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2025 1 Who Let The Dogs Out?

LAMBRINI GIRLS - Who Let The Dogs Out? (2025)
Par ARCHANGEL le 12 Avril 2025          Consultée 70 fois

Au départ, elles étaient quatre et aujourd’hui elles ne sont plus que deux : Phoebe au chant et à la guitare, Lilly à la basse et aux choeurs. Elles se sont rencontrées dans un bar à Brighton et chantent ensemble une révolte féministe 2.0. à laquelle elles nous confrontent avec leur groupe de punk rock LAMBRINI GIRLS. En dignes héritières du mouvement Riot grrrl (BIKINI KILL et The RUNAWAYS aux States, ou HUGGY BEAR en Angleterre), le punk des LAMBRINI GIRLS est bruyant, queer mais surtout viscéralement féministe. Pour survivre aux bien-pensants et à ce monde de merde, le groupe sort cette année son premier album, Who Let The Dogs Out, un projet qui n’a pas besoin de posture pour exsuder en attitude.

Et pourtant, de l’attitude, les LAMBRINI GIRLS en ont à revendre car leur message est clair : si tu veux avoir une place dans ce monde, mieux vaut crier très très fort. Elles sont jeunes, elles sont blondes, elles ont l’air inoffensives en party girls sur la pochette de leur disque, mais derrière leur prétendue coolitude, les deux anglais sont sacrément énervées. Si le punk paraît parfois proche du gros bordel bien brouillon, il a toujours été là pour dévier, détourner et foutre de grosses claques. En 2025, la claque est parfaitement chirurgicale.

Loin d’être bêtes, les LAMBRINI GIRLS sortent les guitares et les marteaux piqueurs dans le morceau d’ouverture "Bad Apple". Imaginez un peu l’ambiance de La servante écarlate, vous savez, cet épisode où elle pète vraiment un plomb, et transposez-la dans le monde réel et vous aussi vous aurez envie de hurler vos tripes en choeur avec Phoebe (Law and order all exploits us/Call your savage rabid watchdogs/Think fast in the boot of the car/Protect and serve this rotten fruit/Hang the pigs that hunt your daughters). Le message est acide, impossible à ignorer, comme cette batterie au feu sacré qui ne tient qu’une promesse, celle de tout envoyer chier.

Quand on est une femme, il y a de quoi faire du grabuge, alors évidemment que les LAMBRINI GIRLS vont endosser leurs capes de justicières sociales pour nous faire saigner des oreilles - dans le bon sens du terme, c’est du punk-rock après tout ! - sur le single "Company Culture" en s’attaquant au plafond de verre et au harcèlement subi au quotidien sur le lieu de travail, bref, tout les petits bonheurs qui font la vie d’une working girl (Palatable, unthreatening, ‘cause all men know better than me/Yet human resources say I’m asking for it). La musique est rapide et tranchante, on part sur trois minutes des riffs hachés, de rythmique serrée comme un poing et une performance vocale qui n’est pas ma préférée de l’album, mais devant un cri de guerre pour toutes les femmes qui s’effacent afin d’éviter les conflits au boulot, moi je m’incline.

On continue dans la démesure bien sûr avec l’énergie collante du single "Big Dick Energy". LAMBRINI GIRLS tabassent à coups de distorsions bien senties et d’ironie frontale pour charger contre la masculinité toxique (Big dick energy, crying ironically/Yet you act like I’m your mother and your therapist), ça ne plaira pas à tout le monde mais Phoebe et Lilly sont bien décidées à devenir les voix dissidentes de leur génération.

Certaines chansons sont un brin moins enragées, moins abrasives, telles que "No Homo", "Filthy Rich Nepo Baby" ou le single "Love" dans lequel on a même droit à un bridge assez doux et introspectif, comme quoi, il existe aussi de l’amour dans le brouhaha. Phoebe scande ses troubles alimentaires dans "Nothing Tastes As Good As It Feels" et s’incendie, à mesure que les enceintes gueulent, contre cette société qui en est la cause. Vous l’aurez compris, en bonnes punk, les LAMBRINI GIRLS ne sont pas là pour nous séduire mais pour nous déranger. Même sur des titres plus politiques comme l’interlude "Scarcity Is Fake (communist propaganda)", elles évitent le wokisme en nous racontant les micros-agressions du quotidien avec un air de satire. On parle de gentrification dans "You’re Not From Around Here" où notre frontwoman Phoebe semble avoir bouffé une dose d’adrénaline (Elevate and globalise, residents dehumanised/Low-lives are ruining your brand new town).

J’adore la vibe brute du banger "Special Different" avec sa batterie explosive, ses riffs distordus et son break instrumental où la basse, crade mais sexy, a droit à son heure de gloire. Le coeur en panique, la guitare semble déraper volontairement et sur ce titre, la saturation prend tout son sens (Don’t tell me to calm down/I was born to stand out/Special, different)…. Car dans un monde qui va mal et qui ne vous laisse pas de place, accepter qui l’on est est un devoir absolument vital alors si les amplis sont dans le rouge, c’est qu’on fait peut-être les choses bien ? Cette fureur de vivre, elle nous accompagne sur le dernier titre de l’album, "Cuntology 101", très électro-hyperpop en comparaison au reste. Refrain entraînant de cheerleader, voix criées et parlées, c’est un projet d’urgence et si le texte - plutôt simple - peut paraître frivole, il n’en demeure pas moins un acte de résistance (Putting yourself first is cunty/Learning to love yourself is cunty).

Mettre un 5 à cet album, c’est peut-être cunty, mais allez j’ose. Parce que les LAMBRINI GIRLS sont drôles mais pas légères. Politiques mais pas chiantes. Désespérément lucides, elles actualisent et allient la rage des féministes punk des 90’s à une approche moderne, bien plus consciente des codes et maîtrisent sur le bout des doigts ces archétypes qu’elles ont décidé d’incarner pour survivre à la violence du monde. Who Let The Dogs Out fait du bruit et tente de démolir les normes avec une musique un peu sale et des guitares bien aiguisées. Ici, la colère brille sans filtre et ne s’excuse plus, la preuve que le punk n’est pas mort.

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   ARCHANGEL

 
   (2 chroniques)



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1. Bad Apple
2. Company Culture
3. Big Dick Energy
4. No Homo
5. Nothing Tastes As Good As It Feels
6. You're Not From Around Here
7. Scarcity Is Fake (communist Propaganda)
8. Filthy Rich Nepo Baby
9. Special Different
10. Love
11. Cuntology 101



             



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