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CHRISTIAN DEATH - The Root Of All Evilution (2015)
Par WATCHMAN le 6 Février 2016          Consultée 2485 fois

Dans l’univers du rock, chroniquer un groupe dont le son a contribué à créer rien de moins qu’un sous-genre du style n’est jamais une tâche aisée. C’est pourtant ce que je m’apprête à faire en m’attaquant au dernier album en date de Christian Death, formation qui peut se targuer de revendiquer la paternité du mouvement death rock, initié en Californie au tout début des années 80.

Tout a déjà été dit ou presque sur Christian Death. Sur ses cultissimes trois premiers opus portés par la voix et le charisme de Rozz Williams, dont l’emblématique Only Theatre Of Pain qui renferme des tubes résonnant encore aujourd’hui dans les soirées batcave (“Romeo’s Distress”), en passant par la prise de pouvoir de Valor Kand au nom d’un soi-disant héritage à incarner et à faire perdurer suite au départ de Rozz en 1985, les procès pour l’obtention des droits d’utilisation du nom du groupe, jusqu’aux productions musicales à la qualité irrégulière voire parfois très douteuse au cours des trois dernières décennies. À l’éternel débat : Mieux avant ou mieux après ? Un groupe peut-il survivre au départ de son membre fondateur ? Ce n’est pas à nous qu’il appartient de livrer la réponse, préférant laisser des hordes de fans en débattre librement et stérilement sur les forums. Non, notre tâche à nous, sur Forces Parallèles, est de savoir ce que vaut, d’un point de vue strictement musical, ce nouvel album de la formation de Pomona. Car qu’on se le dise, en 2015, Christian Death sort de son silence, huit ans après avoir sorti le très moyen American Inquisition. Cela méritait donc bien que l’on s’attarde un tantinet sur ce que Valor et sa bande ont à nous proposer.

L’introduction du premier titre démarre de manière très calme, délivrant une atmosphère faussement bucolique avant que la voix grave et narrative du chanteur/guitariste ne prenne le relais. S’ensuit un refrain plutôt simpliste où la voix de la bassiste, Maitri, vient seconder à merveille celle du leader. Notons d’ailleurs à ce propos les progrès indéniables qu’à fait cette dernière à ce niveau-là depuis son intégration dans le groupe il y a… 25 ans, assumant même complètement seule le chant de certains morceaux de ce nouvel album (“Forgiven”, “Deliver Us”, “Secrets Down Below”). Autant l’avouer tout de suite, les trois premiers titres sont extrêmement poussifs. Il faut véritablement attendre la quatrième piste, “Fema Coffins”, pour que les choses sérieuses démarrent enfin. Même si on ne peut pas réellement qualifier ce titre de transcendant, il est néanmoins sauvé par un excellent refrain. Nous sommes encore loin du tube intemporel, mais on ressent cependant de la part du groupe une réelle envie de bien faire les choses.

Plus on avance dans l’écoute de ce disque, plus on s’aperçoit également du relatif déséquilibre dans l’agencement des titres. En effet, la seconde moitié de l’opus est beaucoup plus homogène en termes de qualité que la première. Mais là aussi, on a l’impression que le combo a souhaité toucher le plus large public possible par l’intermédiaire de ses compositions. Si j’ai effectivement parlé d’homogénéité précédemment, je tiens à préciser que celle-ci est purement d’ordre qualitatif. Car au niveau strictement musical, c’est plutôt l’hétérogénéité stylistique qui règne en maître, me laissant quelque peu perplexe sur la démarche et les objectifs du groupe à proposer ainsi une telle diversité d’influences et de sonorités. Nous passons ainsi sans transition d’une réminiscence post punk (“Illuminazi”, par ailleurs seul titre de l’album au tempo un peu enlevé), aux ballades gothiques (“Forgiven”, “Penitence Forevermore”, “Secrets Down Below”), jusqu’à un titre flirtant presque avec le doom (“We Have Become). Emporté peut-être par le côté parfois imprévisible de l’inspiration, Valor nous fait même l’offrande d’une touche bluesy sur “Deliver Us”. Écoutez-moi donc cet harmonica sur la fin du morceau et vous vous surprendrez à ressentir l’ombre de Canned Heat vous recouvrir tout doucement. Un pari audacieux et risqué, car le death rock n’est pas réputé pour être un style mouvant et varié dans l’exécution, mais c’est toutefois à ce genre de détails que l’on repère la volonté du groupe de ne pas stagner. À noter aussi qu’en bon maestro qu’il est, Valor Kand nous gratifie tout au long de ce disque d’arrangements splendides, dus notamment à l’emploi intelligent et parcimonieux du violon.

En conclusion, un album correct mais déséquilibré, fouillé mais malgré tout hétérogène, ombrageux davantage que réellement sombre, et avec une inspiration retrouvée mais qui a malheureusement tendance à trop se disperser. On pourra également faire la fine bouche en disant que l’album est trop court (avoir attendu huit ans pour moins de quarante minutes de musique). Si certains groupes privilégient la qualité à la quantité, là ce n’est clairement pas le cas. Mais ce qu’il faut surtout retenir, c’est que Christian Death s’est remis sur de bons rails, bien qu’il puisse encore mieux faire.

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   WATCHMAN

 
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- Valor Kand : Chant, Guitare, Violon, Cla
- Maitri : Chant, Basse
- Jason Frantz : Batterie, Percussions


1. In The Garden Of Evilution
2. This Cross
3. Tar Black Liquid
4. Fema Coffins
5. Illuminazi
6. We Have Become
7. Forgiven
8. Penitence Forevermore
9. Deliver Us
10. Secret Down Below



             



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