Les DROPKICK MURPHYS ont ces dernières années effectué une belle percée dans les charts et considérablement gagné en popularité, que ce soit aux Etats-Unis (où les deux derniers albums en date ont connu un véritable succès) ou de ce côté-ci de l'Atlantique, puisque le groupe s'est vu programmé à plusieurs reprises sur les scènes de festivals importants (généralement d'obédience hard rock / metal) et remplit désormais les Zénith sans forcer. Pour autant, le groupe aura mis quatre années pour donner naissance au successeur du réussi Signed & Sealed In Blood. Une longue durée que la qualité moyenne de ce neuvième album des natifs de Boston ne parvient pas à faire oublier.

Alors que nous étions restés sur le souvenir d'un groupe de punk-rock celtique énervé, voici que les DROPKICK se font sur leur nouvelle offrande bien plus calmes et mid-tempo. Fatigués ? Il ne nous semble pas, puisque les musiciens savent se faire mordants et se rappellent encore comment faire parler la poudre. Ils le démontrent en quelques occasions, comme sur "I had a hat" qui rappelle naturellement l'univers des Pogues de Shane MacGowan, ou sur "Rebels With a Cause" (qui ressemble pourtant trait pour trait à Goin' Out In Style). Sur ce premier album sans le joueur de cornemuse Scruffy Wallace, remplacé en 2015 par Lee Forshner, les Américains proposent une musique non pas aseptisée, mais qui semble avoir tout de même perdu une bonne partie de sa saveur en même temps que son mordant. Prenez ainsi "Blood", qui se veut vindicatif et agressif, mais qui peine à convaincre, la faute à une rythmique pataude qui ne parvient pas à rendre justice à une ambiance qui se veut par ailleurs fédératrice. Plus festif (mandoline et flûte sont au menu), "First Class Loser" qui oeuvre dans un style similaire fonctionne pour sa part plutôt bien, tout comme "Sandlot" et ses "When we were young" scandés à l'envi. Le problème réside bien dans ces titres rock, bien loin du punk pourtant habituellement si convaincant des natifs de Boston. "Paying My way", lancinant, est d'un ennui mortel, et il en va de même de "Kicked To The Curb", qui donne l'impression d'entendre un riff certes efficace mais dont le tempo ralenti laisse comme un goût d'inachevé.

La reprise de "You'll never Walk Alone" se fait résolument convaincante car fédératrice et en plein dans l'esprit punk du groupe, malgré un tempo irrémédiablement lent. De même, la ballade "4-5-13", fable sociale dans la droite lignée des réalisations passées du combo, est un bon moment. "Until the Next Time", très pop dans sa construction (on pense presque à David Bowie sur ce titre final) clôture néanmoins l'album sur une note amère, et confirme les réserves émises sur l'ensemble de l'album : l'âme des DROPKICK plane ici, cela ne fait aucun doute, mais on peine à la capter et à apprécier pleinement ce nouvel opus qui souffre de la trop grande discrétion des titres punk au profit d'un rock mid-tempo certes plus à même de séduire les foules, mais également bien moins fougueux et intéressant pour ceux qui suivent le groupe depuis plusieurs années.