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1981 Street Songs
 

- Style : Prince, Michael Jackson , Parliament, Funkadelic

Rick JAMES - Street Songs (1981)
Par JASPER LEE POP le 3 Janvier 2017          Consultée 2151 fois

En 2004, The Chapelle Show, l'émission du comique Dave Chapelle, fait un tabac aux États-Unis sur la chaîne Comedy Central. Notamment grâce à un épisode dans lequel Charlie Murphy, le frère d'Eddie, et l'ex-star déchue du funk Rick JAMES évoquent certaines de leurs aventures pour le moins déjantées. La rencontre cocasse des deux hommes est illustrée dans un sketch où Dave Chapelle joue le rôle de Rick JAMES entouré d'un harem de femmes lascives prêtes à tout pour honorer le maître de la débauche. Chapelle/James les traite comme des esclaves sexuelles en ponctuant chaque ordre du désormais légendaire : « I'm Rick James, Bitch ! » Le sketch est devenu un classique outre-Atlantique et la phrase récurrente semble à présent indissociable de l'artiste. On pourra bien sûr déplorer que le nom de James Ambrose Johnson, Jr dit Rick JAMES soit depuis lors source de moqueries, mais il faut bien reconnaître que le personnage outrancier à souhait avait tout fait pour creuser sa tombe.

Né en 1948, le gamin accompagne très tôt sa mère, une ex-danseuse, dans ses tournées des bars pour livrer diverses babioles pour le compte de la mafia et tombe de ce fait très vite dans l'alcool et la drogue. Une série de cambriolages lui vaut de faire quelques séjours en prison. Rien de tel que l'armée pour faire revenir un petit voyou dans le droit chemin, décide alors un juge, sauf que notre loustic pas très assidu manque des entraînements et se voit déclaré bon pour le Vietnam. Pas cool, JAMES déserte et se barre à Toronto où il fonde The Mynah Birds avec Neil YOUNG et Bruce Palmer (tous deux futurs BUFFALO SPRINGFIELD), Goldie McJohns et Nick St Nicholas (futurs STEPPENWOLF). Les mecs se produisent en vestes de cuir noires, bottes et cols roulés jaunes, comme des mainates, c'est pas du concept ça ? Le groupe est signé chez Motown et enregistre un album qui ne verra jamais le jour. Et pour cause, le FBI débarque dans les studios de Détroit pour arrêter le déserteur JAMES qui s'en va du coup faire un stage d'une année derrière les barreaux. Mais le contrat avec Motown tient toujours et à sa sortie, Ricky refonde les Mynah Birds avec un autre line up, monte d'autres formations avant de se lancer en solo en 1978 avec l'album Come Get It !

Trois albums suivent avec un succès relatif jusqu'en 1981 où explose la bombe atomique Street Songs. Matez-moi cette pochette ! Comment le monde pouvait-il résister à un type affichant autant d'assurance? Et je ne vous parle pas des bottes rouges à rendre jaloux Francis Lalanne. Thématiquement, et comme le suggère son titre, l'album peut se voir comme du proto-gansta rap, JAMES y relatant les difficultés de la communauté noire à vivre dans les quartiers (« Ghetto Life », « Below The Funk (Pass the J) ») et injustement traitée par la police (« Mr Policeman »). Marvin GAYE, une de ses idoles, le faisait déjà dès 1972 sur What's Goin' On mais JAMES, véritable bête de sexe, alterne la chronique sociale avec le récit de ses ébats au plumard (« Give It To Me, Baby », « Make Love to Me »...). Inutile de dire que la gente féminine n'y est pas dépeinte à son avantage. Le verso de la pochette nous montre d'ailleurs un flic palpant un James/maquereau avec deux prostituées. Ce mélange des genres casse-gueule et bling-bling inspirera pour le meilleur et pour le pire des générations de rappeurs, merci à toi Ricky.

Musicalement, Street Songs est une machine rutilante mais un album inégal. Le multi-instrumentiste y peaufine comme jamais son style de funk/pop/soul, accommodant le groove de Sly Stone et le P-funk de Clinton de quelques paillettes disco pour le rendre plus accessible au grand public avec des formats plus courts et il accouche de deux tueries. « Give It To Me, Baby » qui ouvre le disque est emmené par une solide ligne de basse immédiatement addictive et celui qui résiste à l'appel du dance floor est prié d'aller consulter son médecin. Mais la pièce de choix est évidemment « Super Freak » qui bénéficie de ce qui est peut-être le plus grand riff de basse de tous les temps. JAMES en grand gentleman y vante les qualités d'une chaudasse qu'il préfère ne pas présenter à sa mère. Le morceau sera samplé par MC HAMMER qui fera sauter la banque en 1990 avec « U Can't Touch This » et qui ne créditera pas JAMES. C'était le Far West à l'époque et ce n'était pas encore obligatoire. L'affaire se terminera tout de même devant les tribunaux et JAMES touchera deux millions de dollars (probablement encore une paille à côté de ce que l'emprunt a rapporté au rappeur) ainsi qu'un Grammy Award.

Derrière ces deux locomotives, pas facile de suivre. « Ghetto Life » et « Below The Funk (Pass The J) » s'en sortent avec les honneurs et « Mr Policeman » se démarque du lot en lorgnant sur les terres de Stevie WONDER (ça tombe bien, il est invité à l'harmonica). Les autres plages sont davantage des fillers et « Fire and Desire », gros succès US dégoulinant de sucre, chanté en duo avec sa protégée Teena Marie, est absolument insupportable. L'album est d'une efficacité redoutable mais est paradoxalement victime de son savoir-faire. Les arrangements brillants virent vite à la recette (les cuivres surtout) et on a un peu l'impression d'écouter toujours le même morceau. Reste que l'influence de JAMES et de l'album sur l'époque et ses collègues est indiscutable (coucou PRINCE!).

Déjà en proie à pas mal de démons, Rick JAMES surfe sur ce succès et lentement sombre dans l'oubli, rongé par ses addictions. Il défraie à nouveau la chronique de façon bien glauque à deux reprises dans les années 90 en compagnie de sa compagne d'alors. D'abord, pour avoir séquestré une jeune femme pendant une semaine au cours de laquelle le couple abuse d'elle et la brûle à la pipe à crack. Puis relâchés sous caution, ils kidnappent une autre femme pour la tabasser pendant vingt heures. Retour en zonzon pour Ricky. Il meurt d'une crise cardiaque en 2004 à 56 ans.

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   JASPER LEE POP

 
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- Rick James (chant, basse, guitare, batterie, timbale, timpani)
- Gerad Albright (flute)
- Oscar Alston (basse, percussion)
- Patty Brooks (chant)
- Janet Dubois (chant)
- Clifford J. Ervin (bugle, piccolo, trompette)
- Melvin Franklin (chant)
- Fernando Harkless (trompette)
- Lawrence Hilton-jacobs (chant)
- Nathan Hughes (percussion)
- Daniel Lemelle (flute, saxophones)
- Teena Marie (chant)
- Tom Mcdermott (guitare, percussion)
- Armando Peraza (percussion)
- Roy Popper (trompette)
- Raul Rekow (percussion)
- Jackie Ruffin (chant)
- The Temptations (chœurs)
- Marcy Thomas (chant)
- Julia Waters Tilman (chant)
- Narada Michael Walden (batterie)
- Bugsy Wilcox (percussion)
- Maxine Willars Waters (chant)
- Erskine Williams (claviers)
- Stevie Wonder (harmonica)


1. Give It To Me Baby
2. Ghetto Life
3. Make Love To Me
4. Mr. Policeman
5. Super Freak
6. Fire And Desire
7. Call Me Up
8. Below The Funk (pass The J)



             



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