On parle peu de Mike PARADINAS, le fondateur du label Planet-Mu, qui a illuminé bien des existences électroniques. C’est bien fait pour lui, ça lui apprendra à choisir un pseudo à la con avec une lettre grecque dedans (« μ-ziq », habilement camouflé par les majuscules en M-ZIQ), qui ne fait rien qu’à planter les bases de données. M-ZIQ donc (prononcez « miousic » à l’anglaise), revient en 2015 avec une... compilation !

(Murmures de mécontentement dans la salle. Quintes de toux désapprobatrices en loges. Le raclement des chaises vient bientôt s’ajouter au brouhaha. Les invités en frac se dirigent vers la sortie, l’air indigné).

Avant de tourner le dos à XTLP – oui c’est le nom de la chose, Mike PARADINAS a dû suivre des cours de marketing auprès de Richard D. JAMES – au lieu donc, de passer à côté de ce superbe disque d’une funeste rotation de l’axe dorsal, sacrifiez les cinq minutes de votre pause café pour faire connaissance avec le dernier né de M-ZIQ. De toute façon, c’est le département commercial qui squatte la machine ce matin, ça va encore parler de break even et de marge nette moyenne par point de vente : autant s’éviter un accès de nausée matinal.

XTLP, c’est la rencontre de deux EP du DJ londonien : XTEP (2013) et Rediffusion (2014), auxquels il faut ajouter un titre inédit : « Forger ». Peu de matériel neuf, c’est vrai, mais n’allez pas me faire croire qu’il y a des gens ici qui suivent la carrière de M-ZIQ au point de décortiquer chacun de ses courts formats.* L’ordre des pistes a été réarrangé de manière convaincante, ce qui donne un album cohérent, fait rare pour une compilation.

Dès les premières notes de « XT », l’évidence s’impose : Mike PARADINAS est allé planter son TARDIS au tournant des années 60 et 70. Difficile de ne pas sentir l’influence des premiers pas de l’électro britannique dans ce pseudo-cor brumeux et ce synthé-piano venus du passé. Les rythmiques déstructurées ont laissé place à une plaine verdoyante balayée de mélodies joyeuses, comme si le DJ fou avait fait un séjour prolongé au pays des Wombles. Que dire alors, des claviers-carillons de « Ritm », petite merveille lumineuse à vous faire remplir un formulaire de la CAF en chantant.

Les amateurs de TANGERINE DREAM, de KRAFTWERK, de CLUSTER, poseront une oreille attentive sur cette résurrection miraculeuse de leurs amours teutons par un enfant du second Summer of Love. « Pulsar », « Smeester », « Rimmy », « Blem », tout cela sent l’aventure spatiale sur fond de claviers scintillants, avec un minimum de fantaisie rythmique. Les seules sonorités abrasives qui pointent le bout de leur nez sur « Monj 2 » sont bien vite atténuées par une mélodie aérienne.

Loin de s’enfermer dans une redite obsolète des meilleurs albums d’électronique allemande, M-ZIQ varie ses ambiances et propose un disque auquel on peut revenir sans cesse. De l’exploration sous-marine sur « PRG » au mystère oriental de « Tambor », en passant par l’acid house planante de « Taxi Sadness », il y en a pour toutes les sous-chapelles de la grande nébuleuse électro.

Ceux qui d’habitude changent de bac en dénichant un disque d’IDM chez leur disquaire feraient bien de s’attarder un peu sur XTLP, qui pourrait bien les réconcilier avec le genre. On l’aura compris, les mélodies ont ici pris le pouvoir, au point de faire oublier les expérimentations sombres des albums précédents. Foncez, il n’est jamais trop tard pour découvrir l’œuvre de M-ZIQ.


* Si c’est le cas, n’hésitez pas à envoyer votre candidature pour devenir chroniqueur via le guestbook, nous avons besoin de fêlés dans votre genre.