Après avoir frappé un bon coup durant l'année 2024 avec un premier single, "God's Country", tâcle envers leur Royaume-Uni natal et son establishment, les LAMBRINI GIRLS reviennent dès ce début d'année 2025 secouer la scène rock depuis son versant punk. Le nom de groupe choisi par Phoebe Lunny et Lilly Macieira-Bosgelmez évoque un cidre léger originaire de Liverpool, mais la signification ne semble pas aller plus loin que le pur second degré, elles-mêmes venant de Brighton et leur musique étant plutôt du genre lourde, saturée et corrosive ! Avec leur batteur 'Banksy', elles tournent massivement au cours de l'année, allumant plusieurs grands festivals d'été en Angleterre et, aux U.S.A., faisant des premières parties pour AMYL & The SNIFFERS, autre étoile montante du genre.

Le genre, tiens ; non pas musical cette fois ! L'album Who Let the Dogs Out?, d'une durée tout ce qu'il y a de plus punk, 29 minutes, alors qu'il contient onze titres, est produit par Daniel Fox, bassiste du GILLA BAND irlandais bien établi depuis dix ans. C'est l'occasion supplémentaire pour nos 'filles', jouant bien de leur non-binarité/queer attitude (notamment la chanteuse Phoebe et le batteur américain de studio Sid Nichols, qui tient également un barber shop à East Williamsburg, quartier hipster de New York), d'affirmer leur conformité totale aux principes nouveaux, ne serait-ce que visuellement.

Et quand elles se décrivent comme 'quelque part entre les SAVAGES (groupe post-punk 'récent' de Londres) et les SPICE GIRLS', bien que jouant de leur ironie également, ce n'est pas toujours trompeur, en témoigne ce "Cuntology 101" placé en fait, très new-girly, bitchy et tout ce qu'on veut, sautillant et usant de terme d'onanisme au féminin à qui mieux-mieux pour tout refrain. Titre efficace et sautillant, sur lequel on peut pogoter tout autant que le reste, même si ce dernier est moins rose clito-bonbon, et sans nappe de synthé inédite aussi d'ailleurs.

"Bad Apple" dit tout le bien que ce que les LAMBRINI GIRLS et leurs pairs pensent de la police, avec un verbe bagarreur, tout aussi mitrailleur que la rythmique. Phoebe ressemble à une vraie diablesse que rien ne peut arrêter, le son sature comme une production garage mais en moins artisanal ; il y a pourtant toujours cette sensation de proximité, ce charme direct appréciable. Idem ensuite pour les "Company Culture", un peu plus épique, ainsi que "Bick Dick Energy" qui s'accompagnent de clips savoureux, le premier avec sa relecture personnelle du boulot en entreprise et le second avec des interactions sous forme de commentaires Internet, tournant les mecs bien à l'abri derrière leur écran dans une forme de dérision épileptique.

La musique propose ensuite quelques escapades soit en terrain post-punk, soit en plus 'noise'. La castagne vocale de Phoebe et Lilly sur le ralentissement savoureux en conclusion de "Nothing Tastes as Good as It Feels" sont tout aussi marquantes que le début tribal de "Special Different" ou " l'empreinte plus pop et efficace de "No Homo". En tout cas, ça déchire, surtout quand la bassiste se met au diapason avec son amie guitariste, "Filthy Rich Nepo Baby" (tout un programme, rien que dans le titre), et pour des non-binaires qui jouent tout de même sur des rythmes très binaires, les quelques incartades exotiques, comme le zouk/merengue-punk de "Scarcity is Fake" sont à valider également. "Love" est leur morceau le plus élégant (pont sensuel au possible entre deux moments furieux), preuve qu'elles sont tout à fait capable de varier les humeurs. Pour sûr, ça arrache !