AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Bardi Johannsson est un compositeur islandais ayant touché à tous les styles :du hard rock à la musique classique en passant par l'électro ("Bang Gang"), c'est dire s'il a escaladé toutes les branches de l'arbre musical pour arriver au sommet de son art. Ses talents sont rapidement remarqués et on lui propose de nombreux projets audiovisuels. On lui doit de nombreuses musiques de pubs, de bandes sonores de documentaires, notamment un projet sur Andy Warhol.

En Islande, son nom résonne comme celui d'un prodige de la musique. Il a d'ailleurs été récompensé plusieurs fois pour cela (l'équivalent des victoires de la musique en France).
Sa musique est souvent qualifiée de "cinématique", c'est pourquoi c'est souvent à lui que l'on fait appel pour des bandes originales de films.

"Haxan" (Benjamin Christensen, 1922) est un de ces projets. Il s'agit de l'un des premiers films d'horreur de l'histoire du cinéma. Provenant de Suède, il a à l'époque été censuré pour son adoration très prononcée du Diable et de sa nudité. C'est notamment avec des orchestres islandais et bulgares que Bardi Johannsson décide de composer une version alternative de la bande originale de ce film culte.

Le moins que l'on puisse dire à l'écoute de "Haxan", c'est que l'ambiance dégagée par cette oeuvre colle à la peau des thèmes abordés. Bardi Johannsson délivre une musique épique, que l'on n'aurait aucun mal à superposer à une histoire filmée. Il restitue une ambiance très fidèle aux films d'horreur et de suspense de l'époque (discrète, mais intense). C'est le côté "cinématique". Ensuite, ajoutez à cela une mélancolie, une ambiance mystérieuse digne de formations dark ou gothiques et vous aurez une idée de ce que donne "Haxan". Chaque instrument fait des apparitions discrètes, mais efficaces, en adéquation avec l'atmosphère sombre du cd (le piano on ne peut plus lent et on ne peut plus poignant lors de la seconde partie).

Chaque morceau est construit autour d'un thème très simple autour duquel Bardi tourne, ajoutant progressivement divers instruments pour construire une progression et une montée en puissance (voir le morceau introductif) renforçant le côté épique du projet.
Malgré quelques longueurs que l'on pardonnera aisément, cet album vous fera vous évader. Au delà du voyage dans le temps qu'il nous fait faire, il réveille nos sentiments et fait travailler notre imagination.
Une pièce épique et lyrique.