IRON MAIDEN : KILLERS (1981)

Cet album est bien meilleur que le premier effort du groupe, alors qu'objectivement les compos de l'opus inaugural d'IRON MAIDEN sont supérieures à celles qui figurent sur "Killers", à deux ou trois exceptions près ( Wratchild, Murders in The rue Morgue mais surtout Killers, voire l'iconoclaste Prodigal Son).
Avoir produit un premier disque avec un track listing qui ressemble à celui d'un best of pour finir avec une galette qui a un son de salle des fêtes, il y'a de quoi se les croquer tout de même.

Harris a voulu jouer son va-tout dès le premier album, et on peut le comprendre, surtout après des années de galères, mais il aurait peut être du équilibrer les forces en présence et les répartir sur les deux premiers disques, ce qui n'aurait pas sauvé la qualité sonore du premier IRON MAIDEN mais aurait fait de "Killers" un chef d'oeuvre incontestable. Bon maintenant c'est aisé de déblatérer un truc pareil avec le recul et la connaissance des événements et avec des "si, tout est permis Eddie.
mais voilà, selon moi "Killers" est un chef d'oeuvre, déjà à cause de sa pochette de malade, du genre à te tendre les bras en magasin et à te susurrer "achète moi, achète moi" et si tu ajoutes les yeux de biche d'Eddie sur la couv', impossible de résister à cet appel venu des profondeurs,avec un envoûtement comparable à celui des sirènes d'Ulysse.
Et puis, il y a le son… Enfin !
Surtout quand tu as biberonné aux mélopées pourpres et à leurs avatars de l'arc en Ciel ou à celles du serpent blanc, et puis on peut citer aussi l'univers épique du dirigeable et les sonorités maléfiques du SAB'. La musique progressive également.
Il fallait un maître pour réaliser une telle synthèse, pas un sous fifre lambda qui enregistre avec des gants de boxe comme sur l'objet qui a précédé et le succès (mérité) aidant, autant s'adresser directement au bon Dieu: Martin "headmaster" Birch.
On passe directement d'un truc Cheap (réussi malgré tout) à un Blockbuster (réussi), parce qu'avec la musique que joue La Vierge, il est impossible de faire fi de la grandiloquence et de l'emphase qui font partie de l'ADN du groupe.
Un petit mot sur Dave Murray (pas un habitué des classements de guitar hero, et pourtant…), guitariste génial au son identifiable parmi tous,qui est le principal instrumentiste bénéficiaire du relooking sonique effectué par Birch, car c'est bien avec Killers qu'il parvient à s'inscrire totalement dans l'identité du groupe, aussi sa collaboration qui débute avec Adrian Smith pose les bases (et même au delà) de ce qui fera la particularité du son Made in MAIDEN.
Il y aurait tant à raconter sur le jeu de Dave Murray, sur sa vélocité tout en souplesse, sur sa façon de laisse traîner ses notes au bon moment, son sens de la mélodie…accolé au style très rock de son comparse des six cordes, cela donne des merveilles et des étincelles qui crépitent de partout, quand on aime la guitare, on est à la fête.
Birch n'a pas bossé toutes ces années avec l'homme en noir pour rien, et ça il le pige d'emblée, avec de tels phénomènes il sait comme faire sonner les guitares.
Clive Burr est tout aussi à la fête, le son de batterie est plus ample et son jeu s'en ressent, ses descentes résonnent, font mouche à chaque fois, cependant Clive Burr est plus un batteur de hard rock classique que de Heavy Metal, ce qui apporte à la musique un charme vintage déjà présent sur le disque précédent, lequel charme disparaîtra au profit d'une efficacité quasi martiale quand Nicko Mc Brain prendra place sur le tabouret.
La voix de Di Anno, passe merveilleusement bien, que soit sur un registre grave (Prodigal son), les cris aigus (Killers) ou encore le chant incisif (Wrathchild), le métier est rentré et ça s'entend.
Steve Harris est en tête de proue, comme compositeur déjà mais aussi et bien entendu comme bassiste: ce type est un virtuose, son son se fait plus rond, il claque moins et contribue pleinement à "l'esthétique", à la dramaturgie qu'il recherche.

Avec Killers le monstre Eddie a trouvé sa colonne vertébrale et aussi ses bras, pas encore sa tête ni ses jambes, ce sera chose faite pour la première nommée sur le disque d'après et concernant les secondes sur celui qui suivra.
Objectif: La Planète.

5/5: c'est le coeur qui parle.