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1967 Sweet Soul Music
1969 More Sweet Soul

Arthur CONLEY - More Sweet Soul (1969)
Par LE KINGBEE le 6 Octobre 2017          Consultée 992 fois

Deux ans après avoir mis en boîte son premier album « Sweet Soul Music » dont le single titre fracassa les charts R&B et les classements européens, Arthur CONLEY se retrouve plus ou moins en carafe.
Le monde de la Soul a subi en l’espace de deux ans des turpitudes et des bouleversements qui ont changé la donne. Avec la disparition tragique d’Otis REDDING, protecteur et ami d’Arthur, c’est tout un pan de l’édifice qui s’effondre, personne n’étant capable de prendre la relève. Autre fait marquant, l’assassinat de Martin Luther King en avril 68 à Memphis marque un point de non retour, comme si la spirale Soul venait de se briser d’un coup.
Entre temps, Arthur Conley est l’auteur de deux bons albums : « Shake, Rattle & Roll » produit par Otis Redding en personne et « Soul Direction » dont la couverture provient du photographe français Jean Pierre Leloir et dans lequel le chanteur rendait hommage à Redding avec la chanson « Otis Sleep On ». Deux bons albums certes, mais qui ne rentreront pas dans les classements, même si deux titres rentrèrent dans les charts. En fait, avec la perte d’Otis Redding, Arthur Conley a perdu un ami, un producteur mais aussi son mentor, une tragédie dont il ne se remettra pas. Le succès de « Funky Street » au printemps 68 qui grimpe à la 14ème place des classements Pop reste comme l’arbre cachant la forêt, mais lui permet de participer à l’aventure extra courte de Soul Clan en compagnie de Don Covay, Ben E King, Solomon Burke et Joe Tex.

En 1969, Atco décide de renvoyer le chanteur en studio, sous la houlette du producteur Tom Dowd, déjà présent aux manettes de « Soul Direction ». Dowd, producteur reconnu de la maison Atlantic et instigateur de l’enregistrement multipistes, vient d’enregistrer le premier disque de l’Allman Brothers Band, mais aussi le « Hey Jude » de Wilson Pickett et « Dusty In Memphis » (Dusty Springfield). En l’espace de deux ans, le bonhomme a collaboré à plusieurs albums d’Aretha Franklin et aussi avec Cream, Herbie Mann, The Rascals et PF Sloan. C’est lui aussi qui était derrière la console pour l’enregistrement de « Otis Redding Sings Soul ». En clair, Dowd est un gars sur lequel on peut compter et qui a du poids. Seul hic, le chanteur et le producteur, peut-être accaparé par le futur enregistrement de « Soul 69 » d’Aretha Franklin, ne s’entendent guère. Première décision, Atco décide d’envoyer Arthur Conley au studio Fame de Muscle Shoals mais aussi à Memphis à l’American Recording Studio. En fait, au fil des années, certaines langues se délieront, trois des 12 titres ont été enregistrés dans les studios newyorkais d’Atlantic, ce qui vient contredire les notes de la pochette dorsale. Pour résumer, les pistes 1 - 2 - 4 - 6 - 9 et 11 proviennent d’une session au studio Fame supervisée par Rick Hall. « One Night Is All I Need », « Something You Got » et « Run On » ont bien été gravés à Memphis, tandis que les pistes 5 - 8 et 12 sont issues d’une session new-yorkaise.

Premier constat, dès la première écoute, on se rend compte que cet album prend une tournure moins personnelle. Le chanteur n’est l’auteur que de trois titres, et encore s’agit-il de trois co-écritures dont deux avec Earl Simms, ancien compagnon de route de Redding. L’album sort dans les bacs en février 1969, mais plusieurs titres apparaîtront en singles dont « Ob-La-Di, Ob-La-Da », hit des BEATLES, préalablement édité en 45 tours.
Seconde évidence, c’est vers une orientation Pop que la production de Dowd plonge le chanteur. Les spécificités de la Deep Soul se retrouvent gommées au profit d’un assemblage Pop qui, s’il demeure agréable, s’éloigne des aspirations du chanteur.
Enfin, troisième et dernière remarque, pour son quatrième (et dernier) disque pour la firme Atco, Conley n’a pu glisser une seule de ses compositions, ni bénéficier de compositions solides et encore moins d’une équipe de songwriters proposant une trame cohérente.
Arthur reprend donc « Ob-La-Di, Ob-La-Da ». Si le titre des BEATLES a déjà fait l’objet de reprises sans aucun intérêt (The Spectrum, The Marmalade ou Joyce Bond), l’interprétation de Conley nous ramène vers celle des Bedrocks, modeste formation de Leeds composée de musiciens antillais, avec une touche reggae bien agréable se démarquant des insipides reprises habituelles, avec un guitariste qui ne tardera pas à faire parler de lui en la personne de Duane ALLMAN. «I Got A Feeling », titre homonyme à un hit mineur des Four Tops et à une compo de Baker Knight pour Ricky Nelson, n’arrive pas à sortir du lot. « One Night Is All I Need » au chant et au tempo plus musclés demeure intrinsèquement inattaquable mais ne dispose pas de la mélodie pour en faire un hit potentiel. « Aunt Dora’s Love Soul Shack » pourrait s’inscrire comme le chaînon manquant entre les répertoires de Redding et de James Brown. Cette face A se termine par le convainquant « Stuff You Gotta Watch », titre dans lequel la guitare d’Allman fait des étincelles.
Hormis la cover des BEATLES, on ne retrouve qu’une seule reprise d’envergure : « Something You Got », œuvre du Louisianais Chris Kenner. Le titre a déjà fait l’objet de plusieurs tentatives plus ou moins réussies (Moody Blues, Them, Maurice Williams & the Zodiacs) et la version de Conley vaut bien celle de Wilson Pickett. Les amateurs de ballades Deep Soul pourraient être comblés avec l’émouvant « Is That You Love » malgré la présence d’un harmonica incongru et de chœurs féminins bourratifs. Si vous êtes amateur de ballade Southern Soul, « Don’t Speak Her Name », une composition de Clint Ballard, devrait faire l’affaire avec une version qui ridiculise carrément celle du duo anglais David & Jonathan pour lequel la chanson avait été écrite. La guitare de Duane Allman et les nappes d’orgues de Barry Beckett qui apportent une atmosphère presque spirituelle constituent un petit plus. « Run On », un mid tempo, pourrait s’inscrire dans le répertoire d’Otis Redding. L’ambiance si typique de Muscle Shoals se retranscrit totalement dans « That Can’t Me My Baby ». L’album se clôt sur « Take A Step », une ballade pop sans relief et future reprise des Vibrations.

« More Sweet Soul » vaut surtout par la qualité du chant et l’accompagnement de certains titres (principalement ceux enregistrés chez Fame Records). L’orientation Pop plus ou moins instaurée par Tom Dowd et Atco et un manque de titres capables de renouer avec le titanesque « Sweet Soul Music » demeurent préjudiciables à ce disque, le dernier enregistré par Conley sous la bannière Atco. Lâché par Atlantic, Arthur Conley tentera sa chance chez Capricorn, rejoignant ainsi Duane Allman avec quatre petits 45 tours qui ne connaîtront aucun succès international. Accordons à ce disque la juste moyenne 2,5 qui sera ici ramenée au rang inférieur.

*Hormis la session au Fame Recording Studios, la liste des accompagnateurs est à prendre avec réserve, elle recoupe divers témoignages, aucune indication précise ne figurant dans les archives du label Atco.

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- Arthur Conley (chant)
- Duane Allman (guitare 1-2-4-6-9-11)
- Jimmy Johnson (guitare 1-2-4-6-9-11)
- David Hood (basse 1-2-4-6-9-11)
- Roger Hawkins (batterie 1-2-4-6-9-11)
- Barry Beckett (claviers 1-2-4-6-9-11)
- Reggie Young (guitare 3-5-7-8-10-12)
- Tommy Cogbill (basse 3-5-7-8-10-12)
- Gene Chrisman (batterie 3-5-7-8-10-12)
- Bobby Emmons (claviers 3-5-7-8-10-12)
- Harvey Thompson (saxophone 3-5-7-8-10-12)
- Harrison Calloway (trompette 3-5-7-8-10-12)
- Charles Rose (trombone 3-5-7-8-10-12)


1. Ob-la-di, Ob-la-da.
2. Shing-a-ling.
3. One Night Is All I Need.
4. I Got A Feeling.
5. Aunt Dora's Love Soul Shack.
6. Stuff You Gotta Watch.
7. Something You Got.
8. Is That You Love.
9. Don't Speak Her Name.
10. Run On.
11. That Can't Be My Baby.
12. Take A Step.



             



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