Dans tous les films d'action américain, il y a cette scène où le héros, lors d'un ultime combat pour sauver sa fille / les Etats-Unis / l'humanité (rayez la mention inutile) se retrouve à terre, frappé par le méchant terroriste / mafieux / robot rebelle (vous avez compris le principe). Et puis, un ralenti : le héros se relève, sanguinolent, se rappelle la beauté de sa cause, et dans un geste désespéré donne tout ce qu'il a pour vaincre, finalement. Générique, point final. Cette scène, GOTTHARD ne cesse de la revivre depuis le début des années 2010. Mis à terre par la perte de son exceptionnel chanteur Steve Lee, le groupe n'a depuis eu de cesse de relever la tête, de se convaincre que sa cause est loin d'être perdue. Après deux albums fébriles, à l'exubérance discrète, le groupe a enfin vaincu. Soleil couchant, générique de fin.

C'est par le biais de ce live que la nouvelle mouture du groupe s'impose enfin de nouveau comme le prince du hard rock européen qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être. Un bootleg, capté à Baar (Suisse) en novembre 2014, adoubé pour devenir une sortie officielle. Le son est cru, plutôt bien produit et mixé par le guitariste et tête-pensante du combo Leo Leoni, et propose une setlist qui assoit enfin le successeur de Steve Lee, Nic Maeder, comme un chanteur de très grande classe.

Celui-ci a, depuis son intégration dans le groupe en 2011, gagné une assurance qui lui faisait défaut lors de ses premiers concerts en compagnie de ses nouveaux camarades de jeu, et il s'impose désormais comme un frontman de très haut niveau. Avec huit titres issus des deux derniers albums du groupe, la setlist lui permet de s'affirmer tout en démontrant que certains extraits de Firebirth ("Remember it's me") et Bang ! ("What you Get", "Get up n' move on", "Feel what I feel") n'ont pas à rougir face aux classiques du groupe. Des classiques par ailleurs finalement pas si intouchables, puisque le groupe conserve uniquement les indéboulonnables "Sister moon", "Mountain mama" et "Lift U up", prenant le pari de proposer des morceaux relativement récents ("Master of Illusion", "The Call", "Anytime Anywhere") qui ancrent un peu plus GOTTHARD dans le présent.

L'énergie est omniprésente, et Leo Leoni se fait un équipier hors pair, n'hésitant pas à proposer des choeurs de grande qualité pour épauler Nic Maeder, tout en alignant les soli virtuoses. L'ensemble du groupe est très affûté, et livre une prestation carrée tout de même émaillée de quelques grains de folie, essentiellement incarnés par la prestation de Nic et les envolées guitaristiques du duo Scherer / Leoni, qui reprend à son compte quelques riffs intemporels du hard rock ("Whatever you want", "Black Night") en préambule au tube "Lift U Up".

Il y a de la vie, donc, chez GOTTHARD. Une flamme bien vivace, attisée par un public acquis à la cause des hard rockers suisses. Alors que le précédent live, Homegrown, avait une saveur douce-amère, car publié après le décès de Steve Lee, ce Live & Bangin' est une explosion de saveurs porteuses d'espoir et de promesses. Comme une résurrection.