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BLUES  |  STUDIO

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1967 Safe As Milk
1969 Trout Mask Replica
 

- Style : Tom Waits
- Membre : Peter Hammill Et Gary Lucas
- Style + Membre : Frank Zappa

CAPTAIN BEEFHEART - Trout Mask Replica (1969)
Par ONCLE VIANDE le 22 Décembre 2006          Consultée 8569 fois

Le premier contact que l’on a avec « Trout mask replica » est pour le moins abrupte. Pendant les premières secondes, on entend les musiciens régler leurs instruments et le chanteur tester une dernière fois la résistance acoustique de son micro, et puis, la cacophonie durant, on doit se résoudre à admettre que cette anarchie sonore n’est autre que la première plage du disque, et qu’il en sera ainsi pendant quatre-vingt minutes.

Le rock connu ses grandes heures de liberté entre 1968 et 1971, et s’essaya pour la première et la dernière fois à ouvrir les oreilles et les esprits, noble entreprise délaissée depuis. « Trout mask replica » reste probablement le plus fidèle témoignage de cette époque d’audace et de transgression. Si son instrumentation conserve des attaches avec un lointain patrimoine blues et rock, c’est une farouche volonté de dynamiter les modèles établis qui transpire de cette double galette intemporelle. Tout ce qui, en 1969, pouvait servir de moule commun, de base de départ à une quelconque expérimentation, est ici pulvérisé, déchiqueté, et finalement méconnaissable. « Trout mask replica » semble posséder sa propre grammaire, ses propres règles : un langage inconnu qui, faute de références et d’éléments comparatifs, demeure un objet d’interrogation permanente. Certains musicologues acharnés parleront de blues déstructuré, invoqueront l’influence mélodique de Kurt Weil ou, en désespoir de cause, les séquelles saxophoniques d’un tout récent free jazz. En vérité, cette anarchie indomptée, qui s’étend à tous les registres, qu’ils soient rythmique, mélodique, ou harmonique, en fait une curiosité sonore qui vire à l’énigme. Enigme parce que sans antécédents. Aucun symptôme, pas même les deux premiers efforts du « Capitaine cœur de bœuf » ne laissait présager d’une telle excroissance musicale. Enigme aussi, parce que sans suite. La « Réplique d’un masque de truite » ne fut justement jamais répliquée, et n’exerça aucune influence significative sur les décennies à venir, chose impensable pour un disque censé être culte : une œuvre sans paternité ni descendance, renforçant ainsi sa singularité et son caractère définitif.

Enregistré en un temps record dans une maison de campagne et produit par un certain Frank Zappa, « Trout mask replica » est un instant de vie fixé sur support, la photographie d’une flamme qui continuerait de brûler la pellicule. Les auditions répétées propres à toute assimilation ne parviennent pas à lui ôter ses propriétés abrasives. La truite râpe toujours le tympan au bout du millième contact, et la dernière écoute est toujours la première. Si certains disques s’approfondissent avec le temps, « Trout mask replica » lui, invente la fraîcheur perpétuelle, la nouveauté renouvelée, corroborant la légende selon laquelle, ceux qui l’écoutent le plus le connaissent le moins.
Même si un tel album anéanti toute vie discographique autour de lui, le capitaine Van Vliet et sa tribu magique offriront, au détour d’une carrière en dents de scie, les dernières déflagrations truitières avec "Lick my decals off, baby » en 1970, et de façon plus probante encore, avec « Doc at the radar station » en 1980.
Certaines rumeurs affirment que ce disque évoluerait entre deux écoutes, et que l’on n’écouterait jamais le même « Trout mask replica » deux fois de suite, un peu à la manière du « livre de sable » de Jorge Luis Borges. C’est donc sur une impression toute provisoire que se fondera ma présente opinion : une secousse sismique dont je ressens encore les effets à l’heure où je termine cette chronique. Rugueux et insaisissable, inconfortable et dérangeant ; un cri auquel on ne s’habitue pas.

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   ONCLE VIANDE

 
  N/A



- Zoot Horn Rollo (guitare, flute)
- Antennae Jimmy Semens (slide guitare)
- Captain Beefheart (chant, saxophone soprano & alto, clarinette)
- The Mascara Snake (clarinette, voix)
- Rockette Morton (basse, voix)
- John 'drumbo' French (batterie)


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