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Domenico SCARLATTI - Sonates Pour Clavecin 2 (hantai) (2004)
Par CHIPSTOUILLE le 15 Mai 2016          Consultée 1320 fois

Comment écrire une seconde chronique sur un ensemble de sonates de Domenico SCARLATTI sans fatalement se répéter ? Si vous ne l’avez pas lue, on vous invite à vous reporter à la précédente chronique pour une présentation brève du compositeur et de ses particularités. Résumons simplement en précisant que Domenico SCARLATTI se distinguait très fortement de ses contemporains sur bien des points. Son répertoire est essentiellement constitué de compositions pour clavecin seul. Si ces origines italiennes n’ont rien d’extraordinaire, il s’est par la suite isolé dans la péninsule ibérique, dont la musique traditionnelle a profondément marqué la sienne. Enfin, il fit, bien en avance sur son temps, un usage immodéré des dissonances.

Nous ne nous étions toutefois pas attardés sur d’autres particularités de la musique de SCARLATTI, moins immédiates au premier abord, choquantes serait probablement plus approprié. L’espagnol d’adoption a par exemple fait usage de changements de rythme impromptus dans ses compositions. Si on les qualifie de sonate aujourd’hui, comme ce sera plus tard le cas de toutes les compositions pour instrument seul, elles n’épousent pas tout à fait la forme alors en vigueur en plusieurs mouvements suivant chacun un rythme particulier. Chez SCARLATTI en effet, chaque sonate change de rythme de manière impromptue, quitte à donner un côté très anguleux à toutes ces œuvres.

L’exemple le plus remarquable en ce qui concerne les particularités de rythme s’avère ici la sonate K 261. Celle-ci réalise une brillante accélération, jusqu’à atteindre des pics de vélocité. La mélodie semble bloquer sur une même note, pour finalement se libérer avec une note différente en fin de phrasé. Une particularité de forme qui rappelle les tous débuts du Thrash Metal à l’aube des années 80, les plus spécialistes parleront même de Speed Metal (1).

Outre ces fantaisies rythmiques, SCARLATTI s’égare également régulièrement dans des modulations imprévisibles. La modulation consiste à changer la tonalité d’un morceau au cours de son exécution. Si l’exercice n’était pas étranger au XVIIIe siècle, il était relativement cadré. En effet la forme sonate autorisait des changements de tonalité au cours d’un même mouvement, mais ceux-ci étaient généralement réservés à des cas très particulier et qui se sont codifiés au cours du temps. On trouvait des modulations au cours du développement (ou partie centrale), entre une introduction lente et sa suite dans le cas des premiers mouvements de symphonies, ou enfin pour marquer une différence entre les deux thèmes d’un même mouvement. SCARLATTI s’est complètement défait de ce type de codification, et introduisait dans ses sonates autant de modulations qu’il le souhaitait. Cela donne à sa musique à la fois un côté désordonné mais régulièrement surprenant.

Enfin, SCARLATTI contrairement à ses contemporains, écrivait ses œuvres de manière très isolées. Il n’y a en effet pas réellement de logique d’ensemble d’une œuvre à l’autre, qu’il s’agisse de cycles comme chez BACH ou de parutions comme chez VIVALDI. Bien entendu, l’instrumentation et l’originalité du style du compositeur suffisent à créer une sorte de liant, mais il n’y a pas de période particulière chez SCARLATTI qui permettrait d’y voir plus clair dans ses plus de 500 sonates. Il est donc quelque part injuste de reprocher aux interprètes d’aujourd’hui des livraisons très hétérogènes, lorsque prises individuellement. Livraisons qui par ailleurs peinent à se distinguer si l’on considère l’ensemble. Ce que l’on ne manquera pas de reprocher à ce second recueil de Pierre Hantai.

Le disque s’introduit certes par une fugue. Son rythme plus lent et ses lignes plus claires contrastent avec le flot plus fourni des sonates qui suivent. Elle accentue par ailleurs le côté varié des œuvres du compositeur. Une position en milieu d’album aurait cependant été l’occasion d’une bouffée d’air. Car, pour le reste, si le claveciniste est moins bruitiste que dans son premier recueil, l’ensemble est une fois de plus bourratif et très hétérogène en qualité. Ceci, même si l’on met de côté les défauts propre au clavecin seul, à savoir l’impossibilité de variation de volume (2) et la non tenue des notes pincées. Quel que soit l’album, l’expérience se doit d’être tentée au moins une fois. Comprenez la note finale comme un aveu quant à l’inutilité de répéter la démarche. Les appréciations, tout comme les chroniques du reste, sont interchangeables.

(1) Ce qu’on trouve plus particulièrement dans des titres comme "Evil has no boundaries" et "Black Magic" de SLAYER, "Hit the lights", "Whiplash" ou "Metal Militia" de METALLICA ou encore les couplets de "Metal Thrashing Mad" chez ANTHRAX.
(2) Un autre point commun avec le Metal !

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   CHIPSTOUILLE

 
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- Pierre Hantai (clavecin)


1. Fugue En Do Mineur, K 58
2. Sonate En Fa Mineur, K 239
3. Sonate En Mi Bémol Majeur, K 370
4. Sonate En Mi Bémol Majeur, K 371
5. Sonate En Mi Majeur, K 135
6. Sonate En Mi Majeur, K 215
7. Sonate En Mi Majeur, K 216
8. Sonate En Fa Dièse Mineur, K 25
9. Sonate En Si Majeur, K 261
10. Sonate En Si Majeur, K 262
11. Sonate En Mi Mineur, K 263
12. Sonate En Mi Majeur, K 264
13. Sonate En Sol Mijeur, K 314
14. Sonate En Do Mineur, K 259
15. Sonate En Do Mineur, K 260
16. Sonate En Do Mineur, K 84



             



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