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MUSIQUE ROMANTIQUE  |  B.O FILM/SERIE

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B.O FILMS/SERIES

2004 Finding Neverland
 

- Membre : Bande Originale De Film

Jan KACZMAREK - Finding Neverland (2004)
Par MR. AMEFORGÉE le 20 Mai 2006          Consultée 4920 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Peter Pan, le mythe de l’enfant qui ne grandit pas, son monde de conte de fée perdu entre nulle part et jamais, est un thème fédérateur qui touche autant les enfants, qui y voient un ami, que les adultes, qui y voient comme un reflet nostalgique. Autour de lui se pressent tout autant les poètes, les musiciens, les psychanalystes que les fumeurs d’opium et en ce qui nous concerne les cinéastes. Dans Finding Neverland (qui n’a donc rien à voir avec la traque de Michael Jackson), adapté d’une pièce de Alan Knee (The Man Who Was Peter Pan), le réalisateur Marc Foster s’intéresse à la vie du créateur de Peter Pan, l’écrivain James Barrie, tiraillé entre les affres de la vie réelle au crépuscule de l’ère victorienne et la liberté enivrante que suscite la création de son monde imaginaire, rendue possible grâce à sa rencontre avec la famille des Llewellyn-Davies. Si le film est un peu décevant pour cause d’excès de sucre glace et d’insuffisance en grain de folie, la musique n’en constitue pas moins l’un, sinon le grand point fort.

Comme on s’en doute, Kaczmarek doit frayer avec les conventions du genre « enfance + merveilleux », qui réclament une musique légère, gracieuse, chargée d’émotion lyrique et si possible d’un zeste de mélancolie, ponctuée par les inévitables tintinnabulements féeriques du fameux glockenspiel. Le compositeur y souscrit sans problème : les allergiques du style peuvent d’emblée passer leur chemin. Mais à la différence d’un exercice de composition sans âme, Kaczmarek parvient ici à imprimer une vraie personnalité à son ouvrage, qui le rend véritablement passionnant.
Principalement, la musique est d’influence romantique, où l’on reconnaîtra fugitivement l’empreinte d’un Tchaïkovski ou d’un Dvorak (voire d’un Offenbach au tout début de « Where Is Mr Barrie ? »), et post-romantique, dans un registre impressionniste qui se drape en de grandes toiles de lumière et d’ombre ou en battements d’ailes virevoltantes et bourrasques ébouriffantes. Le tressage harmonique est intelligent et très dynamique (très mélodique, en fait), ce qui empêche l’ennui, en sus de la brièveté des morceaux, et ménage l’intérêt, chaque instrument ou groupe d’instruments trouvant sa place dans un ballet incessant plein de couleurs sensibles. A ce titre, le morceau d’ouverture en est une illustration remarquable.

La musique se fait multicolore, invoquant à elle les accents recueillis de nombreuses contrées européennes en une sorte de rassemblement enthousiasmant : violons plaintifs à la slave, mandoline chaleureuse à l’italienne (qui me rappelle Florence, ma préférée), accordéon nostalgique à la française, tempos de valses autrichiennes, flûte fragile et harpe délicate irlandaises, et en guise de référence moderne, choeur d’enfants emprunté à Danny Elfman ; et j’omets évidemment dans cette liste les instruments réguliers, dont se distinguent notamment un haut-bois paternel et une famille de violons qui forment bien souvent le corps de l’étoffe sonore, dans sa variété de glissandos, brefs ou amples, et de pizzicatos. Sans oublier l’inénarrable glockenspiel.
Difficile alors de citer des morceaux en particulier, tant ils marquent par leur qualité : les premiers sont très prenants, peut-être remarque-t-on plus aisément un « Pirates » avec son côté qui fait volontairement fanfare picaresque, pleine de tendre ironie, mais les autres sont tout aussi accrocheurs voire davantage. Peut-être que sur la fin, on aura l’impression de redites et d’un léger essoufflement, les mélodies connues revenant pour un dernier tour d’honneur plein de tristesse (un poil larmoyant quand même...) et aussi d’espoir, mais ce serait excessif d’en concevoir grief : « This Is Neverland » demeure une jolie pièce, et si l’on frôle parfois la sensiblerie, la qualité du traitement harmonique demeure, et de fait, cela reste savoureux. « Forgotten Ouverture » qui reprend l’agréable « Impossible Opening » clôt finalement judicieusement le disque, en une sorte de synthèse tumultueuse.

Comme si cela ne suffisait pas, un autre point (très) fort consiste en l’intégration de plusieurs plages de piano solo, variations des thèmes principaux, improvisées par Leszek Możdżer, disséminés de-ci de-là sur l’album, et qui esquissent de merveilleuses atmosphères, pleine de ces lumières solaires diffuses que voile à l’occasion un rideau de nuages. On songe à du Debussy, en plus élégiaque : le clair-obscur « Neverland - Piano Variation In Blue », le lactescent « Children Arrive », le lumineux « The Park On Piano » et l’éthéré « Neverland - Minor Piano Variation» sont de vrais joyaux, ornementés et ciselés. Ce qui ajoute une couleur supplémentaire, particulièrement bien choisie par l’effet de contraste qu’elle provoque, entre son caractère d’épure soliste et les tableaux orchestraux qu’elle ponctue, à la palette déjà vaste employée par le compositeur.

Alors que dire d’autre ? Kaczmarek a composé une bande originale qui respecte les normes du genre, tout en y apportant une finesse qui fait de ce Finding Neverland un grand moment de plaisir. L’émotion est très présente, peut-être trop estimeront certains, mais quoi qu’il en soit, la richesse avec laquelle le compositeur fait se mêler les instruments permet de passer outre toute impression chagrine qui pourrait nous effleurer à un moment ou à un autre. Notons d’ailleurs, en guise de supplément d’information, que l’Oscar de la Meilleure Bande Originale est le seul qu’ait obtenu le film : il le méritait. Une B.O. que je classe dans mes références en la matière. Chapeau bas, M. Kaczmarek !

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1. Where Is Mr Barrie?
2. The Park
3. Dancing With The Bear
4. The Kite
5. The Chess
6. Neverland - Piano Variation In Blue
7. The Spoon On The Nose
8. The Pirates
9. The Marriage
10. Children Arrive
11. Drive To The Cottage
12. The Peter Pan Overture
13. Peter
14. The Park On Piano
15. The Stairs
16. Impossible Opening
17. The Rehearsal
18. Neverland - Minor Piano Variation
19. The Play And The Flight
20. This Is Neverland
21. Why Does She Have To Die?
22. Another Bear
23. Forgotten Overture



             



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