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MUSIQUE ROMANTIQUE  |  STUDIO

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- Style : Sergueï Rachmaninov , Jean Sibelius

Piotr TCHAÏKOVSKI - Concerto Pour Piano N°1 (nikolaïeva) (2010)
Par SASKATCHEWAN le 22 Mai 2012          Consultée 4067 fois

On connaît tous un air de TCHAÏKOVSKI. Si, si, cherchez bien ! Ce petit machin entraînant que vous fredonnez sous la douche tous les matins sans en connaître l’origine ? L’illustre inconnu qui sert de bande son à vos coupures pub depuis toutes ces années ? Le type bipolaire qui accompagne à la fois vos mariages et vos enterrements ? Tout ça, il y a de forte chance que ce soit lui. Dans la vaste nébuleuse des compositeurs russes, TCHAÏKOVSKI a choisi son créneau : la mélodie qui se fraye un chemin à coups d’archet jusque cerveau, pour ne plus jamais en partir.

Cas d’école : l’introduction du Concerto pour piano n°1, composé entre 1874 et 1875, au début de la carrière du compositeur. Dans le genre mélodie universelle, on a rarement fait mieux. Un thème dansant qui vient cueillir l’auditeur dès les premières secondes, qui résonne deux fois, pas une de plus, et s’éclipse définitivement… Comme si l’introduction n’avait rien à voir avec ce qu’elle introduit ! Comme si cette petite mélodie entêtante, tout à fait inutile, tout à fait déplacée, était trop excellente pour être mise de côté. Comme si, enfin, TCHAIKOVSKI s’excusait d’avance de nous infliger un mouvement de vingt minutes, avant de clore son œuvre étonnante sur deux « petits » mouvements de six minutes chacun. Cet homme casse tout, renverse les codes… mais avec élégance !

Une fois l’attention captée par le premier thème, le piège machiavélique se referme. Il y a d’un côté, l’orchestre, gros, imposant, sûr de lui. Les cordes donnent le ton, les cuivres pétaradent, ambiance salle de bal du Palais d’Hiver. Et puis, là, au bord de la scène, il y a le piano. Au début, il se contente de reprendre les thèmes proposés par l’orchestre, puis il s’affranchit, ajoute quelques notes, s’emporte. Les mains du pianiste vont d’un bord à l’autre du clavier, dans un jeu de virtuose qui a l’air tellement facile, mais qui a dû valoir bien des crises de nerfs aux élèves de conservatoires de tous les pays. Là réside le piège : l’orchestre introduit, le piano développe et émerveille ; la frappe chirurgicale passe après la grosse artillerie.

Il fallait donc un as aux doigts agiles, un foudre des salles de concert, pour assurer l’interprétation de la chose, réputée difficile. En 1959, en Allemagne de l’Est, c’est Tatiana NIKOLAÏEVA qui s’y colle. Etrangement, c’est une artiste soviétique assez méconnue, bien que ses enregistrements soient toujours impeccables et que CHOSTAKOVITCH lui-même (on finit toujours par y revenir) lui ait dédié ses Vingt-quatre Préludes et fugues – quand même ! Sans surprise, l’interprétation est plus que réussie. Le grandiose du premier mouvement ne verse pas dans le grandiloquent, et le piano sait se faire discret par moments. L’« Andantino semplice » et l’«Allegro con fuoco », où le piano est réellement mis en avant, apportent chacun une nouvelle teinte au concerto. Le second mouvement est bucolique, contemplatif, le dernier est dansant, exalté.

Le Concerto pour piano n°1 est plus qu’une œuvre excellente, c’est un chef-d’œuvre. TCHAÏKOVSKI y réalise prouesses sur prouesses et en l’espace d’une demi-heure, il réussit à faire jouer à l’unisson la musique classique occidentale et le folklore slave. Et surtout, surtout ! les quelques thèmes entraînants qui jalonnent ce concerto rappellent encore une fois l’importance de la danse dans toute forme de musique, aussi élaborée soit-elle.
Certaines œuvres se jaugent aussi à leur héritage. Il suffit alors de comparer le dernier mouvement de ce concerto et les premiers mouvements des deux concertos pour piano de CHOSTAKOVITCH, pour se rendre compte de l’influence constante de TCHAÏKOVSKI sur la musique russe, et sur la musique tout court. Encore un qu’on n’a pas fini de fredonner…

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- Piotr Tchaïkovski (compositeur)
- Tatiana Nikolaïeva (piano)
- Kurt Masur (chef d'orchestre)
- Orchestre Du Gewandhaus De Leipzig


1. Allegro Non Troppo E Molto Maestoso
2. Andantino Semplice
3. Allegro Con Fuoco



             



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