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ROCK N'ROLL  |  STUDIO

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1969 Supersnazz
1970 Flamingo
1971 Teenage Head
1979 Jumpin' In The Night

The FLAMIN' GROOVIES - Supersnazz (1969)
Par LE KINGBEE le 10 Août 2021          Consultée 1228 fois

Revenons brièvement sur ce groupe malchanceux auquel le succès se refusa pendant plusieurs décennies malgré des critiques élogieuses de la presse. Voyons pourquoi cette formation n’a pas engrangé plus de succès.

Comme l’écrivait en 1978 notre confrère Robert Christgau (ancien journaliste de Rolling Stone et Village Voice) : A la fin des Sixties, les FLAMIN’ GROOVIES revenaient aux années 50, vingt ans plus tard ils retournaient au milieu Sixties. Où en seront-ils en 2001 ?. Cette petite phrase met en lumière les péripéties d’un groupe à contre-courant, faisant fi des modes et des étiquettes, et même des ventes. Si ses débuts le fixent en dehors du mouvement hippie alors en vogue en Californie, les ROLLING STONES, au registre apparenté, sont leur principal écueil.

En 1965, Cyril Jordan installé à San Francisco fonde Chosen Few, groupe qui se transforme en Lost And Found au bout d’un an avant de devenir The FLAMIN’ GROOVIES. Durant l’été 66, le bassiste George Alexander intègre brièvement les Whistling Shrimp, mais revient rapidos avec Danny Mihm, batteur de profession. Le combo écume alors la scène ultra- florissante de la Bay Area ; le groupe apparaît au Fillmore, joue en première partie de CREAM, Janis JOPLIN, CREEDENCE, SANTANA et JEFFERSON AIRPLANE.
Devant le manque d’intérêt des maisons de disques américaines, les GROOVIES fondent leur propre label Snazz et enregistrent "Sneakers", une démo 25 cm qui leur permet de se faire embaucher par Epic, filiale de la Columbia.

Epic confie le turbulent combo à Stephan Goldman, un jeune producteur débutant qui n’entend pas grand-chose au rock'n'Roll. Avec sa pochette cartoonesque dessinée par Bob Zoell, l’un des maîtres du formalisme abstrait et du figuratif, Supersnazz apparaît dans les bacs en avril et la pilule s'avère dure à avaler pour Epic. Si la bande de Roy Loney et Cyril Jordan, les deux trublions du groupe, a mis tout son cœur et son temps, la production de Goldman se révèle trop lisse, trop proprette. Autre soucis, à une époque où toutes les maisons de disques et la clientèle pensent Flower Power, cheveux longs et cigarettes qui font rire, les GROOVIES dénotent un peu avec leurs costards en tweed, leur style Mods, plus proche des Charlatans et des THEM que de JEFFERSON AIRPLANE ou Moby Grape. Enfin dernière contrariété, si la mode est au Rock Psy, le répertoire lorgne résolument du côté des années passées, offrant parfois un prolongement de celui des STONES, bien plus connus et appréciés d’un public lambda et bénéficiant déjà d’une promo hors-norme.

La pochette de l’album retranscrit le contenu du disque : de la gaieté, du punch et un brin de désinvolture bienvenue. Le répertoire reste assez personnel avec huit compos pour trois reprises. Si Roy Loney demeure le gros pourvoyeur avec quatre titres, le bonhomme a également coécrit quatre pistes avec Cyril Jordan, preuve d’une saine complicité au sein du band.
Les créations du combo mettent en valeur un sens inné du rythme, combinant à la sauce Garage et Rock d’anciens parfums issus de la musique noire. En ouverture, "Love Have Mercy" ⃰, un vrai Power Rock, lance le disque sur de bons rails. L’influence de Chuck BERRY et de Bo DIDDLEY ne fait aucun doute avec un premier titre inspiré du "Milkcow Blues" de Kokomo Arnold. Les FLAMIN’ GROOVIES accélèrent le tempo à l’image des covers des KINKS, Scotty Moore ou Larry Donn. Changement de ton avec "Laurie Did It", une ballade conjuguant entrain et douceur avec harmonica, guitare acoustique et la rythmique providentielle de Tim Lynch qui parvient à faire le pont entre les BEATLES et les EVERLY BROTHERS. Autre ballade encore plus moelleuse avec "A Part From That" posée sur une mélodie à mi-chemin des KINKS et des BEATLES.
En ouverture de face B, "The First One’s Free" pourrait servir de synthèse entre Chuck BERRY et les SHADOWS, tandis que Tim LYNCH se révèle bien meilleur que JAGGER à l’harmonica (il n’a pas grand mal, diront certains). Avec son passage de piano, "Pagan Rachel" marque une rupture avec le ton général de l’album. Comparable à un Country Rock parodique, ce titre aux paroles humoristiques et dont le refrain répétitif 'Ohh la la' finit par vous rentrer dans la tête pourrait très bien s’inscrire dans "The Kinks Are The Village Green Preservation" des KINKS ou dans le répertoire d’Harry NILSSON. Les influences Country Rock sont clairement palpables sur "Brushfire" même si Roy Loney laisse échapper quelques zestes bluesy. Si vous examinez le visuel, la chanson est représentée par les deux petits personnages se tenant aux extrémités. Autre petit détour un brin incongru avec "Bam Balam", un Rag New orléanais et beau clin d’œil à Kid Ory. Le disque s’achève en beauté avec "Around The Corner", un vrai morceau de Surf Music digne des BEACH BOYS ou du duo Jan & Dean.

Les trois reprises, croustillantes, évitent le piège de la copie servile. "The Girl Can’t Help It", une compo de Bobby Troup popularisée par Little RICHARD et au générique du film "La Blonde et moi", est ici revue et corrigée. La rythmique s’avère aussi métronome qu’efficace. Une interprétation qui relègue à des années lumière celles des EVERLY BROTHERS, Bobby Vee ou de Conway Twitty. Avec ce standard, on sait où les RAMONES ont pioché quelques-unes de leurs influences. Grand classique de Huey "Piano" & His Clowns, "Rockin' Pneumonia And The Boogie Woogie Flu" a été mitonné à toutes les sauces, souvent peu savoureuses. Sur un tempo modéré, le groupe nous offre une excellente version avec au passage un bon solo de gratte tout simple. Une version que ne renieraient pas Wilko JOHNSON ou Eddie & The Hot Rods. Nous conseillons aux curieux les versions du Professor Longhair, du tandem Rod Bernard/Clifton CHENIER ou du chanteur transformiste Bobby Marchan. Ne voyez aucune espièglerie de ma part, mais ce titre est toujours à la page, Huey Smith s’étant inspiré de la Grippe Asiatique comme trame humoristique.
Dernière reprise avec un medley regroupant le "Somethin’ Else" de Cochran pour une version imparable. Les PISTOLS font figure de petits garçons à côté. La seconde partie avec "Pistol Packin’ Mama", gros carton Honky Tonk d’Al Dexter & His Texas Troopers, s’avère moins goûteuse mais témoigne de l’éclectisme parfois surprenant des GROOVIES.

Plus de cinquante ans après sa sortie, Supersnazz a fortement résisté aux intempéries et au temps qui passe. Les FLAMIN’ GROOVIES jetaient un premier pavé. Dommage que celui-ci soit tombé dans un si petit ru. Si les influences éparses du band puisent leurs sources dans le rock'n'roll, la country et le blues, les GROOVIES peuvent aussi être considérés comme de bons représentants de l’ère Nuggets. Un groupe qui a servi de catalyseur aux RAMONES, Eddie & The Hots Rods, DR. FEELGOOD et consorts. On peut regretter deux titres plus mollassons (du remplissage pour certains) et une production parfois trop lisse. Cependant, Goldman a apporté un soin particulier aux harmonies vocales. Sinon, on apprend longtemps après la sortie du disque que Goldman avait renforcé certains titres par quelques sessionmen en devenir tels le saxophoniste Curtis Amy ( mari de Merry CLAYTON) ou du clarinettiste Tom Scott (futur équipier de McCartney). Avec sa pochette digne d’un cartoon, ce disque bien qu’honteusement sous-estimé, fait partie des disques de référence de l’année 69, qu’on se le dise !

⃰ Titre homonyme à ceux d’Otis Redding et des Phoenix.

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- Cyril Jordan (guitare, chant)
- Roy A. Loney (chant, guitare)
- Tim Lynch (guitare, harmonica, chœurs)
- George Alexander (basse, harmonica, guimbarde, chœurs)
- Danny Mihm (batterie, percussions, chœurs)
- Mike Lang (claviers, piano)
- Curtis Amy (saxophone)
- Tom Scott (clarinette)


1. Love Have Mercy
2. The Girl Can't Help It
3. Laurie Did It
4. A Part From That
5. Rockin' Pneumonia And The Boogie Woogie Flu
6. The First One's Free
7. Pagan Rachel
8. Somethin' Else / Pistol Packin' Mama
9. Brushfire
10. Bam Balam
11. Around The Corner



             



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