No Place in Heaven est un plaidoyer pour le scepticisme musical. Comprenez par là qu'il est risqué de nos jours de s'attendre à un nouvel album excitant d'un artiste/groupe qui nous a plu, et que le dernier opus du Libanais en est un criant et triste exemple.

Trois ans après The Origin of Love (2012), plutôt réussi dans l'ensemble, MIKA nous revient avec son quatrième album studio sous les bras. Il convient également d'être direct : les fans du chanteur ne seront en aucun cas déboussolés, leur idole ne change pas d'un iota de genre. Pas de souci quand on maitrise la potion magique, on peut exploiter le filon du mieux qu'on peut. Cependant, rien n'est infini, et MIKA a peut-être atteint sa limite dans la pop moderne et à demi-enjouée dont il s'est fait un spécialiste depuis une dizaine d'années.

No Place in Heaven est un album qui n'est pas doté de mauvaises choses – en tout cas pas que. "Talk About You" est moins captivant que prévu, mais n'est pas du tout mauvaise, et "All She Wants" est terriblement niaise et kitsch, mais marque par son efficacité, en tout cas assez pour ne pas se faire oublier.

Car c'est là qu'intervient le gros souci de No Place in Heaven : une bonne partie des chansons n'est ni plus ni moins que du remplissage ! MIKA, aidé comme d'habitude par une armée de compositeurs et de producteurs, n'a pas su proposer un album varié et plaisant. Bien sûr, il y a de la dynamique, la prod est mastoc, en bref on sent le gros travail effectué derrière. Mais quand même... en particulier, les ballades ("Last Party", "Hurts" et "Ordinary Man") se ressemblent un peu trop, en plus d'être un peu nombreuses sur 11 chansons (dans l'édition standard). Dommage, quand on voit que "Ordinary Man" n'est pas forcément mauvaise. Et ce n'est pas propre au sous-genre : d'autres chansons, plus dynamiques, souffrent du même défaut. Ne pas voir de point commun, au moins, entre "Good Guys" et la chanson-titre, revient à avouer une naïveté musicale évidente.
Et puis l'écoute de "Good Guys", quand on fait attention aux paroles... cette vraie-fausse nostalgie tirant vers le passéisme ne mérite pas une priorité. "Good Wife" (même les titres trahissent une paresse, tiens) est rapidement énervante, mais sa courte durée relativise. C'est certes plus élevé que les aspirations adolescentes de certain(e)s, mais honnêtement, on ne peut parler de génie ici.

La recette pour faire de No Place to Heaven une réussite n'est en fin de compte pas compliquée : prenez les deux premières chansons, faites-les suivre par "Ordinary Man" et "Oh Girl You're the Devil" pour le quota de tube potentiel (mouais), et vous avez un solide petit EP. Le reste n'est pas inoubliable, et ce quand bien même on ne connaitrait pas l'univers de MIKA. Il est alors souhaitable de demander à MIKA de changer de disque, même si cela est fort susceptible de rester une chimère.