WOLFPAKK, ROCK WOLVES... Il y a un dénominateur commun dans les projets récents de Michael Voss, ainsi qu'un manque évident d'inspiration. Le loup, néanmoins, semble être au centre des débats. Comme si les vieux rockers, l'âge venant, ressentaient le besoin de se regrouper en meute, histoire de mieux appréhender l'hiver venant. La cinquantaine passée, Michael Voss n'est pas encore un vieux briscard, même si le stakhanoviste allemand a enregistré plus d'albums que la plupart de ses contemporains. A 67 ans, Herman Rarebell semble mieux indiqué pour rentrer dans cette catégorie des papys du rock. Celui qui fut relativement silencieux après son départ des SCORPIONS en 1996 s'est remis depuis 2009 à faire parler de lui, et a publié plusieurs albums, sous son propre nom ou en compagnie du groupe de Michael Schenker, Temple of Rock. Il est par ailleurs amusant de noter que Michael Voss, sans-doute grand admirateur de la musique des SCORPIONS, a ces dernières années collaboré avec nombre d'anciens membres du groupe : les deux précités (Michael Schenker et Herman Rarebell), mais aussi Francis Buchholz à l'occasion de l'album de PHANTOM V publié plus tôt dans l'année.

Voici donc que les deux musiciens se retrouvent dans le cadre de ce nouveau groupe. Se joint à eux le bassiste Stephan Hinz, membre du groupe H-Blockx dont les albums ont connu quelque succès en Allemagne et en Autriche. Le trio propose un hard rock résolument tourné vers les années 80, dont l'écoute s'avère sympathique malgré une substance bien maigre. Orienté AOR, l'introductif "Rock For the Nations" souffle le chaud et le froid. On aime l'immédiateté du refrain, la simplicité appréciable des mélodies, on déplore une vacuité évidente du sens et cette même simplicité qui rend le morceau caduque après quelques écoutes. Le reste de l'album oeuvre, fort heureusement, dans une veine hard rock européenne plus "classique". Quelques titres énergiques tentent de faire parler la poudre (et évoquent fort justement MAD MAX), à l'image de "Out of Time", très réussi, mais on sent bien que le trio est désireux de proposer un hard rock "pépère" et globalement mid-tempo, ce qui ne l'empêche pas de se faire inspiré et varié. "Riding Shotgun", qui rappelle la musique des BONFIRE, constitue un excellent moment, tout autant que "The Lion is Loose", un hard rock mélodique dans la plus pure tradition du genre (FAIR WARNING n'est pas loin), qui propose sans aucun doute l'un des moments les plus marquants.

Le trio est compétent, même s'il ne faut pas demander à Herman Rarebell, bûcheron des fûts, de faire preuve de sensibilité. Ça bastonne, et on apprécie la force créatrice (tout autant que la voix) de Michael Voss qui parvient à proposer quelques ballades bien senties, exercice pourtant ô combien hasardeux, tant il semble impossible d'égaler les power-ballads des années 80 qui ont donné ses lettres de noblesse à l'exercice. "What about love" et "Nothing brings me down", délicates, évoquent des fins de soirées dans des bars (anciennement) enfumés, tandis que "Lay With Me", plus intimiste, rappelle le "Close my eyes forever" de Lita Ford. Une réussite.

Sans faux pas, les ROCK WOLVES nous en donnent pour notre argent, mais on peine néanmoins à s'emballer pour un album qui, malgré d'évidentes qualités d'écriture, sent un peu le réchauffé, et suscite avant tout l'envie de replonger dans sa discothèque à la recherche de ces perles des années 80 signées SCORPIONS, BONFIRE ou MAD MAX qui servent de base à cette musique malgré tout fort sympathique. La meute s'occupe, en attendant l'hiver.