Lorsqu'il met JOURNEY en légère pause, ce qui est plus ou moins le cas depuis la sortie de l'album Eclipse en 2011, son leader, Neal SCHON, en profite pour continuer à proposer de temps en temps un disque en solo. Ce So U est d’ailleurs son huitième album sorti sous son nom. Un album dont le titre renvoie explicitement au I On U paru en 2005. Pourtant, le propos est assez différent. Comme à son habitude, SCHON semble appréhender sa carrière solo comme une juxtaposition de disques ayant chacun leur identité musicale propre. Comme s’il cherchait à travers eux à s’oxygéner et s’essayer à des styles ne collant pas au cahier des charges de JOURNEY. De fait, après des essais orientés Jazz Rock, Rock moderne, Latin Rock et un album de reprises, il nous propose ici un disque dont la coloration est plus axée sur le Rock FM et le Rock 70'.
Ainsi "What You Want", "Shelter", et surtout "Serenity", donnent-ils dans un Soft Rock assez classique qui n’est pas si éloigné de ce qu'a pu faire JOURNEY, même si le propos est ici un peu plus dépouillé. Un constat que l’on peut faire notamment avec la ballade "Love Finds A Way". Toutefois, le chanteur guitariste se permet quelques petites digressions qui donnent à cet album une coloration assez variée. Le titre "So U" possède ainsi des sonorités qui évoquent Joe SATRIANI alors que "Exotica", l’un des deux instrumentaux de l’album, est plus dans la veine de son précédent opus, à savoir un Rock légèrement mâtiné de Jazz Rock débouchant sur un final dans lequel il donne dans le shreeding débridé. Le syncopé "On My Way", chanté de belle manière par Den CASTRONOVO, qui était alors encore le batteur de JOURNEY avant de se voir évincé par le groupe en 2015, suite à son arrestation pour avoir agressé son ex-petite amie, est quant à lui assez proche de l’esprit du Electric Ladyland (1968) de Jimi HENDRIX.

On peut d’ailleurs noter que si ce disque sort sous le nom de Neal SCHON, et que parfois le guitariste en fait des tonnes, il laisse largement ses musiciens s’exprimer, que ce soit au chant, partagé avec Jack BLADES et Den CASTRONOVO, ou bien en donnant un large espace d’expression à la basse et à la batterie. Une liberté très bien mise à profit par Marco MENDOZA dont la basse ronflante enrichit très fréquemment les morceaux comme c'est le cas sur "Big Ocean", l’instrumental planant, qui clôt le disque.
De son côté, Den CASTRONOVO peinant un peu à s’affranchir de son style métronomique et clinique ne parvient pas réellement à apporter un petit plus organique qui n'aurait pas dépareillé sur le disque.
L'ensemble est donc très professionnel, truffé de chœurs un tantinet mielleux, et se veut assez facile d’accès.
Mais les compositions ne sont malheureusement pas toujours mémorables : si la moitié des morceaux présents (et notamment les deux instrumentaux, "Serenity" et "Shelter"), sont réellement savoureux, les autres restent assez dispensables. Ce So U n’en demeure pas moins un bon album de Soft Rock varié, interprété par des musiciens talentueux.