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MUSIQUE MODERNE TONALE  |  STUDIO

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- Style : John Cage , Michael Nyman , Terry Riley

Steve REICH - Music For 18 Musicians (1978)
Par CORNELIUS le 4 Avril 2022          Consultée 935 fois

J’aimerais beaucoup, mais seulement l’espace de quelques fatidiques secondes, être le jeune homme qui, parcourant d’un œil mi-distrait mi-intrigué cette petite chronique, se demanderait si, en fin de compte vite-fait-bien-fait, il ne vaudrait pas mieux (au cas où il se passerait réellement quelque chose) jeter une oreille plus ou moins attentive dans ce probable maelström ici primitivement décrit. Juste pour 'voir' ce qu’il entendrait alors. Quel genre de film ce Music For 18 Musicians, obstiné, confondant, inquiétant et totalement féérique à la fois, ferait jaillir de sa cervelle pour ainsi dire encore vierge. Question de curiosité plus ou moins bien placée.

Il faut dire que parmi la vague minimaliste, Steve REICH est probablement le cas le plus emblématique. Suivant le conseil de son professeur au Mills College d’Oakland, Luciano BERIO, le jeune compositeur se concentra dés ses premières œuvres à la musique tonale, tournant par là le dos aux expérimentations sérielles alors à la mode. Sa technique, reconnaissable dès les premiers accords, est née d’un fort heureux accident : passant en boucle deux fragments d’un même discours, les enregistrements se décalèrent par erreur. Il s’ensuivit un phénomène de désynchronisation d’abord, puis de resynchronisation mais différente de la synchronie originelle. Littéralement, la musique résultant de ce processus se décomposait et recomposait toute seule, sur la base d’un déphasage imperceptible au départ.
C’est cette méthode qui sous-tend Music For 18 Musicians, sauf qu’ici, elle se retrouve pliée en vue d’être étendue à un vaste orchestre composé de voix féminines, de pianos, de clarinettes, d’un violon et d’un violoncelle ainsi que de marimbas, de maracas ou encore de xylophones. Ici, tout se déploie en une harmonie rythmique faite de souffles et de pulsations, les uns cédant la place aux autres en une véritable eurythmie. Rien, strictement, n’est laissé au hasard dans cette véritable jungle sonore. Tout correspond à la virgule près ; chaque enchevêtrement, pour broussailleux qu’il soit, est mathématiquement parlant juste, précis, tombant chaque fois à point nommé. La richesse rythmique et harmonique est telle que l’on se demande si le terme 'minimalisme' possède encore une quelconque pertinence pour décrire cette œuvre qui, de l’aveu même du principal intéressé, changea profondément sa vie.

Physiquement parlant, on se retrouve à danser en compagnie de déesses des îles après avoir brassé à mort pour s’extraire des euphorisantes profondeurs. L’asphyxie côtoie l’air le plus pur, à quelques intervalles près. Bali toujours tout proche de l’âge de glace ; le Permafrost à proximité des champs de pétrole du Texas ; l’Enfer de Dante voisin du Paradis de Zarathoustra.

Le problème en soi est que cette si envoûtante musique soit fondamentalement utopique. Pour être plus exact : la qualité de Muscic For 18 Musicians joyeusement hypnotique fait aussi son malheur dans le sens où il tourne littéralement autour de l’idée de l’âge d’or comme l’enfant court après son ombre pour mieux la saisir – pauvre petit être emporté par le néant caché derrière tes illusions.
Mais est-ce un problème suffisamment sérieux au point de nous faire passer à côté de ce très habilement dosé, de ce presque trop parfait moment de musique moins minimale qu’intégrale ? Telle est la question en boucle. Car il se passe quelque chose ici, quelque chose que l’histoire même des algues et des planctons se rappellera dans 65 millions d’années.

Laissons le mot de la fin au compositeur, d’autant plus que ce mot-là est l’exact résumé de ce qu’il se passe non seulement ici, mais dans son œuvre comprise comme un tout : C’est toujours la même chose qui change tout le temps.

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   CORNELIUS

 
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- Rebecca Armstrong (soprano)
- Marion Beckenstein (soprano)
- Cheryl Bensman Rowe (soprano)
- Jay Clayton (alto, piano)
- James Preiss (vibraphone, piano)
- Garry Kvistad (marimba, xylophone, piano)
- Steve Reich (composition, marimba, piano)
- Nurit Tilles (piano)
- Edmund Niemann (piano)
- Philip Bush (piano, maracas)
- Russell Hartenberger (marimba, xylophone)
- Bob Becker (marimba, xylophone)
- Tim Ferchen (marimba, xylophone)
- Thad Wheeler (marimba, maracas)
- Elizabeth Lim (violon)
- Jeanne Le Blanc (violoncelle)
- Leslie Scott (clarinettes)
- Evan Ziporyn (clarinettes)


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