de scène. Peut-être que la production un peu lisse y est aussi pour quelque chose.
Mais, malgré ses quelques défauts, All I Found promet des moments fort réjouissants, des soli à se damner et des compositions de qualité. Pour une descendante directe des grands bluesmen, c'est plutôt pas mal !

Note réelle : 3,5/5