Le précédent opus de Barbra STREISAND l’a rendue pop star, tout s’est fort bien déroulé, alors la même équipe est reconduite, Richard Perry à la production et les filles de FANNY aux choeurs. Nous retrouvons globalement les mêmes noms que sur les deux précédents albums aux crédits, en deux mots, le gratin de la pop music du début des seventies. Les pontes de la Columbia sont en tout cas persuadés que l’artiste a tout pour réussir cette reconversion, il faut enfoncer le clou. J’aime d’ailleurs beaucoup cette photo de Barbra, très femme et sûre d’elle-même pour cette cuvée 71 alors qu’elle n’a finalement que 29 ans ; tout semble aller pour le mieux pour la chanteuse.

On retrouve immédiatement le talent de songwriter de Carole KING sur "Where You Lead", un petit hymne pop qui va comme un gant à notre Joan STREISAND ! Une petite vibe countrypolitan s’en échappe par instants et on a presque du mal à reconnaître la chanteuse qui se renouvelle ici remarquablement. C’est le premier single de l’opus – 40ème du billboard - mais l’impact de l’auteur de Tapestry est énorme sur ce treizième album, on retrouve ainsi "You’ve Got A Friend", aux mêmes intonations country from Nashville, puis la rythmée "Beautiful" qui se pose en introduction de l’album avec une ambition évidente d’imposer Barb en pop star ultime.

Deux chansons de John LENNON sont de la partie, les deux d’ailleurs indissociables, issues du même album le Plastic Ono Band, hélas Yoko fera toujours partie du paysage musical... la légende veut que Barb ait été extrêmement touchée par ces deux titres et les ait fait siens avec talent. "Mother" est donc le second single – 76ème -, une composition qui pourrait presque être un gospel avec ce hammond monumental et une sacrée performance vocale. "Love" va surprendre l'auditeur par sa douceur et ses jolis arpèges de guitare acoustique, une ambiance presque champêtre à laquelle le leader des BEATLES ne nous avait guère habitués.

Après avoir beaucoup rendu hommage à la brunette Laura NYRO sur Stoney End, Barbra n’en reste pas là et souhaite continuer de piocher dans la répertoire de l’autre New-Yorkaise du coin. Cette fois, il s’agit de la diaphane "I Never Meant To Hurt You" qui passe à la moulinette STREISAND, et le résultat est tout à fait élégant. Les gars du futur STEELY DAN lui ont apporté "I Mean To Shine" sur un plateau, et on y retrouve certaines intonations qui annoncent une petite fée anglaise du nom de Katie BUSH à venir. C’est beau. En revanche, c’est un piano à la Elton JOHN qui débute "Space Captain". Enfin, à New York, on dira bientôt un piano à la Billy JOEL. Franchement pas plus remarquable que cela.

Les noms se suivent et se ressemblent, on retrouve Burt BACHARAH avec un "Medley : One Less Bell To Answer/ A House Is Not A Home" au ton laidback et super seventies. De la variété typique de l’époque, on se croirait dans La croisière s’amuse ! On repart dans le great american songbook avec la "Since I Fell For You", une des rescapées des fourties de Buddy JOHNSON. Le résultat est comme à l’accoutumée superbe, Barbra étant une spécialiste du genre. Enfin, on retrouve une nouvelle fois Michel LEGRAND avec le superbe "Theme From Summer of 42", sur laquelle Barbra sort une performance vocale hallucinante, d’où la mélodie géniale reste gravée à jamais dans les mémoires.

C’est une nouvelle réussite pour l’artiste new-yorkais qui, finalement, ne connaît aucun faux pas réel dans sa carrière. L’album fait sensiblement pareil que Stoney End et achève de positionner notre Barbra STREISAND comme chanteuse de pop. La voilà en parfait contrôle de son exemplaire ligne de vie, c’est fort. Son compte en banque est garni pour plusieurs générations, son talent d’actrice est reconnu, la voici maintenant pop star. On ne peut que s’incliner devant cette Miss Joan qui n’a de cesse de faire de jolies choses.
Beaucoup de belles interprétations ici, c’est un 4 étoiles.