Mettons les pieds dans le plat d'entrée de jeu, Miles Nielsen est un « fils de ». Devinette : Est-il le fils de maman Brigitte Nielsen, la plantureuse actrice blonde danoise qui fut un court instant la femme de Sylvester Stallone et qui fit comme de fait exprès une apparition dans Rocky 4 et Cobra ? Souvenez-vous, son premier rôle fut celui de Red Sonja dans Kalidor aux côtés de Schwarzy et on se demande encore comment les Oscars ont pu snober une telle performance dans pareil chef-d'œuvre. Où est-il le fils de papa Rick Nielsen, le guitariste loufoque et principal compositeur de CHEAP TRICK ? Quand on sait que je suis préposé à la discographie du groupe, on s'orientera naturellement vers cette réponse-là. À moins que Rick et Brigitte aient eu une aventure, allez savoir.

Les chiens ne font pas des chats donc et dans la famille Nielsen toujours domiciliée à Rockford dans l'Illinois les deux garçons ont hérité de leur père du virus de la musique puisque le plus jeune Daxx tient aujourd'hui les baguettes dans CHEAP TRICK suite à l'éviction/départ de Bun E. Carlos et que l’aîné Miles sort ici son troisième album en compagnie de son groupe les Rusted Hearts après avoir fait un temps partie des WANDERING SONS de Cory Chisel. Si vous tenez à une étiquette pour poursuivre votre lecture parce que le titre de l'album vous fait peur, disons que la musique concoctée par le groupe est une sorte d'Americana (case un peu fourre-tout dans laquelle on range tout ce qui est à la croisée du folk, de la country, du rock un peu roots et qui sent bon les grands espaces ricains) matinée d'une pop d'inspiration beatlesque et, si on veut coûte que coûte trouver une filiation musicale entre le père et le fils Nielsen, on la trouvera là et nulle part ailleurs. Miles Nielsen fait en effet montre d'un joli sens de la composition, d'une vraie aisance à pondre des chansons courtes aux mélodies immédiatement mémorisables, un télescopage entre TOM PETTY & THE HEARTBREAKERS et FLETWOOD MAC en quelque sorte.

Les dix compos de cet album concis forment un tout cohérent d'un excellent niveau et on se surprendra vite à se le repasser en boucle avec plaisir. D'apparences simples, les chansons laissent transpirer une réelle complexité au fil des écoutes servies par un sens aigu des arrangements avec ici des parties de cuivres et de bois où on ne les attend pas sur « Strangers » et ses chœurs féminins, là un xylophone discret et un sax baryton sur « This is Love » ou encore des cordes sur le mélancolique « Tongue Tied » qui pourra faire penser à THE LUMINEERS ou à ANGUS AND JULIA STONE. Les harmonies vocales sont particulièrement soignées comme sur le countrysant « Is This Life » et les parties guitares, que l'on doit principalement au multi-intrumenstiste/producteur Daniel James McMahon lui aussi ex-WANDERING SONS, rivalisent de subtilité tout au long de l'album (écoutez ce petit lick délicat en retrait sur la chanson-titre dans le clip vidéo). Alors non, Miles Nielsen n'est certes pas la révélation vocale de l'année mais son sens de la mélodie emballe l'affaire haut la main. Dans sa bio, le bonhomme cite OTIS REDDING et JELLYFISH comme influences, ça n'est pas du bon goût franchement ?

C'est la crise et votre budget vacances ne vous a pas permis de partir sillonner les States cette année ? Haut les cœurs les amis et jetez donc une paire d'oreilles à ce Heavy Metal de MILES NIELSEN & THE RUSTED HEARTS qui vous fera voyager en Pop Americana pour beaucoup moins cher. Vous l'aurez compris, le garçon n'est pas qu'un fils à papa et mérite de se faire un prénom à part entière. Bon, je vous laisse, je vais faire une recherche sur le net pour voir ce qu'est devenue Brigitte, l'autre Nielsen.