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CRADLE OF FILTH - Cryptoriana The Seductiveness Of Decay (2017)
Par CHIPSTOUILLE le 4 Décembre 2017          Consultée 4729 fois

Pour ceux qui ont eu 20 ans en l’an 2001, les vampires, c’était classe. Imaginez un peu tout ce à quoi nous avons eu le droit durant notre adolescence : l’adaptation du roman d’Anne Rice, Entretien avec un vampire, avec, excusez du peu : Brad Pitt, Tom Cruise, Kirsten Dunst et Antonio Banderas (1). Côté Jeux-vidéo, Legacy of Kain et Soul Reaver ont concurrencé l’excellent Castlevania Symphony of the Night. Citons la série Buffy the vampire slayer qui, malgré ses défauts, est parvenue à culminer à de rares niveaux de qualité (2). Bref, les vampires, c’était le top. Côté musique, CRADLE OF FILTH, opportuniste mais décidément arrivé au bon moment, a su surfer avec intelligence sur cette vague de sympathie pour les créatures de la nuit.

Puis, il y eut les Castlevania en 3D, la piètre adaptation de La Reine des damnées, Soul Reaver 2 et cette fameuse saison 4 de Buffy. Stephenie Meyer en 2005 a donné le coup de pieu final en faisant scintiller les vampires à la lumière du jour. Il a fallu 28 jours plus tard et The Walking Dead pour rappeler les zombies à notre bon souvenir, une page s’est alors tournée. CRADLE OF FILTH de même a fini par péricliter. Si Thornography n’a pas raté toutes ses expériences, la suite s’est avérée moribonde et sans éclat. A contempler l’histoire après les faits, on serait tenté de penser que les sorties de Paul Allender ont été chaque fois bénéfiques. Aurait-on attribué à tort au guitariste le succès du groupe (3) ? Le dernier album en date, Hammer of Witches, qui a donc vu le jour suite au recrutement de Marek 'Ashok' Smerda, était en effet plus inspiré. Certes, l’album manquait encore d’un catalyseur pour tenir complètement debout, mais le nouveau venu nous a offert suffisamment de bons moments pour relancer la mascarade infernale.

Contrairement aux quatre livraisons précédentes, nous nous sommes donc précipités, assoiffés de sang, sur Cryptoriana. Les mots nous manquent pour décrire à quel point l’album comble ainsi toutes nos attentes. CRADLE OF FILTH ne déçoit pas. Mieux, il surprend. Tout comme Hammer of Witches, si jamais votre attention devait s’égarer, l’album sème régulièrement ses graines de discorde. Impossible de lâcher prise tellement le tout regorge d’excellents riffs ou de soli. Sans être parfait de bout en bout, certains plans étant du pilotage automatique (en particulier certains passages de "The Seductivness of Decay" et "Death and the Maiden"), CRADLE OF FILTH accouche là d’un album à la hauteur de ses meilleurs crus. Oui,Cryptoriana vaut bien Dusk, Cruelty ou Midian.

Ici, les vampires retrouvent leur hargne, leur envie implacable de nous marteler les oreilles avec tous les outils à disposition. C’est donc souvent trop fourni, mais c’est la marque du groupe, baroque par définition : tout, tout le temps. Quand il n’est plus parvenu à composer des mélodies accrocheuses ou originales, CRADLE OF FILTH est devenu épuisant, lourd. Sur Cryptoriana, c’est mélodique, ça s’enchaîne et ça s’empile de manière généreuse et inventive, au point d’aller parfois donner en de rares occasions dans le contrepoint.

On savoure en particulier "Heartbreak and Seance", frénétique tube d’entrée dont la vélocité vient presque titiller les performances de DRAGONFORCE (4). D’entrée de jeu, CRADLE OF FILTH met les pendules à l’heure. Fini de courir après une gloire passée en alignant les ingrédients d’un décorum gothico-fantastique déjà trop utilisé. CRADLE OF FILTH dépasse le mur du son et réussit là où SLAYER et son Christ Illusion s’était lamentablement vautré en 2005, à vouloir augmenter la cadence sans la manière. "Wester Vespertine" et "Vengeful Spirit" sont les deux autres grandes réussites de ce superbe album, grâce à des lignes de guitares particulièrement mélodiques. Enfin, contrairement à ce qu’on peut lire ailleurs, "The Night at Catafalque Manor", malgré une construction erratique, est loin d’être dispensable.

On se surprend même à rouvrir le livret, à apprécier comme à la grande époque le niveau qualitatif des rimes macabres, les jeux de mots ("Ouijaculation") ainsi que le clair-obscur de ses illustrations. Deux ou trois tentacules manquent certes encore pour titiller les amateurs de Lovecraft, mais le packaging est bien réalisé. Sans doute est-il trop tard pour CRADLE OF FILTH. Il est peu probable que les adolescents d’hier soient encore très friands des éructations filthiennes, de ces permanentes couches de chœurs sur claviers et guitare basse, de ce bombardement constant à la batterie, le tout noyant les saturations de guitares ultra-violentes et inspirées. Le mal est déjà fait, et seuls les curieux nostalgiques s’aventureront aujourd'hui encore dans les contrées érotico-morbides des vampires du Suffolk. Les autres, pauvres ignorants, sont dans l’erreur.


(1) Christian qui ?
(2) Et pour ceux qui pouffent de rire, allez me regarder le premier épisode de la saison 5, c’est du pur génie.
(3) Nymphetamine étant excellent, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit !
(4) Dragon Force fut également un jeu-vidéo sur Saturn dans lequel on pouvait croiser Uryll, une autre vampire ultra-classe à la tête d'une armée de dragons.

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   (2 chroniques)



- Dani Filth (vocaux et paroles)
- Richard Shaw (guitare)
- Marek 'ashok' Smerda (guitare)
- Martin 'marthus' Sharoupka (batterie, claviers...)
- Daniel Firth (guitare basse)
- Lindsay Schoolcraft (chant féminin, narration)


1. Exquisite Torments Await...
2. Heartbreak And Seance
3. Achingly Beautiful
4. Wester Vespertine
5. The Seductiveness Of Decay
6. Vengevul Spirit
7. You Will Know The Lion By His Claw
8. Death And The Maiden
- bonus Tracks
9. The Night At The Catafalque Manor
10. Alison Hell



             



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