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1960 Sister Rosetta Tharpe

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1959 The Gospel Truth

SISTER ROSETTA THARPE - The Gospel Truth (1959)
Par LE KINGBEE le 20 Août 2021          Consultée 664 fois

Nous sommes en 1959, Sister Rosetta THARPE, ancienne grande prêtresse du Gospel ne figure plus parmi les têtes de liste de la musique religieuse. Il faut dire que depuis six ans, Sister Rosetta et son ancienne partenaire Marie Knight ont été clouées au pilori par d’intransigeants croyants et des prédicateurs prêchant parfois plus pour le contenu de leurs poches que pour la foi et les préceptes qu’ils doivent entretenir. Que voulez vous, les deux chanteuses s’étaient mises en tête d’enregistrer un disque de Blues, la musique du Diable, un beau prétexte pour que de nombreuses congrégations religieuses les placent sur le banc des accusées, à défaut de les mettre en croix.

Ce disque publié par Mercury trois ans après Gospel Train est issu d’un concert capté à la Church of God in Christ à New York au cœur d’Harlem. Si de nombreuses grenouilles de bénitier et d’innombrables prêcheurs souvent peu tolérants ont décidé de rendre Grâce à Mahalia JACKSON, Sister Rosetta draine encore une foule de convaincus, à commencer par certains jeunes blancs amateurs de Rock'N'Roll à défaut d’hosties. Chacun son truc comme disait l’autre !

Le lieu de cet enregistrement pourrait en faire sourire certains. Historiquement, la Church of God in Christ (communément appelée COGIC), une Congrégation Pentecôtiste, fut créée par deux pasteurs Baptistes exclus de leur ministères. Loin de moi l’idée que politique et église ont pas mal d’atomes crochus, chacun se fera son idée sur la question.
Musicalement, la COGIC a toujours privilégié la musique dans ses préceptes et réunions. Dès les années 20, la chanteuse non voyante Arizona Dranes introduisait le piano dans les chants. Sister Rosetta THARPE prendra sa suite dès le milieu des années 30, Arizona Dranes cessant tout enregistrement en 1928.

Si un orgue d’église ouvre les premières notes, on est d'emblée frappé par l’exaltation du chant de Sister Rosetta sur "Lord’s Prayer", d’autant plus que les louanges à la gloire du Seigneur (The Lord) sont renforcés par Sally Jenkins, chanteuse principale de la troupe Sally Jenkins Singers. On doit cette prière chrétienne à Albert Hay Malotte chantée entre autres par Sarah VAUGHAN, Mahalia JACKSON jusqu’à Barbra STREISAND et Elvis. L’orgue propose un beau nappage sur "One Morning Soon", chanté quasiment a cappella par Rosetta THARPE, le chant étant encore fortifié par Sally Jenkins pour nous emmener au bord de l’exaltation. Le morceau sera repris par Bessie Jones, les cinéphiles l’auront entendu au générique du film "Selma" avec David Oyelowo et Common. Si l’orgue est toujours présent, la troupe de choristes entame des claquements de mains enthousiastes sur "Things That I Used To Do (And I Don't Do No More)", une compo de Katie Harper, la mère de la chanteuse. La chanteuse décidemment très en verve reprend le principe des questions/réponses sur "It’s Me". Les amateurs de guitare se réjouiront sur "I Have Good News to Bring", même si Sister Rosetta effleure ses cordes avec retenue et tendresse. Le Révérend Elder Utah Smith reprendra la chanson à son répertoire lors de nombreuses participations au sein de la COGIC. La face A se termine par un feu d’artifice avec "Didn’t It Rain", une compo du Biddleville Quintette, un obscur ensemble de Caroline du Nord. En 1947, Sister Rosetta reprenait la chanson en duo avec Marie Knight sur un single Decca. Ici la guitare monte d’un cran, les arpèges sont plus appuyés et le Seigneur doit hésiter entre une sage posture les deux mains jointes et des pas de rock'n'roll. De nombreux groupes de Gospel reprendront la chanson jusqu’à Johnny CASH, The BAND et Tom JONES.

Sister Rosetta THARPE est en pleine forme. Elle présente toutes ses chansons, un procédé qui lui permet de faire monter la sauce. C’est une compo conçue durant les années 30 qui ouvre la face B avec "Bring Back Those Happy Days". Là, la troupe se Sally Jenkins est relayée par le public qui claque des mains avec ferveur, tandis que la guitare s’offre quelques belles envolées. De manière à retenir l’attention de son auditoire, elle calme le jeu avec "Saviour, Don’t Pass Me By", la troupe de Sally Jenkins se contentant de reprendre le refrain sur fond d’orgue, alors que le ton de la Sister entre monologue et déclamation monte crescendo. Bien qu’accrédité à Rosetta THARPE, le titre provient plus certainement d’une collaboration entre Thomas Dorsey et Thomas Shepherd. Cette ode au Sauveur avait été préalablement enregistrée par le Wiseman Sextet, Le Heavenly Gospel Singers et les Fairfield Four.
Personne n’ignore l’importance de l’eau dans la religion, celle-ci étant un redoutable purificateur, le public semble inspiré sur "Go Get The Water", un appel au baptême. Après avoir douché son public, Sister Rosetta a la sagesse de calmer le jeu avec "Beams Of Heaven", un de ses anciens titres Decca chantés avec le Sam Price Trio et Marie Knight. Là, Rosetta offre un moment de communion et de partage avec l’assistance. Une version qui nous semble bien supérieure à celle du duo Aretha FRANKLIN/Joe Ligon, bien trop bavarde et ampoulée. Le concert s’achève avec "Steal Away" ⃰ un Negro Spiritual issu du traditionnel. Si le titre oscille entre chant d’esclave et work song, Sister Rosetta et Sally Jenkins font monter la sauce pour une parfaite communion avec la salle.

Ce Gospel Truth allait permettre à la guitariste de connaître une excellente seconde partie de carrière. Quelques mois après la sortie du disque, Sister Rosetta participa à sa première venue sur notre continent. Un excellent disque de Gospel en public avec un répertoire parfumé de Rag, d’Holly Blues et d’une pointe de Rock'n' Roll. A noter l’excellente collaboration avec le Sally Jenkins Singers, ensemble vocal qui enregistra quelques pièces pour Sharp, une filiale de Savoy. Attention de ne pas confondre avec le vinyle du même nom édité par Verve. A été réédité en format CD avec des bonus. Nous nous en tiendrons à l’original dans lequel Sister Rosetta donne parfois l’impression de tenir le public au creux de sa main.

⃰ Titre homonyme à celui de Jimmy Hugues popularisé par Ann Peebles et Etta James.

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- Sister Rosetta Tharpe (chant, guitare)
- Sally Jenkins Singers (chant, chœurs)


1. The Lord`s Prayer
2. One Morning Soon
3. Things That I Used To Do
4. It`s Me
5. I Have Good News To Bring
6. Didn`t It Rain
7. Bring Back Those Happy Days
8. Saviour Don`t Pass Me By
9. Go Get The Water
10. Beams Of Heaven
11. Steal Away



             



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