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1998 Roscoe Style

Roscoe CHENIER - Roscoe Style (1998)
Par LE KINGBEE le 15 Mai 2017          Consultée 1028 fois

Né en 1941 à Notelyville, un bled paumé au sud d’Opelousas (Louisiane), Roscoe CHENIER n’a jamais encombré les bacs des disquaires. Cousin très éloigné de Clifton Chenier, Roscoe est également apparenté au guitariste « Big » Morris Chenier. Roscoe se met à la guitare sous la houlette de son paternel Arthur « Bud » Chenier, un accordéoniste local. A 15 ans, il intègre The Blue Runners, une petite formation locale comprenant les trois frères Gradnier et le guitariste Lonesome SUNDOWN.
En 1963, il met en boîte son premier single pour le compte de Reynaud Records avec Sundown à la guitare. Le 45 tours regroupe « I Broke The Yo-Yo » et « Born For Bad Luck ». Roscoe va jouer localement avec les Blue Runners pendant une douzaine d’années. Pas de quoi casser trois pattes à un canard ! Au milieu des sixties, les temps sont durs pour les guitaristes de Swamp, le registre ne fait plus recette, les modes et les tendances ont changé.
Roscoe Chenier survit péniblement de sa musique, se transforme en accompagnateur en jouant au côté de Lonesome Sundown, Good « Rockin’ » Thomas, au sein des Burning Flames de Clarence Randle. Pas de quoi faire bouillir la marmite, à tel point que notre guitariste se transforme en camionneur le jour, tout en continuant de se produire sporadiquement dans les juke-joints louisianais et les bouges texans.

Durant la décennie suivante, le guitariste épaule Duke Stevens avec à la clef une poignée de singles édités par le label Lanor dirigé par Lee Lavergne. Si la musique ne nourrit guère son homme, autant tenter le coup en montant sa propre formation. Roscoe Chenier monte alors The Blues Snapp Band, se produisant dans sa Louisiane natale et au Texas voisin. Cela lui permet de se faire remarquer par certains tourneurs européens, parfois friands de seconds couteaux locaux.
A l’orée des nineties, Roscoe participe à plusieurs tournées en Europe, se produisant au Blues Estafette d’Utrecht à cinq reprises entre 1992 et 2001. Cette soudaine et tardive reconnaissance lui permet d’enregistrer son premier album éponyme en 1994 édité par le label californien Avenue Jazz. Il s’agit là en fait de la réédition d’un disque gravé par Vidrine Records l’année précédente, mais cette fois-ci l’album bénéficie de la distribution de la WEA.

Il n’en faut parfois pas plus pour que les choses s’accélèrent. Fort de cette tardive renommée, Roscoe Chenier enregistre en novembre 1997 son second disque au Farmsound Studio à Heelsum, un village à l’ouest d’Arnhem (Pays-Bas). Le studio sert de base arrière au label Black & Tan, petite maison de disque qui a le vent en poupe. Le label vient de produire Percy Strother, Big George Jackson et l’harmoniciste Boo Boo Davis. Roscoe enregistre 16 titres en compagnie du groupe de Jan Mittendorp, une formation batave qui fait office d’orchestre de tournée lorsque des bluesmen américains se produisent au pays des tulipes.
Roscoe n’est pas venu les mains vides, il a apporté dans ses bagages quatre petites compositions s’inscrivant toutes dans le répertoire Swamp Blues : « Blues Around My Bed », « Troubles In My Life » avec une intro de guitare typique de Lonesome Sundown, « Netherlands Blues » un clin d’œil bluesistique au pays qui l’accueille et « My Baby’s Leaving ». La guitare de Chenier tient ici le premier rôle, souvent marquée par un rythme trainard à la limite de la fainéantise, marque de fabrique des guitaristes louisianais. La voix quelque peu nasillarde et voilée ne masque pas les origines du chanteur. Pas de quoi sauter au plafond mais on a là assez de matière pour réjouir les amateurs de Bayou Blues, registre tombé pratiquement aux oubliettes.
Le guitariste reprend donc pas moins de neuf titres issus des grands maîtres du Swamp, s’attaquant par trois fois à Lightnin’ Slim avec « Sugar Mama », « Tomcat Blues » et l’obscur « Geneva ». Chenier respecte les traditions et les codes, la version de « Tomcat Blues » se retrouve épurée de tout accompagnement, on peut juste entendre quelques notes de basse. Il modernise « Sugar Mama » en lui injectant quelques touches de sax, orientant ainsi le morceau vers la Nouvelle Orleans. Chaque note semble toucher sa cible contrairement au guitar-hero standard. Roscoe rend un brillant hommage à son mentor, Lonesome Sundown, avec « 5 :19 Blues » une variante de « Please Be On That 5 :19 » nous contant les déboires d’un travailleur attendant désespérément son bus, avec un excellent passage de piano. « Stick To You Baby » (le mot Gonna en début de titre a été supprimé), un proto rockab de Sundown, prend une tournure beaucoup plus blues que l’original, l’harmonica de Tom Schepp ne fait pas oublier celui de Lazy Lester. « Rainin’ In My Heart », standard de Slim Harpo et future reprise des Pretty Things, surprend par sa coloration teintée de New Orleans Sound rural et de Country Soul et l’absence d’harmonica qui influait une atmosphère broken heart. La guitare efface toute influence Rockab sur « Wild Cherry », l’un des rares succès de Leroy Washington ; le piano de Roel Spanjers remplace ici la guitare rythmique de Guitar Gable de la version originale.

Roscoe délivre deux reprises de voisins célèbres : « Good Hearted Man », ballade de Fats Domino, dans laquelle intervient le saxophoniste Arend Bouwmeester et « Walkin’ With Frankie » du Texan Frankie Lee Sims où le guitariste gomme toute note roots au profit d’élégants arpèges de guitare. Le guitariste se montre à son aise sur trois reprises extérieures à la Louisiane : « Next Time You See Me », petit succès de Junior Parker, le guitariste donne l’impression de transvaser le Mississippi au cœur des bayous. Autre clin-d’œil à la Nouvelle Orleans avec « A Mother’s Love » issu d’un single Specialty d’Earl King, le titre marquant une première démarque avec le ton de l’ensemble. Dernière cover avec un voyage en Californie avec « Black Night », titre de Lowell Fulson (sans lien avec le classique de Deep Purple), dans lequel la guitare se fait squelettique, laissant la plus grosse part du gâteau aux accompagnateurs.

« Roscoe Style » porte bien son titre, le guitariste proposant un phrasé de guitare se situant entre le Swamp rural de Lightnin’ Slim ou Silas Hogan et un Swamp versant parfois vers la Crescent City. Cet album se définit par un grand respect des traditions avec pas moins de sept reprises issues du label Excello, légendaire petite maison de disque de Crowley qui fit beaucoup pour la gloire du registre Swamp Blues. Un disque simple, sans fioriture et dans lequel le vétéran va à l’essentiel sans esbroufe. Roscoe Chenier est décédé chez lui à Opelousas en 2013, à une portée de fusil de la ville qui l’avait vu naître.

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   LE KINGBEE

 
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- Roscoe Chenier (chant, guitare)
- Jan Mittendorp (guitare)
- Frank Bolder (batterie)
- Ellio Martina (basse)
- Roel Spanjers (orgue, piano)
- Tom Schepp (harmonica)
- Arend Bouwmeester (saxophone)


1. Blues Around My Bed.
2. Stick To You Baby.
3. Geneva.
4. Rainin' In My Heart.
5. Next Time You See Me.
6. Sugar Mama.
7. A Mother's Love.
8. Troubles In My Life.
9. Wild Cherry.
10. 5:19 Blues.
11. Netherlands Blues.
12. Black Night.
13. Good Hearted Man.
14. Walkin' With Frankie.
15. My Baby's Leaving.
16. Tomcat Blues.



             



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