Entre les Bostoniens de Dropkick Murphys et les Californiens de Flogging Molly, il y a environ 4000 km. Entre les deux océans, une étendue de terre (les Etats-Unis donc), et suffisamment d'espace pour permettre à moult groupes de folk-punk celtique de s'imposer et créer une fan-base suffisante pour s'imposer dans leur conté ou leur état. LEXINGTON FIELD nous vient de Californie également, mais pas de Los Angeles comme ses glorieux aînés. Le quintet est établi à San Diego, ville située à une centaine de kilomètres à peine de la frontière mexicaine, et ne se revendique d'aucune origine irlandaise. Au contraire, le groupe affirme avec son nom son appartenance totale et inconditionnelle au pays de l'Oncle Sam, la bataille de Lexington (1775) ayant marqué le début de la guerre d'Indépendance qui vit les colons américains se séparer de la couronne britannique et déclarer, quelques années plus tard, l'indépendance du pays.

La musique, elle, lorgne bien pour sa part vers la verte contrée des Dubliners, proposant un folk-punk celtique traditionnel et fort bien tourné ! De toute manière, un groupe dans lequel officie une violoniste mérite toujours que l'on y jette une oreille. L'avantage de LEXINGTON FIELD est sa capacité à proposer des compositions personnelles qui donnent parfois l'impression d'être des traditionnels, d'où ce sentiment que le groupe à visiblement tout compris au style. A l'exception de « All for me grog », adaptation punk d'un chant de marins du XVIIIe siècle, tous les titres sont signés de la main du groupe, témoignent d'un savoir-faire déjà bien maîtrisée malgré une carrière encore courte. Formé en 2007, le groupe dispose à son actif d'un EP et d'un single, mais compte un nombre incalculable de concerts donnés dans la région de San Diego (plus de 200 depuis sa formation !) qui lui ont permis d'acquérir rapidement en maturité et en maîtrise de son propos. Car sur ce Old Dirt Road, premier album du groupe, rien ne fait défaut, de la production jusqu'à l'exécution. LEXINGTON FIELD propose un album de folk-punk sans grande personnalité certes (celle-ci viendra sans doute sur les prochaines réalisations), mais avec une réelle envie d'en découdre et de faire honneur à ce style qui le mérite bien.

On pense souvent aux Dropkick Murphys et aux Fisticuffs à l'écoute de ces 12 compositions qui prévalent par l'énergie débridée qui les caractérisent. Entre reels dansants (« The Toledo Tapper », « Laurel's reel »), brûlots mordants ou pièces plus rock et mélodiques, Old Dirt Road constitue une collection de chansons à apprécier pour ce qu'elles sont, sans trop en demander. Clôturant l'album de manière plus tendre avec la ballade « A better place » (dédiée à une jeune fille, proche du groupe, décédée d'une tumeur au cerveau), LEXINGTON FIELD se permet ainsi une ouverture prometteuse, laissant la porte ouverte à d'autres ambiances et influences. Rien de transcendant, mais beaucoup de choses donnant l'espoir de voir le groupe s'affirmer dans le futur, pour devenir un incontournable ? Visiblement, les ingrédients sont là. Reste maintenant à peaufiner la recette.