Voilà l’album qui fâche, l’album de traître, l’album commercial qui attira en masse le grand public, j’ai nommé Surrender.
Les Chemical Brothers ne pouvaient pas faire mieux que leurs précédents disques c’est un fait, ils ont donc décidé d’aller à fond dans leur amour de la pop psychédélique quitte à pendre à contre-pied tout le monde, et ce fut le cas à l’époque.

Le Big Beat disparaît progressivement sur l’album ; il est surtout présent au début du disque et il est quasiment absent à la fin. La faute à des éléments pop qui ont envahi les compositions, et si on est habitué au breakbeat de l’époque de Exit Planet Dust, il est normal que l’on n’adhère pas à Surrender. En plus il y a pleins d’artistes comme par exemple un certains Noel Gallagher qui viennent poser leur voix sur les gros hits du disque. Bouhouuuuu ! vendus !

Sauf que… Sauf que Surrender est génial tout de même. Les brothers réalisent l’exploit de rester identifiables tout en réussissant à vendre des millions d’exemplaires de ce machin. En plus, l’album est en lui-même un concept, et c’est pour cette raison qu’on lui pardonnera son hétérogénéité qui gênera quelques personnes.
Le concept c’est toute la musique qu’aime le groupe : on rend hommage à Kraftwerk sur "Music: Response", on fait coucou à la new wave sur "Out of Control" (le chanteur de New Order chante dessus en plus, tiens donc), ça frôle le funk de très près par moment ("Orange Wedge"), on rend hommage au Beatles ("Let Forever Be"), on montre qu’on aime la pop ("Asleep from Day"), on n'oublie pas bien sûr le psychédélisme ("The Sunshine Underground" et le morceau éponyme), on rajoute discrètement de la house pour faire bouger les popotins ("Got Glint?" et"Hey Boy Hey Girl") et on montre du doigt à quoi ressemble l’avenir ("Dream On" ou comment marier le folk, le rock et l’électro).
Le duo joue les profs d’Histoire avec nous et il le fait bien. De sacrés pédagogues ces types !

Donc si Surrender n'est pas tout à fait aussi bon que les deux précédents chefs d’œuvres du groupe, il reste un disque chaudement recommandable et tout aussi indispensable que ses prédécesseurs. Un des derniers grands albums du XXème siècle, rien que ça !