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ROCK N ROLL, R&B, BLUES  |  COMPILATION

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2008 Ronnie Rocks

Ronnie HAWKINS - Ronnie Rocks (2008)
Par LE KINGBEE le 9 Mai 2017          Consultée 2099 fois

On peut penser que les vents étaient favorables en cette première quinzaine de janvier 1935. Alors qu’Elvis Aaron Presley voyait le jour le 8 janvier à Tupelo, deux jours plus tard la famille Hawkins s’agrandissait avec l’arrivée d’un troisième et dernier bambin, Ronald Cornett Hawkins, à Huntsville (Arkansas), ville à quelques 600 kilomètres à l’ouest de Tupelo.

Son père, un coiffeur coureur de jupon, fêtard et bon bastonneur, encourage le gamin dans sa passion pour la musique au grand dam d’une mère institutrice et fervente croyante. Les opposés donnent parfois les meilleures mixtures. La pauvre Madame Flora Hawkins va rapidement s’apercevoir que son dernier rejeton n’est pas trop fait pour les études. A 12 ans, le gamin sert de chauffeur pour le compte d’une bande de bootleggers. Qui irait croire qu’un gosse de cet âge transporte et livre de l’alcool de contrebande ? Ronald va toutefois pousser jusqu’à l’Université. En 1953 il est incorporé dans l’artillerie de l’Oncle Sam, reprend ses études de physiothérapeute mais arrête très vite au profit de la musique. Ronald, que tout le monde appelle Ronnie, est passionné de musique noire. Il monte un premier groupe The Black Hawks en compagnie du saxophoniste A.C. Reed, demi-frère de Jimmy Reed. Le petit orchestre dans lequel Ronnie officie comme chanteur s’agrandit avec les arrivées du guitariste Jimmy Ray Paulman (ex Conway Twitty), du pianiste Willard « Pop » Jones (cousin du précédent) et d’un jeune batteur de 15 ans Levon HELM. Après s’être produit dans les honky tonk les plus minables de l’Arkansas où alcool et baston règnent en maitre, Ronnie et ses Hawks tentent leur chance au Canada. L’Ontario est une terre propice et hospitalière pour de nombreux anciens couteaux de la vague Rockabilly, Conway Twitty, Ray Smith, Billy Lee Riley ou Narvel Felts y ont ouvert une brèche.

En juin 1958, le groupe enregistre à Toronto ses premières faces pour le label canadien Quality. Si le 45tours regroupant « Hey Bo Diddley » et « Love Me Like You Can » n’explose pas le baromètre des ventes, il passe abondamment à la radio et permet au groupe d’acquérir une soudaine notoriété en Amérique. Hawkins est en passe de signer un contrat avec la Columbia, mais le projet ne verra pas le jour, suite à l’acharnement de Mitch Miller, producteur, arrangeur, chef d’orchestre et responsable du département A&R (Artistes et Répertoire) de la firme, farouche opposant au Rock n Roll. La formation tombe alors dans l’escarcelle de Morris Levy, patron controversé aux approches mafieuses du label Roulette. En 1959, Levy expédie les Hawks au Bell Sound Studios de New York avec à la clef plusieurs singles qui font aujourd’hui office de chef-d’œuvre. Mais devant les pratiques sulfureuses de Levy et son désamour de la Big Apple, Ronnie Hawkins regagnera très vite l’Ontario, région dont il était attaché. De retour au Canada, Hawkins reforme son groupe avec une nouvelle line-up, il ne reste plus que le batteur Levon Helm de la formation d’origine. Cette refonte voit les arrivées du guitariste Robbie Robertson et du bassiste Ricky Danko, bientôt suivies par le saxophoniste Jerry Penfound, le pianiste Richard Manuel, l’organiste accordéoniste Garth Hudson. De 1961 à 1963, Ronnie Hawkins enregistrera de superbes faces conjuguant Rock n Roll, Blues et R&B. La réponse canadienne à Elvis. L’autoritarisme et l’égo du chanteur auront raison de cette formidable amitié. En 1963, ses musiciens canadiens le quittent avec Levon Helm. Les membres décident de rester ensemble. Après avoir accompagné John Hammond, l’ensemble sera recruté par Bob Dylan et deviendra sous le nom de The BAND, l’un des meilleurs groupes de Rock du territoire américain.

La suite sera moins rose pour Ronnie Hawkins. Si le chanteur a enregistré 27 albums, il concentrera sa carrière au Canada, pays qui l’avait si bien accueilli. En 1976, Ronnie sera invité par The Band et participera à leur concert d’adieu « The Last Waltz ». En 1989, Ronnie et ses anciens membres du Band se produiront ensemble lors d’un concert commémorant la chute du mur de Berlin. Ronnie figure au générique de quelques films : « Renaldo and Clara » un documentaire avec Bob Dylan et Joan Baez, le western « Heaven’s Gate » (Les Portes du Paradis) avec Kris Kristofferson, Christopher Walken et Isabelle Huppert. C’est en 2002 avec « Still Cruisin’ » qu’Hawkins gravera son dernier opus dans lequel figurent Levon Helm et Robbie Robertson. Au même moment, le chanteur est victime d’un cancer du pancréas, la médecine lui prédit deux à trois mois mais il s’en sort comme par miracle et se retrouve en rémission au bout de deux de lutte contre la maladie. Il coule en ce moment même des jours paisibles au Canada où son statut demeure légendaire.

Cette compilation de 32 titres écrème le meilleur de la carrière de Ronnie Hawkins et de ses Faucons avec des titres mis en boite entre 1958 et 1963. Hormis l’impayable « Horace », dans lequel Ronnie prend une voix féminine réprimandant son mari, édité par le label canadien Quality, toutes les autres pistes proviennent du catalogue Roulette. Pour les amateurs de précisions : 14 titres sont issus de singles 12 de deux Lps (« Ronnie Hawkins » et « Mr. Dynamo ») et enfin 5 de deux compilations Roulette intitulées « The Best Of » et « Mojo Man ». Si vous avez bien tout suivi et bien compté, vous vous êtes aperçus que les comptes ne sont pas bons, effectivement le label allemand a déniché un inédit avec une seconde version de « Horace ». Les amateurs de lectures, de biographies et de sessiongraphies seront comblés avec le livret intérieur de 48 pages richement illustré agrémentant le CD.

Alors parmi ces 31 morceaux (« Horace » étant proposé en deux versions) nous retrouvons 11 originaux pour 20 reprises. Le répertoire combine Rock n Roll, Blues, R&B et ballades pleines de peps. Au rayon des compositions, Hawkins nous offre un large éventail des tendances de l’époque. On retrouve aussi bien des pièces rockandrollesques (« Oh Sugar », « Clara » avec un beat à la Bo Diddley) que des ballades (« Need Your Lovin’ » ou les langoureux « « Odessa » ou « Need Your Lovin’ » bien dans l’esprit des Everly Brothers, alors que « Hay Ride » avec ses chœurs renvoie vers les Kalin Twins). Mais les Hawks savent diversifier le ton en apportant une touche exotique comme sur « Hey Boba You ». On peut aussi retenir le médium rock teen avec incursion de doo-wop « One Of These Days » avec présence de sax. Mais c’est dans le domaine du boogie rockin’ (« Wild Little Willy ») et dans le Rock (« Baby Jean », ou « Whatcha Gonna Do » avec un excellent passage de boogie piano) que le chanteur impulse une énergie contagieuse.

Le chapitre Reprise comprend des titres qui ne tarderont pas à faire office de grands classiques. La formation s’attaque par trois fois à Bo Diddley avec « Bo Diddley » pour l’une des meilleures versions de l’histoire avec celles de Bob Seger et de Warren Zevon, la variante « Hey Bo Diddley » et enfin « Who Do You Love », Ronnie étant le premier à reprendre cet entêtant tube qui sera mis à toutes les sauces. Chuck Berry, autre pionnier du Rock n Roll, ne pouvait échapper à leur cahier des charges, le groupe reprenant « Thirty Days » et son dérivé « Forty Days ». Parmi les différents standards du Rock n Roll, Ronnie s’illustre aussi sur « Mary Lou », titre Modern de Young Jessie dans lequel les influences noires du chanteur sont évidentes. Peut-être la meilleure reprise avec celles de Bob Seger et Chris Spedding. Autre grand classique avec « My Gal Is Red Hot » qui n’est autre que la reprise de « Red Hot », un rockin’ piano gravé par Billy « The Kid » Emerson pour Sun Records et repris aussitôt pour le même label par les Little Green Men de Billy Riley. Là le piano de « Pop » Jones et la gratte de Jimmy Ray Paulman s’entendent comme larrons en foire. A mille lieues de l’adaptation des Forbans « Tout l’monde Avec Moi ». Comparons ce qui est comparable ! Hawkins sera aussi le premier à reprendre « Dizzy Miss Lizzy » titre Specialty du bad boy Larry Williams. Autres standards Sun à tomber dans l’escarcelle de nos Faucons avec « Honey Don’t » et « Matchbox » de Carl Perkins. Hawkins excelle aussi dans les titres à coloration noire : les mediums et ballades New Orleans « Sick & Tired » de Chris Kenner, « I Feel Good » de Shirley & Lee, « High Blood Pressure » de Huey Piano Smith. Son timbre vocal et le groove des Hawks se distinguent aussi dans le Blues avec « Come Love (Doc Oliver), « You Know I Love You » (Jimmy Reed), « Sexy Ways » (Hank Ballard) sans oublier l’intemporel et ensorceleur « Susie Q », œuvre de son homonyme Dale Hawkins reprise plus tard par les Stones, Stack Waddy et Creedence Clearwater Revival dans une version rallongée.

Résultat, bien que le nombre de reprises dépasse les compositions, cette compilation remet au goût du jour un chanteur et un groupe (futur The Band) figurant très souvent parmi les instigateurs de nombreux classiques. Ajoutons que comme à l’accoutumée le label allemand s’est livré à un excellent travail en matière de dépoussiérage sonore. Un 4,5 ramené à 4 !

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- Ronnie Hawkins (chant)
- Levon Helm (batterie)
- Jimmy Ray Paulman (guitare 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-11-12-13-15-16-17-18-)
- Fred Carter Jr. (guitare 15-16-17-18-19-20-21)
- Robbie Robertson (guitare 22-23-24-25-26-27-28-29-30-31)
- Gordon Josie (basse 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-11-12-13-15)
- Jimmy Evans (basse 16-17-18-19-20-21)
- Ricky Danko (basse 22-23-24-25-26-27-28-29 guitare 30-31)
- Roy Buchanan (basse 30-31)
- Willard 'pop' Jones (piano 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-11-12-13-32)
- Richard Manuel (piano 28_29-30-31)
- Garth Hudson (orgue 28-29)
- Ed Burks (percussions 15-16-17-18-19-20-21)
- Sam 'the Man' Taylor (saxophone 5-6-7-8-9-10-11-12-13)
- Jerry Penfound (saxophone 22-23-24-26-28-29)
- King Curtis (saxophone 25-29)
- Cissie Houston (chœurs 22-23-24)
- Dee Dee Warwick (chœurs 22-23-24)
- Dionne Warwick (chœurs 22-23-24)


1. Thirty Days
2. Hey Bo Didley
3. Ruby Baby
4. Forty Days
5. Horace
6. One Of These Days
7. Wild Little Willy
8. Whatcha Gonna Do(when The Creek Runs Dry)
9. Mary Lou
10. Oh Sugar
11. Odessa
12. My Gal Is Red Hot
13. Need Your Lovin'(oh So Bad)
14. Dizzy Miss Lizzy
15. Hay Ride
16. Baby Jean
17. Southern Love
18. Hey Boba Lou
19. Clara
20. Honey Don't
21. Sick & Tired
22. You Know I Love You
23. Sexy Ways
24. Come Love
25. I Feel Good
26. Suzie Q
27. Matchbox
28. High Blood Pressure
29. Mojo Man
30. Bo Diddley
31. Who Do You Love
32. Horace



             



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