Les cinq Canadiens de Vancouver (quatre hommes et une femme qui partage le chant avec le guitariste) se sont fait connaître par un premier opus qui fit peu de bruit en 2005, mais qui contenait le colossal "Don't Run Your Hearts Around", énorme parpaing stoner prog-rock de 8 minutes. Ce titre faisait étalage de ce qui allait devenir le son BLACK MOUNTAIN : des riffs lourds, des titres planants avec une dose de psychédélisme (la voix habitée d'Amy Webber, les claviers de Jeremy Schmidt).

In the Future[fi) qui confirme l'ambition du groupe s'installe avec une certaine autorité dans le paysage du rock des hauts-fourneaux, dans le lointain sillage des QOTSA - même si sa capacité à être bon sur tout un album laisse grandement à désirer. Sa marque de fabrique est d'ajouter à ce gros rock des atmosphères planantes d'inspiration floydienne et des claviers qui ne dépareraient pas dans un épisode d'Albator (je prie pour que certains lecteurs soient des vieux quadras comme moi, sinon la référence restera obscure).

Dès "Stormy High", on sait où on se trouve. Chez des disciples de BLACK SABBATH ou LED ZEP. Une filiation que l'on retrouve sur le "Angels" qui suit ou sur "Evil Ways". Un long morceau comme "Tyrants" confirme un penchant pour les atmosphères lourdes et lentes, que les claviers très organiques rendent vaporeuses. De grandes compos? Nous n'irons pas jusque-là. Mais de bons morceaux, assurément. Les titres plus acoustiques assurent une respiration bienvenue mais ne sont pas mémorables. Il faut attendre les deux plats de résistance pour que le palpitant vibre pour de bon.

Ces tueries se trouvent au coeur du disque: "Wucan" (gimmick de clavier qui place sous hypnose pendant 6 minutes pendant que Webber et McBean lancent des incantations noires), redoutable avec ses nappes seventies qui s'étirent ; et surtout "Queens Will Play", sommet de l'album, porté par une chanteuse possédée soutenue par un combo monolithique qui va répéter ses motifs jusqu'à l'explosion finale. Ca vaut le voyage, comme dirait le guide vert Michelin.

Deux morceaux énormes, c'est peu pour l'auditeur qui attendait de nombreux descendants à "Don't Run Your Hearts Around", mais c'est beaucoup mieux que rien. Ces morceaux sont des sommets de 2008, et rien qu'eux méritent qu'on s'attarde sur "In The Future".