Dans un monde normal, "Johnny Delusional" serait un hit planétaire, multi-diffusé, laissant dans le caniveau les petites bouses éphémères comme Robin Thicke ou Wiz Khalifa que tout le monde aura oublié dans 2 ans de toute façon. Pourquoi ne l'est-il pas? Le monde n'est plus rock, c'est triste mais c'est comme ça. Universel, entraînant, bondissant, ce morceau valide immédiatement la pertinence du projet. La voix de Kapranos répond à celle de Russel Mael, tous deux très identifiables, les deux styles sont complémentaires. Nos oreilles se récupèrent le meilleur des deux mondes, et en avant la musique qui donne la pêche et qui fait danser. Mais de quel projet s'agit-il, au fait ?

On ne le savait pas, mais les meilleurs artisans de la pop/rock du 21ème siècle, FRANZ FERDINAND, sont de grands admirateurs des Californiens SPARKS. Lors de leur toute première répétition, la bande à Kapranos avait d'ailleurs repris la chanson "Achoo". Nous avons donc appris que les frères Mael (les SPARKS, donc), hérauts d'une pop baroque gentiment déjantée depuis les années 70, travaillent avec les Ecossais depuis 2005 (mais aucun enregistrement n'est jamais sorti). Quelle belle surprise de voir naître ce groupe éponyme ! FRANZ FERDINAND + SPARKS = FFS, nom de l'album également.

Le mélange est d'une alchimie diabolique. La science du riff jovial de FF s'associe aux gimmicks de clavier de Ron Mael, et comme ces deux groupes ne transigent pas avec la qualité des mélodies, on obtient un véritable ovni par les temps qui courent : une usine à tubes ! C'est percutant dès la première piste, comme nous le disions plus haut.

Le tout avec le sourire ! L'univers barjo des SPARKS se lit dans le titre des morceaux, "Dictator's Son", "A Man Without a Tan", et surtout l'excellent "Collaborations Don't Work". C'est ici qu'on constate que l'ironie manque trop souvent dans les univers rock.

A peine remis de la monumentale claque de "Johnny...", on enchaîne sur "Call Girl" au refrain imparable et qui évoque le meilleur de FF (les deux premiers albums). A beugler dans les embouteillages pour chasser le stress. On pense que deux bombes en début d'album c'est miraculeux et re-boum, "Dictator's Son", plus mordant et rock, plante son gimmick de piano dans nos crânes et nous fait taper comme des demeurés sur le volant par son énergie à déchaper un pneu de tracteur.

Le tarif est le même pour "Police Encounters" (ce 'pam pam bidibidi pam pam' irrésistible !), "Save me from Myself", "The Man without a Tan" et ses choeurs virils, avec comme point d'orgue ce fameux "Collaborations Don't Work" assez foutraque et bancal mais tellement bonnard par plein d'aspects qui vont au-delà du clin d'oeil du titre.

Même une partie calme ("Little Guy from the Suburbs") parvient à capter par sa douce tension et ses paroles, et devient rapidement une des préférées.

Les fans de FF ne peuvent qu'adorer, et ils découvriront j'espère le formidable univers des SPARKS. Quant aux fans de ces derniers (souvent plus âgés), s'ils ne connaissaient pas les bondissants Ecossais, ils ne pourront que reconnaître qu'ils en sont d'épatants héritiers !

PS : les 4 morceaux additionnels de la version Deluxe sont également très bons. Pour ceux qui hésitaient.