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1967 Sweet Soul Music
1969 More Sweet Soul

Arthur CONLEY - Sweet Soul Music (1967)
Par LE KINGBEE le 1er Janvier 2017          Consultée 1910 fois

Arthur Lee CONLEY est né en 1946, au sud d’Atlanta en Georgie. Il commence à chanter dans la chorale de sa paroisse comme 99% des chanteurs noirs de l’époque. A 12 ans, il intègre The Evening Smiles, une troupe de gospel féminine dans laquelle il sert de voix de tête et fait son premier passage radio sur la WAOK. Il enchaîne avec les Corvets au sein desquels il enregistre un premier single pour le label Moon. En 1964, le gamin a 18 ans mais a pris du galon, désormais c’est Arthur & The Corvets que le groupe se nomme. La formation grave trois singles pour NRC, label dirigé par Bill Lowery et aussitôt fermé pour cause de banqueroute. L’adolescent grave alors un single pour le label Ru-Jac basé à Baltimore au sein d’Harold Holt & His Band. Il suffit parfois de peu de chose pour percer. Rufus Mitchell, propriétaire du label et disc-jockey local impressionné par la voix d’Arthur, profite de la venue d’Otis REDDING pour lui en apporter un exemplaire. Depuis deux ans, Otis s’est également lancé dans une carrière de producteur afin de laisser une chance à de nombreux artistes prometteurs passant hélas entre les mailles des filets.

Emballé par le timbre d’Arthur, « Big O » l’emmène avec lui en tournée et l’enregistre sur son propre label Jotis Records. Début 66, Otis REDDING décide de mettre fin à l’aventure Jotis, probablement à cause d’un surbooking, mais envoie son poulain à Muscle Shoals, le plaçant dans les mains de Rick Hall, patron du label Fame. Arthur Lee met en boîte deux singles. « I Can’t Stop (No, No, No) » et la ballade « Take Me Just Like As I am », une compo du duo Penn/Oldham, qui attire aussitôt l’attention. Solomon Burke reprend cette dernière à peine deux mois plus tard et la fait grimper à la 11ème place des charts.
Jerry Wexler, l’un des manitous de la firme Atlantic et distributeur de Fame Records, ne va pas laisser passer l’aubaine et engage aussitôt CONLEY. Le petit protégé d’Otis REDDING a le vent en poupe et son premier single pressé par Atco, sous-marque d’Atlantic, monte sur la seconde marche du Hot 100 avec « Sweet Soul Music ».

Un sacré coup de maître pour un premier 45 tours distribué à l’échelle nationale, un best-seller comme Otis lui-même n’en connaîtra jamais de son vivant ! Si le nom de CONLEY semble aujourd’hui oublié ou lointain, il suffit de se souvenir de « Sweet Soul Music » avec ses premières mesures qui lorgnent sur la B.O. du film « Les Sept Mercenaires ». Et puis les paroles: « Do you like good music – That sweet soul music – Just as Long as it’s swinging – Oh Yeah, Oh Yeah » sans oublier ses hommages à Lou Rawls, Sam & Dave, Wilson PICKETT, Otis, James BROWN. En clair un titre interplanétaire que tout le monde connaît.
On est en 1967, tout va bien pour Arthur et son mentor Otis. Au mois d’août, REDDING et Booker T & The MG’s explosent le Festival Monterey Pop. REDDING est au sommet de sa carrière, la revue Melody Maker l’a élu « Plus grand chanteur du monde », détrônant PRESLEY après dix ans de règne total. Rien ne semble pouvoir stopper Otis et ses sbires. Rien... hormis un avion qui s’écrase dans les eaux glacées du Lac Monona le 10 décembre.

En deux coups de cuillères à pot, le statut d’Arthur CONLEY vacille avec la perte de son ami et fidèle protecteur. Le second disque « Shake, Rattle & Roll » sorti avant la disparition d’Otis prenait la direction du précédent. Soucieux de ne pas abandonner un artiste qui rapporte gros, Atlantic place Arthur sous la houlette de Tom Dowd. « Soul Directions » ne connaît pas le même succès, malgré « Funky Street » qui atteint le Top 20 Pop. Ce succès permet à Conley de participer à l’éphémère aventure du Soul Clan avec Don Covay, Ben E KING et Joe Tex. Le Géorgien grave un quatrième album pour Atco avec « More Sweet Soul », mais malgré une bonne reprise de « Ob-La-Di-Ob-La-Da » des BEATLES, les ventes du disque sont en chute libre.
Plus ou moins laissé pour compte par Atlantic, Arthur signe en 1971 un contrat avec Capricorn, label dirigé par Phil Walden, un ancien de la maison Atlantic qui ne réussira jamais à remettre le chanteur sur orbite, malgré quatre singles, Walden portant sa priorité sur un groupe qui fera parler de lui pendant de longues années The Allman Brothers Band.

En 1974, Arthur Conley décide de tourner le dos à l’industrie du disque. Il s’installe en Angleterre, puis en Belgique avant de s’établir à Amsterdam en 1980. Il change alors de nom, devenant Lee Roberts. En 1988, il enregistre un ultime album (« Soulin’ ») sous le nom de Lee Roberts & The Sweaters, tout en s’occupant de sa petite maison d’édition, d’un magasin de disques et d’une station radio. Son statut de Soul Legend lui permet de se produire jusqu’en 2002. Malade, il décède d’un cancer des intestins en novembre 2003 en Hollande.


Enregistré à Memphis (Stax) et à Florence dans le studio Fame de Rick Hall, « Sweet Soul Music » pourrait servir de liaison entre le son Stax et celui d’une Motown pas encore édulcoré ou blanchi. Presque cinquante ans après sa sortie, on ne peut qu’être frappé par la qualité des arrangements et de la production qui portent la pâte de REDDING. On peut également se montrer surpris par le travail d’écriture : sur un total de dix titres, deux proviennent de la plume d’Otis, trois de CONLEY alors que le tandem a coécrit trois autres chansons. Les deux pistes restantes sont issues de la créativité débordante du triumvirat Oldham/Penn/Hawkins. Si certains de ces titres connaîtront de nombreuses relectures, la carrière de CONLEY restera marquée à tout jamais par « Sweet Soul Music », morceau repris entre autres par The Jam en 1977, Rod STEWART et Jimmy Barnes en 91 et par le « Boss » SPRINGSTEEN en concert. Chez nous, Johnny HALLIDAY en délivre une ringarde et pitoyable version sous le titre « La Seule Vraie Musique », à se demander si notre Johnny national n’avait pas voulu se lancer dans un humour compris de lui seul. Heureusement, le ridicule ne tue pas (quoique...) !

Si « Sweet Soul Music » demeure son plus gros succès, d’autres titres valent le détour: les ballades « Take Me (Just Like I Am) » initialement enregistrée par Lonnie Ray et reprise par Spencer Wiggins pour Goldwax ou « There’s A Place For Us » influencée par Sam Cooke. Plus énergique, « I Can’t Stop (No, No, No) » a connu lui aussi quelques reprises (The Blues Busters, le duo Ben & Spencer, Solomon Burke, James et Bobby Purify dans une version mollassonne et enfin The Inmates en 79 (la meilleure). L’ambigu « Wholesale Love », une création de REDDING, figure sur l’album posthume « Tell The Truth ». Idem pour « Let Nothing Separate Us » qui figure lui sur l’album « Love Man ». Le Country Soul « I’m Gonna Forget About You » n’a aucun lien avec ses homonymes de Sam COOKE et O.V. Wright. L’album s’achève sur « Where You Lead Me », coécrit par CONLEY et REDDING, le morceau faiblard du disque. Afin d’être complet, signalons la présence de quelques-uns des meilleurs accompagnateurs* de Muscle Shoals, la capitale longtemps secrète de la Soul (pratiquement tous blancs). Un disque qui a longtemps fait office de référence, le nez et les oreilles de Jerry Wexler lui auront permis de concurrencer son rival Stax sur son propre terrain.

*Curieusement, la line-up de cet enregistrement ne figure ni sur la pochette ni sur les sites consacrés aux sessiongraphies du label Atlantic. Celle que nous proposons provient de divers témoignages et recoupements.

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- Arthur Conley (chant)
- Jimmy Johnson (guitare)
- Steve Crooper (guitare)
- Sponner Oldham (orgue)
- Tommy Cogbill (basse)
- Donald 'duck' Dunn (basse)
- Roger Hawkins (batterie)
- Wayne Jackson (trompette)
- Joe Arnold (saxophone)
- Andrew Love (saxophone)


1. Sweet Soul Music.
2. Take Me (just As I Am).
3. Who's Foolin' Who.
4. There's No Place For Us.
5. I Can't Stop (no, No, No).
6. Wholesale Love.
7. I'm A Lonely Stranger.
8. I'm Gonna Forgrt About You.
9. Let Nothing Separate Us.
10. Where You Lead Me.



             



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