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2000 Hot Foot Powder
 

- Style + Membre : Fleetwood Mac, Peter Green Splinter Group

Peter GREEN - Hot Foot Powder (2000)
Par LE KINGBEE le 21 Mai 2017          Consultée 1954 fois

La fin du siècle dernier voyait le retour de Peter GREEN. Ancien guitariste au sein des Bluesbreakers de John MAYALL (suite au départ d’Eric CLAPTON), Green demeure l’un des fondateurs de FLEETWOOD MAC. Le Londonien va connaître un parcours singulier, alors que le groupe engrange succès sur succès, Green pète un câble, victime d’addictions à l’alcool, la drogue et au LSD, produits qui ne font généralement pas bon ménage. Le guitariste se tourne alors vers l’ésotérisme et la religion, devient à moitié schizophrène et alterne son temps entre hôpitaux psychiatriques et de brefs retours sur scène. En 1996, Green revenait sur le devant de la scène avec la création du Splinter Group, formation fondée en compagnie de son ami et ancien partenaire Nigel Watson avec à la clef quatre albums salués par la critique internationale.

A l’orée du nouveau millénaire, Green et Watson enregistrent leur cinquième opus, « Hot Foot Powder », un hommage au mythe Robert Johnson. Cet album fait figure de suite logique à « Robert Johnson Songbook », un disque de 16 titres consacrés à Johnson. Enregistré au tout début de l’année 2000 au Roundel Studio Recordings de Dartford, un studio basé à la frontière de Londres et du Kent, ce nouvel apport voyait l’arrivée du contrebassiste Pete Stroud (ex Pete Droge, Roger Chapman) en remplacement de Neil Murray (ex Whitesnake, Black Sabbath et Colosseum II). L’arrivée de Stroud allait permettre de revenir à une sonorité plus vintage, plus douce, plus en rapport avec le répertoire de Johnson. Hormis ce remplacement, la line-up du Splinter Group reste stable avec le batteur Larry Tolfree (ex Joe Jackson, Otis Grand), le pianiste guitariste et propriétaire du Roundel Studio Roger Cotton, l’inamovible Nigel Watson (ex Stretch). Désireux de revenir à une orchestration plus acoustique, la formation accueille le guitariste folk Brian Bull pour deux titres mais surtout des invités légendaires venus d’Outre-Atlantique: le pianiste Dr John en provenance de la Nouvelle Orleans et les guitaristes Buddy GUY, Otis RUSH, Hubert SUMLIN, Honey Boy Edwards et Joe Louis Walker. Si ce genre de collaboration s’avère parfois préjudiciable quant à la cohésion du ton, il n’en est rien ici, les différents guest se fondent dans l’ensemble comme un sucre dans une tasse de café.

Green et le Splinter Group reprennent donc ici 13 titres du Sieur Johnson, véritable mythe du Delta Blues pourtant dépositaire d’une discographie des plus minces (à peine 30 faces gravées entre 1936 et 1937) et qui, ironie du sort, n’aura connu qu’un seul succès de son vivant. « I’m A Steady Rollin’ Man » ouvre les débats avec la présence d’Otis Rush. Il s’agit là en fait d’un titre refourgué issu du premier album éponyme du groupe, au même titre que « « Traveling Riverside Blues » avec la présence d’Honeyboy Edwards. Ce subterfuge n’altère un rien la cohérence de l’album et cette version se révèle plus déliée, moins confuse par rapport à celle popularisée par Clapton 25 ans auparavant sur « 461 Ocean Boulevard ». Le groupe délivre une version classique et sans esbroufe de « From Four Until Late », titre inspiré par le « Four O’Clock Blues » du cornettiste trompettiste Johnny Dunn. Dr. John vient poser quelques touches feutrées d’ivoire tandis que Green joue tout en fingerpicking. Une bonne interprétation dans la lignée de Richie Kotzen ou Clapton et bien supérieure à celles de John Hammond ou Jimmy Barnes. « They’re Red Hot » a connu lui aussi de multiples reprises (Red Hot Chili Peppers, Clapton, Kotzen sans oublier celle plus tardive de High Laurie, alias Dr. House) mais Green nous en propose une version apaisée, dans laquelle Dr John vient parsemer la mélodie de délicates touches de piano tandis que la contrebasse marque le tempo. Green et Watson s’attaquent aussi à de petits inusités : « Dead Shrimp Blues » dans lequel Hubert Sumlin délivre une véritable démonstration en seconde guitare. Découvert sur le tard trente ans après sa création, « Drunken Hearted Man » n’avait jamais été repris et Green influe au morceau une ambiance mêlant Rag et Slow Down Blues. Green s’attaque à l’une de ses reprises fétiches « Preachin’ Blues », titre joué sous plusieurs formes du temps de Fleetwood Mac, pour une interprétation des plus roots, là le bottleneck nous convie vers les bras morts du Mississippi. La corrélation des dialogues entre Green et Watson confère dynamisme et complicité. Ce titre a connu par la suiten quelques essais captivants (Sugaray Rayford ou Derek Trucks Band dans une version gorgée de slide) mais le Splinter Group nous en offre une excellente interprétation quasi respectueuse, à l’opposé de la version punky du Gun Club. Le groupe privilégie l’acoustique sur « Hell Hound On My Trail », la contrebasse énergique venant en contrepoint des deux guitares se révèlant comme la gardienne du temple. Une version pleine de douceur dans laquelle le timbre vocal n’obscurcit pas le son des guitares. Changement de teinte avec « Milcow’s Calf Blues », la slide endosse le premier rôle pour une interprétation soft valant les reprises de Clapton et de Robert Palmer. Green vaporise le titre de brefs coups d’harmonica qui contribuent à apporter de la nuance.
Difficile de reprendre du Robert Johnson sans jouer « Cross Road Blues », une variante de « Standing On The Crossroads » titre évoquant la rencontre du bluesman et du Diable à un carrefour. Nous avons là entre les mains le morceau probablement le plus repris, on ne compte plus le nombre de versions : Cream, Clapton, Spirit, Jeff Healey, Ry Cooder, Cyndi Laupers jusqu’à Cabrel et Paul Personne ou celles plus classiques de Johnny Shines, Eddie Taylor ou Homesick James. Splinter Group nous en donne une version convaincante proche du Delta. Autre grand titre « Come On In My Kitchen », une plainte hypnotique accommodée à toutes les sauces (Joe Ann Kelly, Steve Miller, Keb Mo jusqu’à la formation New Grass Crocked Still). C’est encore une fois l’acoustique qui domine, tandis que Peter Green susurre en solitaire dans l’attente de l’arrivée de sa maîtresse.

Produit sans surenchère, ce disque marquait le retour du brillant guitariste au parcours gâché. La formation va à l’essentiel, du Blues sans fioritures, sans démonstration outrancière de guitare. Du Low Down Blues dans toute sa splendeur. Le parallèle avec le disque « Me And Mr. Johnson » enregistré en 2004 par Eric Clapton, lui aussi grand fan du mythique bluesman, ne peut être évité, Clapton reprenant six titres figurant dans ce « Hot Foot Powder ». Un dernier pour signaler le côté vintage et humoristique de la pochette. Si l’album ne contient que des reprises, la spontanéité et l’authenticité du répertoire évitant toute esbroufe mérite une note de 4.

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   LE KINGBEE

 
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- Peter Green (chant, guitare, harmonica)
- Nigel Watson (guitare, chant)
- Pete Stroud (contrebasse)
- Larry Tolfree (batterie)
- Roger Cotton (piano, guitare)
- Dr. John (piano 2-5)
- Brian Bull (guitare 2-5)
- Buddy Guy (guitare 12)
- Otis Rush (guitare 1-4)
- Honeyboy Edwards (guitare 8)
- Joe Louis Walker (guitare 8)
- Hubert Sumlin (guitare 3)


1. I'm A Ready Rollin' Man.
2. From Four Until Late.
3. Dead Shrimp Blues.
4. Little Queen Of Spades.
5. They're Red Hot.
6. Preachin' Blues.
7. Hell Hound On My Trail.
8. Traveling Riverside Blues.
9. Malted Milk.
10. Milkcow's Calf Blues.
11. Drunken Hearted Man.
12. Cross Road Blues.
13. Come On In My Kitchen.



             



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