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BELLE AND SEBASTIAN - Girls In Peacetime Want To Dance (2015)
Par MR. AMEFORGÉE le 17 Août 2015          Consultée 2785 fois

En matière de pop fine, Belle and Sebastian fait partie depuis longtemps de ces groupes qui font figure de label de qualité. En près de vingt ans de carrière, le groupe écossais emmené par Stuart Murdoch a su se construire une identité attachante, tout en osant évoluer au fil du temps. De la musique acoustique aux touches légèrement folk des débuts jusqu’au rock subtil et accrocheur des années plus récentes, il n’y a que peu à jeter dans cette discographie qui atteint, avec ce Girls in Peacetime Want to Dance, son neuvième opus.

Une fois de plus, il était temps d’évoluer. Et si l’on reconnaîtra la touche caractéristique du groupe (l’album s’ouvre notamment sur un morceau fleuve et entraînant comme Belle and Sebastian a le secret), l’approche ici se veut aussi plus ludique et festive qu’auparavant et convoque à plusieurs reprises les épices enjôleuses du disco et de l’electro-dance. Gageons que le Random Access Memories de Daft Punk n’est pas pour rien dans ce changement d’orientation, il suffira d’écouter les titres « Party Line » et « Perfect Couples » pour s’en convaincre.

Sur le papier, on aurait pu craindre que le groupe ne cède à l’appel du fric facile et ne signe là un pacte avec le diable Belzébuzineth, mais la recette est si bien dosée que, si la musique assume une certaine pétulance, c’est en évitant les postures trop racoleuses. Et ça fonctionne. Aussi dansant qu’il soit, « Play for Today », par exemple, bénéficie d’arrangements veloutés qui ne dépareilleraient pas au pays des nuages goût vanille. Ensuite l’émotion fine que le morceau diffuse grâce au duo qui se noue entre Murdoch et la chanteuse des Dum Dum Girls, Dee Dee Penny, achève d’emporter l’adhésion.
Presque aussi imposant avec ses 7 minutes, « Enter Sylvia Plath » quant à lui, s’avère être le titre le plus ouvertement disco en même temps que l’un des meilleurs. Déjouant les attentes jusqu’au bout, la musique, qui ne convoque ni les carillons de la détresse ni les sirènes de la dépression d’ordinaire associés à l’écrivaine susnommée, est une chevauchée endiablée qui ne s’achève qu’au plus profond de la nuit, sous les lueurs dansantes et fantomales de quelque boule à facettes métaphysique.

Certes, on n’empêchera pas les réfractaires au disco de réfracter et les grincheux sujets aux hémorroïdes de rouspéter. Mais pour les amateurs de mélodies plus retenues, il y a aussi de quoi faire. Qu’on écoute le doux « Ever Had a Little Faith ? » ou la conclusion dream-pop « Today (This Army's for Peace) » pour s’en aviser. Dans la lignée de titres plus typiquement Belle and Sebastian, « Nobody’s Empire » avec ses variations d’intensité parfaitement ajustées, ses chœurs qui surviennent aux moments clés, et « The Book of You », chantée par l’indispensable Sarah Martin, s’avèrent assez excellents. On pourra aussi goûter les arrangements beatlesiens de « The Cat with the Cream » ou les variations rythmiques du très vespéral « The Everlasting Muse », qui nous baladent, semble-t-il, de régions latines en contrées slaves avec un certain bonheur. Quand on y pense, cela nous donne une heure de musique de haute tenue, qui passe sans que l’on s’en aperçoive. Douze morceaux qui coulent presque de source : qui dit mieux ?

À noter, pour finir, que, si le groupe se montre plus dansant, il n’abandonne pas pour autant, dans ses textes, une certaine ambition réflexive, bien au contraire. « Nobody’s Empire », texte parmi les plus personnels écrits par Murdoch, évoque par exemple les sept années pendant lesquelles il a eu à lutter contre le Syndrome de Fatigue Chronique (qui frappa aussi pendant un temps le pianiste Keith Jarrett), particulièrement handicapant et déprimant. La portée existentielle des textes apporte une profondeur aux chansons, qui s’articule très bien à leurs formes légères et scintillantes.
Ainsi, Girls in Peacetime Want to Dance n’est certes pas le plus bel album du groupe (chacun avait déjà son préféré, n’est-ce pas ?), d’autant plus que le genre exploré ne fait pas encore partie de la liste autorisée par la Ligue Universelle du Bon Goût de Droit Divin, mais ça n’en reste pas moins un album de grande classe. Un de plus.

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   MR. AMEFORGÉE

 
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- Stuart Murdoch (chant, guitares, claviers)
- Stevie Jackson (chant, guitares)
- Chris Geddes (claviers)
- Richard Colburn (batterie, percussions)
- Sarah Martin (claviers, guitares, chant)
- Bobby Kildea (guitare, basse)


1. Nobody's Empire
2. Allie
3. The Party Line
4. The Power Of Three
5. The Cat With The Cream
6. Enter Sylvia Plath
7. The Everlasting Muse
8. Perfect Couples
9. Ever Had A Little Faith ?
10. Play For Today
11. The Book Of You
12. Today (this Army's For Peace)



             



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