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1988 More Encores
 

- Membre : John Zorn

Christian MARCLAY - More Encores (1988)
Par LE BARON le 12 Janvier 2017          Consultée 1070 fois

Christian MARCLAY est un artiste contemporain dont l'œuvre est surtout inspirée par le cinéma et la musique. Comme bon nombre de ses pairs, il s’intéresse autant au support qu’au contenu. Son intérêt pour la musique est donc avant tout lié aux enregistrements, c'est-à-dire au disque vinyle et aux différents moyens de l’utiliser grâce aux platines. Il commence à mixer dès les années 70, mais il faut s’entendre sur ce que veut dire mixer. Loin de créer des beats ou des boucles, MARCLAY s’est par exemple fait une spécialité de casser des vinyles pour en créer de nouveaux à partir de morceaux épars. Cela lui permet de créer une musique nouvelle, aléatoire, les frottements, rayures et autres « clocs » entendus à chaque passage du diamant faisant entièrement partie de l’ensemble.

Son premier disque, Record Without A Cover, basé sur un mixage de disques variés, utilisés à des vitesses différentes fut, comme son nom l’indique, vendu sans pochette afin que sa manipulation crée des accidents sonores et rende chaque exemplaire unique. On est évidemment très loin de l’univers de l’audiophile et des discussions sans fin sur le grammage des disques. Christian MARCLAY est un punk, tout s’explique ! Il a de plus croisé la route de John ZORN et travaillé avec lui sur plusieurs projets, notamment Cobra. Cela en dit long sur son côté extrême.

More Encores est plus accessible. Les différents titres sont tous des mixages réalisés à partir de disques d’un seul musicien (de Johann STRAUSS à Serge GAINSBOURG, en passant par Louis ARMSTRONG ou John CAGE). Seul le titre sur John CAGE vient de la création d’un vinyle à partir de la destruction de plusieurs disques. Les autres proviennent d’un mixage sur plusieurs platines, en direct ou avec des overdubs. Bien sûr, l’ensemble est un peu rugueux, d’autant plus que les compositeurs retenus le sont : John ZORN par exemple, ou Fred FRITH. Il est également préférable de connaître un minimum l’œuvre du musicien retenu pour savourer l’insolence de MARCLAY jusqu’au bout. On pourra par ailleurs s’interroger sur la qualité intrinsèque, musicale, de ce recyclage. Soyons clairs : le travail de Christian MARCLAY est formidable, mais comme démarche d’ensemble. Il faut donc connaître le processus de création pour l’apprécier à sa juste valeur. On peut sinon croire que l’on est juste en train d’écouter un disque de musique expérimentale comme les autres.

Prenons un autre exemple pour illustrer le propos. Guitar Drag, en 2006, est issu de la vidéo du même nom, sortie quelques années auparavant. On y entend une musique étrange, juxtaposition de sons plus ou moins distordus, à la texture très dense. On peut aimer, ou pas. En revanche, la vision de la vidéo nous permet de voir la lumière. Un camion, sur lequel est installé un ampli, tire la guitare électrique qui y est branchée. Le son provient donc de la guitare traînée sur le sol (sur la route, sur l’herbe), et qui se disloque peu à peu. Du coup, on entend tout une partie de l’histoire du rock dans ce morceau, celle des briseurs de guitares en tous genre, avec une forte pensée pour Jimi HENDRIX et sa grande consommation de larsen. Ajoutons à cela que cette musique est évidemment une musique de l’instant, et que si le dispositif peut être reproduit, elle est à chaque fois unique. Ecouter MARCLAY est donc bien affaire de contenu et de contenant, de fond et de forme, et l’on ne peut les dissocier.

Christian MARCLAY utilise les enregistrements et compte sur les auditeurs (le vinyle est évidemment recommandé) pour y ajouter des rayures et autres traces de doigts. Il nous offre au fond une certaine histoire de la musique et de son support de fin du Xxème siècle. Le fait que cette histoire soit contée par un franc-tireur à tendances punks ne peut que nous inciter à l’écouter, le regarder, et encore mieux : nous rendre à ses trop rares expositions qui raviront quiconque est curieux de son et d’images. Un type qui transforme une valse de STRAUSS en cauchemar éthylique rien qu’en jouant de la platine a tout mon respect.

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