Depuis le début de sa carrière, la jolie petite blonde du Kansas évoluait dans les sphères du blues-rock. Mike Zito, puis Luther Dickinson avaient produit et joué sur ses deux derniers albums, confirmant l’orientation blues/hill county de son répertoire.

Avec ce nouvel album, on assiste à un changement quasi-complet de direction avec des musiciens des Detroit Cobras : Joe Mazzola à la guitare, Steve Nawara à la basse, Kenny Tudrick, Bob Mervak aux claviers. Mark Levron et Travis Blotsky de la Nouvelle-Orleans à la trompette et au saxophone complètent le line-up. L’album est produit par Bobby Harlow, très actif sur la scène rythm'n'blues de Motor City. Les morceaux sont tous des reprises des années 60/70 avec des plumes prestigieuses comme Jackie DeShannon, Jerry Ragavoy, Bert Berns.

«J'ai écouté beaucoup de musique soul et des gens comme Otis Redding et Ray Charles», explique Samantha. «J'ai aussi été influencé par des gens comme R.L. Burnside et Kimbrough du Nord du Mississippi. Cet album est certainement une facette différente de ma personnalité ».
A l’évidence, on trouve peu de traces des albums précédents, tant la musique et même sa manière de chanter sont différentes. On peut aisément imaginer que cela contrariera les fans de blues-rock.
Une autre façon d’aborder ce nouvel opus est d’oublier les références passées. Alors, on y découvre un autre genre de musique, avec une chanteuse qui a progressé énormément.

Reste à savoir ce que seront les prestations scéniques avec ce nouveau répertoire qui amène inévitablement un changement dans le groupe.
Celui-ci se produit en trio (cf la dernière tournée française du printemps 2017) mais le show du nouveau répertoire est en préparation à la Nouvelle-Orleans.
Comme beaucoup de chanteuses US, Samantha est à un tournant de sa carrière. Soit elle s’oriente vers un style plus « grand public » suivant ainsi les démarches de Grace Potter ou Beth Hart, soit elle souhaite rester dans un créneau spécifique avec le risque de ne rencontrer qu’un succès d’estime limité. Sur ce disque, on pense parfois à la légèreté de Nancy Sinatra, avec une musique pop acidulée/sucrée qui à première écoute fait très variété, mais reste quand même plus profonde qu’il n’y semble.

Si on ajoute que la fille est jolie, cela peut orienter une carrière vers un public plus large, moins spécialisé, avec le danger de tomber dans les grosses ficelles du show-biz pour en devenir un de ses produits aseptisés et interchangeables.

Oublions les deux précédents albums très réussis, et laissons le temps à Samantha et à son nouveau line-up de présenter cet album en live afin de mesurer véritablement la nouvelle orientation proposée.