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1977 2 Never Mind The Bollocks : H...

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1979 The Great Rock N Roll Swindle
 

- Style : The Damned , The Clash , Mr Irish Bastard, Generation X, X-ray Spex
- Membre : Leftfield, Public Image Limited

The SEX PISTOLS - Never Mind The Bollocks : Here's The Sex Pistols (1977)
Par MR. AMEFORGÉE le 6 Mai 2006          Consultée 14392 fois

Il y a des albums qui sont difficiles à chroniquer pour cause d’excès de documentation, de glose, d’avis, bref de plein de choses. C’est souvent le cas des albums « mythiques » et Never Mind the Bollock, premier et unique album des Sex Pistols, fait assurément partie des plus mythiques des albums mythiques, peut-être juste derrière l’Iliade et l’Odyssée d’Homer Simpson et la Divine Comédie de Dante Ifrisse. Mais pourquoi donc ?, me demandera un lecteur naïf qui n’existe que dans mes rêves de chroniqueur : parce que celui-ci passe pour être l’emblème du mouvement punk qui prend son essor à cette époque.

D’après les médecins, les premiers symptômes apparaissent en 1975-76 avec les Ramones, les Damned ou bien avec les Sex Pistols eux-mêmes (sortie du single « Anarchy in the U.K. » en novembre 76), même si l’on pouvait déjà distinguer les prémices du mal plus avant dans le temps, de par une attitude rugueuse et sans concession, chez Iggy Pop et les Stooges, le Velvet Underground, les Who, Chuck Berry et bien sûr Ponce Pilate, déjà fan d’épingles à nourrice. J’en passe et des pires. Mais c’est Never Mind the Bollocks qui cristallise la coulée de lave du mouvement punk proprement dit en un spasme séminal.

D’un point de vue musical, le rock progressif est à l’époque devenu un gros truc élitiste et cérébral dans lequel tout le monde ne se reconnaît plus : le punk fait alors table rase de tous ces gargarismes prétentieux et arbore en opposition une simplicité corrosive. Ajouter à cela un contexte politique et social qui se prête à la contestation et vous aurez en présence des barils de poudre qui n’attendent plus qu’un détonateur. Et grâce à l’art du marketing provoc’ du manager Malcom McLaren, ce sont les Sex Pistols qui feront exploser la poudrière (rapidement suivis par les Clash).

Contrairement au canon du style punk, qui veut un son brut de décoffrage, très garage, Never Mind the Bollocks apparaît comme « finement » produit, avec notamment la superposition de plusieurs pistes pour la guitare de Steve Jones, dispensatrice de riffs contendants en power-chords, ce qui aboutit à l’édification d’une sorte de masse volcanique à moitié solide, à moitié en fusion contre lequel Johnny Lydon Rotten, le roquet pourri des enfers, luttera sans pitié de son chant rageur. La rythmique quant à elle adopte généralement un tempo moyen tenu par la batterie solide et dynamique de Paul Cook et la basse diversement jouée par Steve Jones, Glen Matlock (ayant quitté le groupe en cours de route) et l’emblématique Sid Vicious (ayant rejoint le groupe en cours de route, mais savait-il déjà jouer de son instrument ?).
Plus précisément concernant le chant, on est loin des harmonies vocales duveteuses d’un Simon & Garfunkel ou des piaillements magnifiques d’une Reine de la Nuit dans la Flûte Enchantée : ici, c’est mordant, éructant, rauque, volontairement approximatif, parfois soutenu par quelque choeur déglingué (sur « Bodies », « Seventeen » et « Pretty Vacant » notamment), bref complètement crado mais terriblement jubilatoire.

Alors nous y voilà, les ingrédients sont posés, ne reste plus qu’à détailler la recette, faite de mélodies archi-simples et accrocheuses, de puissance sonore massive et de paroles subversives, le tout servant des morceaux efficaces et d’une brièveté appréciable. Si les mauvaises langues diront que c’est toujours la même chose, il faudra les détromper, car chaque titre possède quoiqu’il y paraisse sa propre identité. L’album s’ouvre sur les bruits de pas militaires martelant le sol et « Holidays in the Sun » déboule, avec son riff caractéristique. On peut évoquer en vrac le très hargneux « Bodies », l’accrocheur et narcissique « No Feelings », le frénétique et emballant « Seventeen », le plus ’mesuré’ « Submission » qui rappelle les Doors ou encore le titre de fin « E.M.I. », joli doigt d’honneur à la maison de disque du même nom. Et bien entendu, on ne saurait être complet sans parler des deux morceaux sulfureux et terriblement enthousiasmants que sont « God Save the Queen » et « Anarchy in the U.K. » hymnes punks vindicatifs et quelque peu provocateurs. Le premier célèbre à sa façon la bonne reine d’Angleterre, la guitare est mordante, en un crescendo de puissance, Rotten se fait teigneux, comme d’hab’, mais en pire : voilà un morceau mythique pour l’album mythique. Le second expose en une dialectique toute aristotélicienne les avantages de la philosophie de vie dite de l’anarchisme : la musique ne fait aucun compromis, riffs en tenue d’Adam au bord de la dissonance, Rotten se montre plus possédé que jamais, comme nous l’indique avec bonheur le rire sauvage qui ouvre le titre, et voilà un autre morceau mythique à placer dans l’escarcelle de l’album mythique. Difficile alors de trancher pour savoir lequel est le meilleur.

Comme pour le London Calling des Clash qui enterra le mouvement punk originel ou le Requiem de Mozart qui enterra Mozart, on pourrait sans doute écrire des pavés sur cet album et même finir par y trouver une plage pour s’y enterrer. A défaut, on pourra toujours dire que Never Mind the Bollocks se présente comme un excellent médicament pour déboucher les cages à miel. C’est sans concession, moche, pas complexe pour un sou mais terriblement accrocheur. On pourra toujours y ressentir quelques baisses de régime de-ci de-là (« Problems », « New York » ?), mais il faut s’aviser qu’un tel disque ne s’écoute pas en boucle : ça se prend en une fois, comme un suppositoire diabolique, plein de vitamines pour traiter la somnolence du cheval. Et c’est reparti pour un tour. Jusqu’à la prochaine fois. Le reste appartient à l’histoire.

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   (3 chroniques)



- Johnny Rotten (chant)
- Steve Jones (guitare, basse, choeur)
- Paul Cook (batterie, choeur)
- Glen Matlock (basse)
- Sid Vicious (basse)


1. Holidays In The Sun
2. Bodies
3. No Feelings
4. Liar
5. God Save The Queen
6. Problems
7. Seventeen
8. Anarchy In The U.k.
9. Submission
10. Pretty Vacant
11. New York
12. E.mi.



             



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