Il est temps que l'on s'attaque à la discographie de FAIR WARNING. Jusqu'à présent, vous remarquerez que nous n'avons pas eu particulièrement d'entrain à évoquer la carrière de Tommy Heart et de son groupe. Il faut dire que, malgré ses albums de très bonne qualité, le groupe allemand est considéré, tout du moins en Europe, comme un second couteau du hard rock allemand, à l'image d'un BONFIRE. Si le groupe connaît un succès éblouissant au Japon, sa renommée sur le vieux continent n'est pas des plus enviables. Pourtant, porté par un chanteur d'exception et un guitariste, Helge Hengelke, fortement influencé par l'ancien membre des SCORPIONS Uli Jon Roth (il utilise également une Sky Guitar, modèle créé par l'ex-arachnide), FAIR WARNING peine à faire de sa musique, à mi-chemin entre hard rock et AOR, un succès commercial dans son pays.

Ce nouvel album ne risque en aucun cas de changer la donne. Sans-doute créé en réponse à une demande de la part du marché japonais, il consiste en un réenregistrement bien inutile de morceaux issus des trois premiers albums du groupe : cinq sont extraits de l'album Fair Warning (1992), quatre sont tirés du superbe Rainmaker (1995), et deux sont originellement présents sur l'album Go ! (1997). Trois grands albums, c'est vrai, qui contiennent leur lot de réussites en matière de hard rock mélodique de qualité. Cela nécessitait-il une relecture et une actualisation ? Pas vraiment, car ces trois albums sont dotés d'une production qui leur confère un son de qualité, 20 ans ou plus après leur publication. Et puis, on le sait, les albums de réenregistrements sont rarement des réussites (exception faite, justement, du Scorpions Revisited d'Uli Jon Roth. C'est un fait, les FAIR WARNING ont tenté de mettre toutes les chances de leur côté en dotant ces compositions d'un son nouveau et en leur conférant une modernité certaine, des arrangements et des passages inédits, censés revigorer ces titres fondateurs. Mais la sauce ne prend pas, pour la simple et bonne raison (et au risque de nous répéter) qu'un artiste ne peut qu'exceptionnellement reproduire deux fois la même magie en studio. La fraîcheur, la fulgurance qui habitaient ces premiers morceaux est aujourd'hui disparue, ou bien cachée sous une production qui se veut plus sombre et moderne, ou sous la basse ronde et très en avant d'Ule Ritgen (également tête-pensante du groupe).

Alors bien sûr, de bons morceaux restent de bons morceaux, et FAIR WARNING n'échappe pas à la règle. "Don't Give Up", qui clôture l'album, était un des meilleurs moments de l'album Rainmaker, il est le titre le plus réussi de ce nouvel opus. Idem pour "Burning Heart" que les envolées guitaristiques de Helge Engelke transforment en sympathique morceau de bravoure. Et, finalement, tout l'album se tient et pourra sans doute séduire ceux qui ne connaîtraient pas encore le patrimoine musical des Allemands. Pour les amateurs, comme toujours, ces réenregistrements donnent surtout envie de réécouter les versions originales et de se plonger dans la discographie (relativement courte malgré une carrière longue de 25 ans) du quartet. Le genre d'album qui plaît sur le moment, parvient à faire sourire grâce à un visuel original, mais que l'on oublie aussitôt une fois l'écoute terminée. Tout simplement parce que l'on ne peut pas réécrire l'histoire.