« L’un des meilleurs albums de l’histoire de la psytrance », « Sans l’ombre d’un doute le meilleur album que je possède », « la meilleure Trance que j’ai jamais écoutée », « cet album a défini un genre », « c’est L’album ». Que ce soit sur discogs ou amazon, les critiques élogieuses à l’égard du troisième album d’X-DREAM, Radio, ne manquent pas. C’est pourtant avec une grande circonspection que l’on remet les choses en perspective lors de notre première écoute. Radio est une sacrée douche froide.

Bien qu’une partie de son contenu ait été écrite dès 1996, Radio date de la fin de l’année 1998, soit après que les choses se sont gâtées pour le genre Goa. Dresser des barrières temporelles en musique est un procédé débile, mais il explique parfois les choses. Marcus Christian Maichel et Jan Müller, comme tous les autres, en ont eu marre du trip hippie-mélodique de la Goa et ont donc, à leur manière, voulu changer la donne. Toute personne un brin nostalgique de ladite période sera donc par définition déçue par Radio qui est parti dans une direction différente, bien qu’il ne soit pas possible, sur le papier tout du moins, de le dissocier du genre dont il s’extrait.

Les évolutions du genre n’ont que très rarement porté des fruits, et les premières écoutes de Radio laissent à penser que le ver était dans la pomme. Ici encore, comme avec de trop nombreux groupes ou artistes solo, on ne décolle plus ou si peu. Encore une fois, la production léchée s’est faite au détriment des mélodies. Encore une fois, on restera interpellé par les nouveaux tours de passe-passe sonore qui proposent à nos oreilles une batterie d’instruments inédits, mais trop souvent dans un but vain.

Pourtant, X-DREAM, contrairement à ses collègues, a quelque chose à raconter. Les écoutes aidant, on s’aperçoit qu’X-DREAM ne se contente pas d’un verni simpliste. Ses morceaux sont faits d’une multiplicité de couches sonores. Parfois puissantes, parfois saturées, parfois plus discrètes, parfois continues, d’autres fois à peine évanescentes. Le tout dominé par un beat certes constant mais qui ne dédaigne pas quelques soubresauts ou contretemps. Au milieu de cette panoplie de machins empilés les uns sur les autres, on entraperçoit même parfois des idées mélodiques. Radio garde pourtant cette base répétitive, cette structure sans début ni fin, qui ne fait qu’ajouter ou soustraire des éléments itérés jusqu’à l’infini.

Certains entrapercevront alors le nihilisme dont fait preuve Radio. S’il s’apparente à un disque de Trance Psychédélique, un genre à l’origine fun et sans réelle profondeur, le duo allemand est ici parti dans la direction opposée. Radio est sombre, apocalyptique, ses morceaux sont tels les 10 plaies d’Egypte, autant de fléaux assénés à qui ose y pénétrer.

On ne peut décemment pas ranger Radio dans la même catégorie que le tas d’étrons fumant estampillé Trance Psychédélique sous lequel la Goa gît étouffée depuis l’année 1998. Certes, il lui manquera toujours les fondations mélodiques obligatoires, sur l’intégralité des morceaux, qui font les grands albums. Radio propose cependant quelques petites choses, ça et là, entre sa "Frog" qui grouille aux abords du Nil, son "Telegram" tout droit sorti de Mad Max ou son "Electromagnetic" qui joue les Guitar Hero en plein orgasme sur la base lunaire de Cosmos 1999. Mais outre quelques traits audacieux et une ambiance remarquable, la plus grande prouesse de Radio est d’insinuer une certaine forme de doute. Chaque fois, on réitère cette course vaine après des choses qu’on ne trouvera jamais sur ce disque. Chaque écoute laisse pourtant derrière elle cette petite lueur d’espoir qui vous invite à tenter de nouveau l’expérience. Ni dans l’immédiat, et jamais avec un enthousiasme débordant certes, mais c’est déjà mieux que rien.