Bonjour à tous,
avant toute chose, il convient de dire que j'ai découvert Porcupine Tree avec "In Absentia", et que ça a été pour moi une révélation, une de ces claques magistrales qui font tout le charme des heureuses découvertes en matière de musique. A mon humble avis, aucun groupe n'avait jusque là réussi une symbiose aussi parfaite entre rock planant, pop, métal, etc...Un véritable chef d'oeuvre.
Après je me suis intéressé à toute la discographie du groupe, et aujourd'hui, mon jugement n'a pas changé, "In Absentia" reste pour moi leur album le plus complet, le plus abouti, le plus mûr.
Après j'adore la période planante du groupe (au début surtout), puis le côté pop des "Stupid Dream" ou "Lightbulb Sun", de même que les expérimentations géniales autant que diverses de "Signify", autre chef d'oeuvre qu'il m'a fallu plus de temps pour apprivoiser.
D'autre part, mes goûts sont plus axés métal que le fan de Porcupine de base, donc il est probabale que l'apparition de grosses guitares me fasse plus ,plaisir qu'à d'autres...
Et je comprends très bien qu'on puisse ne pas aimer ces guitares saturées façon métal.
Pour autant, ce "Deadwing" sans être la bombe atomique que j'attendais me paraît être un excellent album.
Les raisons :
- les compos : plus complexes, plus tortueuses et moins "convenues" que par le passé. Exemple : "Deadwing", une succession de parties diverses, tout en restant unies par par une sorte de fil conducteur.
Ou comme sur "Arriving...", un début calme, et des parties qui viennent se greffer doucement, sans crier gare, pour finalement prendre la place des précédentes...Tout ça allant crescendo, sublimé par un passage métal des plus énergiques, aussi judicieux que surprenant. Une musique qui progresse au sens propre. Pour moi cet album est le plus progressif du groupe. Mais on retrouve aussi de beaux refrains pop, comme sur "Hallo" ou "Lazarus", donc tout le monde peut y trouver son compte.
- les grosses guitares : LE point sensible pour les anciens fans. Si c'était du déballage de riffs inutiles, destinés à séduire un marché, SW aurait donné dans le néo-métal. Là on en est loin, très loin...Les parties métalliques sont assez élaborées, dans le style de Opeth ou de Dream Theater voire Tool pour les mesures assymétriques c'est du tout bon.
- la production : le son est énorme, les arrangements fantastiques, on est vraiment dans l'excellence, à écouter au casque !!
- la technicité des musiciens : tout le monde ici semble regretter Maitland, mais il semblerait que ce soit surtout pour le côté aérien de ses parties sur les morceaux planants. Pour ma part, et le batteur de mon groupe, fan aussi me rejoint sur ce point, Harrison est un véritable maître de l'instrument. La finesse de ses parties n'a d'égal que son ouverture d'esprit sur les passages plus métal, ses mesures asymétriques sont d'une complexité et d'un travail remarquables, bref il est géant. Le clavier est toujours judicieux, pas trop envahissant, point d'orgue de morceaux déjà très aboutis. La basse est toujours aussi présente, jamais trop technique, mais toute en nuances, bref on se régale.
- la longueur des morceaux : permet plus d'expérimentations, et SW a voulu faire l'inverse de Blackfield, enlever pas mal du côté accessible pour proposer quelque chose de plus long et tortueux. Et c'est une réussite !
- le côté direct des parties plus rock : lourdeur des grattes on l'a dit, mais en plus des mesures assymétriques et des breaks puissants qui font mouche. "Shallow" fait mal !
- les voix très travaillées : certains reprocheront l'utilisation d'effets sur les voix, mais ça rajoute au charme mystérieux de ce disque. Par ailleurs, les choeurs et mélodies à plusieurs voix sont très travaillés, exemple flagrant sur "Mellotron Scratch" et sa fin brillante...
- les interventions "extérieures" : Belew apporte avec ses soli un peu plus d'inventivité, un côté barré qui "proguéifie" encore plus la musique de PT. Mike Aekerfeldt donne plus de puissance, c'est tout bénéfice !!!
Les moins :
- forcément en gagnant en technique et en expérimentation, le groupe perd en émotion...La froideur prenante de "In Absentia" n'est plus présente...Ici on a une mélancolie entrecoupée de passages énervés...simples différences.
- moins de passages planants : la musique de PT est moins reposante, peut-être un peu moins mélodique je le conçois. Mais on reste à des années-lumière du death metal !
Donc au final, un très grand album, très différent de ce que PT a pu proposer par le passé, et donc qui décevra inévitablement toute une partie des fans. Mais objectivement, c'est du grand art.