«  - Nom de Zeus ! Marty !
- Hé, qu’est-ce que vous foutez là, doc ?
- Ne pose aucune question et rejoins-moi dans la Delorean ! Nous partons en 1986 au Zénith de Paris ! »

Voilà. Voilà mes tristes fantasmes après quelques heures trop oppressantes en bibliothèque universitaire : marre de surligner inutilement des pages bien trop remplies, le wifi ne fonctionne pas, je ne fume pas et comble de malchance je n’ai ni faim ni soif. Alors instinctivement, mes écouteurs aux oreilles, je divague et je songe à tous ces moments que mes dix-neuf bougies récemment soufflées m’ont interdits. Alors, je sors mon crayon et, l’oreille à l’affût, j’analyse Le Live, comme pour me convaincre que je n’ai finalement rien raté ; les concerts partent, les CD restent.

Mais je les ai ratés. Car TELEPHONE en live, c’était pas de la merde et cet album de plus d’une heure, sorti après l’annonce de la séparation comme un dernier cadeau, le prouve aisément.

Le choix des chansons n’étonnera personne : ce concert fait la part belle au dernier album, dont il est un extrait de la tournée. Cependant, les autres albums sont représentés de manière égale, excepté le premier, grand absent du live (sauf un unique titre en rappel). Les tubes ne manquent pas, souvent accueillis de manière particulièrement triomphante par la foule qui s’était déplacée en nombre pour les voir. Ainsi, l’enchaînement "La Bombe Humaine" / "Cendrillon" fonctionne à merveille et on ne s’étonne pas de voir le public chanter en chœur les paroles de ces deux hymnes. D’ailleurs, l’intégralité du concert est interprétée de manière très rock, ce qui permet d’apporter un peu de punch aux morceaux du dernier album, qui avaient, à mon goût, souffert d’une production un peu trop miellée : "Electric Cité" par exemple retrouve tout son potentiel dans cette atmosphère électrique et même "New-York avec toi" remonte un peu dans mon estime. Quant aux anciens morceaux, qui sentaient déjà plus la trans’ et l’alcool, ils sont ici interprétés avec plus de rage et d’énergie, souvent plus rapidement, avec des solos et breaks allongés pour l’occasion.

Mais, aussi jouissif que puisse s’avérer un live de TELEPHONE, on termine l’album avec quand même une impression trop lisse, indépendante de la sélection des chansons : d’une part, Jean-Louis Aubert prend souvent la parole entre les chansons mais pas assez longtemps pour dire quoi que ce soit d’intéressant, et ses cris convulsifs poussent autant à l’orgasme qu’au suicide ; d’autre part, aussi rock que puisse être la setlist, elle semble comme trop 'cadrée', pas assez spontanée. Le fait même que le concert soit enregistré est d’ailleurs sans doute l’une des causes potentielles de ce léger problème. Il faudra attendre "Ça ça c’est vraiment toi" pour enfin entendre une superbe interaction avec le public.

Pour l’ambiance survoltée des concerts précédents, on se référera donc à Téléphone Public ou Paris ’81. Cependant, cette prestation clean de TELEPHONE permet de rendre ce live accessible aux plus néophytes, et il s’avère être un très bon 'best of', représentatif de la carrière du groupe. Une bonne façon de découvrir ce groupe mythique donc !

* Mon coup de cœur : "Ça c’est vraiment toi"
* La chanson qui manque (ben oui) : "Flipper"
* La chanson pas indispensable : "Ce que je veux"