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ROCK TEINTé DE R&B  |  STUDIO

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1965 On Stage

Larry WILLIAMS - On Stage (1965)
Par LE KINGBEE le 3 Juin 2017          Consultée 1493 fois

« On Stage » demeure aujourd’hui le parfait exemple du Faux Live. Ne cherchons pas ici querelle ou polémique, Larry Williams est mort depuis des lustres et nous devons cette supercherie plutôt au label anglais Sue. Et puis il n’y a pas mort d’homme, après tout Barclay avec Vince Taylor et Johnny Halliday ont été coutumiers du fait comme tant d’autres.

Revenons très brièvement sur le parcours de cet énergumène qui a beaucoup nagé en eau trouble et qui finira hélas par s’y noyer. Larry Williams est né en 1935 à la Nouvelle Orléans. Il a dix ans quand sa famille tente sa chance en Californie, région plus propice à la réussite. Le gamin s’essaie à la basse puis passe au piano, instrument alors en vogue. Au début des années 50, Williams fait un retour sur sa terre natale et croise son cousin Lloyd Price qui le prend sous son aile, lui offrant un job d’accompagnateur, de chauffeur et de valet. L’entente cordiale entre les deux cousins sera de courte durée, Price étant mobilisé dans l’armée en 1954. Larry Williams se retrouve seul mais va rebondir chez Roy Brown avant de devenir chauffeur pour Fats Domino. A son retour de l’armée Lloyd Price quitte Specialty Records et part fonder à New York son propre label KRC. Bumps Blackwell producteur, arrangeur et talent scout de l’écurie Specialty se rappelle de Williams pour l’avoir vu sur scène le met à l’essai le 25 février 1957. Le pianiste chanteur à la gueule d’ange est expédié à Los Angeles et met en boite son premier single « Just Because » couplé à « Let Me Tell You Baby ». Art Rupe, patron du label Specialty désire juste contrer les ventes du single de son ancien poulain, le cousin Lloyd Price. La version de Williams si elle ne monte pas sur le podium atteint la 11ème place des charts, une place honorable. Surpris par les ventes du 45 tours, Rupe décide de remettre le couvert, le chanteur pianiste met alors en boite son second single qui se classe à la 1ère place des classements R&B.

Williams va ensuite graver quelques titres qui ne seront pas édités en single, Specialty jugeant les morceaux trop médiocres. Après l’été 57, on envoie le pianiste chanteur à Hollywood où il met en boite « Bony Moronie ». C’est l’effervescence chez Specialty, la chanson atteint la 14ème place des charts Pop et monte sur la 11ème marche du hit parade anglais. Pour le label qui vient de perdre Little Richard c’est une bouffée d’air pur et surtout du pognon !
Mais alors que Blackwell et Rupe envisagent une carrière internationale pour leur poulain, la suite s’annonce moins drôle. Larry Williams est un flambeur, il n’hésite pas à dilapider ses gains dans l’achat de Cadillac flambant neuves. En février 58, Williams enregistre « Dizzy Miss Lizzy » une bonne pièce de Rock n Roll cachant la forêt. En s’obstinant à essayer d’en faire un second Little Richard, Art Rupe n’a pas vu que les modes changeaient. Les singles de Larry Williams ne se vendent plus, et sa chute va être aussi fulgurante que son ascension, malgré le succès de « Lawdy Miss Clawdy », une reprise du cousin Price. Le pire reste à venir, fin 59 Williams se fait attraper par la patrouille pour vente et détention de produits stupéfiants et est expédié sous les verrous pendant 18 mois. A sa libération, Larry s’installe à Chicago où il enregistre une poignée de singles pour Chess, avant de repasser par la case prison pour proxénétisme et trafic de drogue.

Pendant son séjour au gnouf, tout a changé, le public s’est tourné vers la Soul, la variété, les danses à la mode (Twist, Surf, Popeye, Mashed Potatoes, Jerk ou Hully Gully), et personne n’a attendu Larry Williams qui se retrouve sans contrat mais avec une belle pancarte d’ex taulard autour du cou. Mais certains de ses titres sont tombés dans l’escarcelle de jeunes groupes anglais (Beatles, Rolling Stones) et se transforment en confortables royalties. A partir de 1964, notre bad boy entame une longue collaboration avec Johnny « Guitar » Watson avec une tournée en Angleterre. En 1968, Larry figure au générique du film « The Klansman » (« L’Homme du Clan ») aux cotés de Richard Burton, Lee Marvin et d’un autre afro américain qui fera lui aussi parler de lui O.J. Simpson. A partir de 1969, Larry Williams met en veille son activité musicale, occupé par des activités plus lucratives comme la vente de drogue et la prostitution. En 1978, la firme Fantasy lui remet le pied à l’étrier en publiant l’album « That Larry Williams » suivi du single « The Resurrection Of Funk » / « Funky Force » avec une pochette révélatrice représentant le chanteur en manteau de fourrure en train de remplir le réservoir d’une Rolls-Royce avec une bouteille de champagne. Mais à force de jouer avec le feu Larry Williams n’allait pas échappé à un funeste destin: le 7 janvier 1980, le LAPD retrouve le chanteur à son domicile de Laurel Canyon à Los Angeles avec une balle dans la tête. Une enquête sommaire conclura à un suicide. Certains témoignages affirment que Williams n’était pas homme à se tuer et mettent en lien ses rapports avec la pègre et certains réseaux de trafiquants locaux.

En 1965, Larry Williams se produit en Angleterre avec le guitariste Johnny « Guitar » Watson avec à la clef l’album « The Larry Williams Show », un Live issu d’un concert au Ricky Tick de Guilford, une bourgade au sud ouest de Londres. Quelques mois plus tard, Larry Williams profite de son séjour pour graver un nouveau disque en public. Il est encore accompagné par les Stormsville Shakers, un petit groupe autochtone du Surrey déjà présent sur le Live précédent. Mais cette fois « On Stage » est capté dans un studio dans lequel on a pris soin d’inviter une petite assemblée (dont Screamin’ Jay Hawkins). C’est à Screamin’ Lord Sutch, célèbre animateur d’une radio pirate entre autre, que revient l’honneur de chauffer une assistance bien imbibée. Il semble d’après divers témoignages que Larry chantait les morceaux trois par trois, faisait une petite pose en backstage pour vérifier le son et enchaînait sur trois autres morceaux. Du Live Bidon par excellence mais que Sue Records ne démentira jamais. Bien évidemment, Williams reprend deux de ses plus grands succès : « Dizzy Miss Lizzy » dans une interprétation se situant un ton en dessous de l’originale et n’ayant pas le charme des reprises de Ronnie Hawkins ou de celle des Beatles, probablement la plus connue. Il est fort possible que beaucoup préfèrent la version single de « Bony Maronie », mais avouons que Williams envoie le pâté aussi bien au piano qu’au micro.
Ce pseudo concert fait la part belle aux entrées à l’américaine avec bref titre d’intro en l’occurrence « She Said Yeah ». Les accompagnateurs et Williams n’ont guère de mal à gagner la ferveur des fêtards invités, ils semblent pleins comme une barrique et excités comme des puces. En fait les moments d’accalmie sont rares, hormis « High School Dance », une ballade New Orleans (rien à voir avec la purge homonyme des Sylvers), Larry Williams regorge de vitalité pour le plus grand plaisir d’une bande d’éméchés qui n’est pas venue là pour s’emmerder. Parmi les reprises, Williams n’hésite pas à influer du peps au « Think » des 5 Royales rejoignant ainsi la version de James Brown. Popularisé par Bobby Blue Bland, « Turn On Your Lovelight » est délivré entre deux eaux, les accompagnateurs jouent soft mais Larry se lâche vocalement, comme s’il était habité. Une version pas très éloignée de celle des Blues Brothers mais ne valant pas celles des Them, Gene Chandler ou Oscar Toney Jr. dans une dominante Soul. Il livre une version honnête de « Lawdy Miss Clawdy » beaucoup moins veloutée que celles de Lloyd Price et Presley.

Seconde période paisible avec « Try Me », grand succès de James Brown, dans lequel Williams chauffe la salle en déclamant les noms de James Brown, Little Richard, Bobby Blue Bland, Jerry Lee Lewis, Elvis et Fats Domino. Il n’en faut pas plus pour faire chavirer le public. Autre visite du répertoire brownien avec « Please Please Please » pour une version moins intense que l’originale, malgré toute leur bonne volonté les Stormsville Shakers ne valent pas les Flamous Flames du Godfather et ne témoignent pas de leur groove historique. Terminons cet éventail avec deux reprises de Little Richard. Avouons qu’on a connu des interprétations plus réussies, « Good Golly Miss Molly », malgré une bonne intro de piano, n’atteint l’énergie et l’ampérage de l’original et comble de l’ironie semble même inférieur à la version de Screamin’ Lord Sutch & The Savages (avec un certain Ritchie Blackmore à la guitare) gravée par le trublion britannique quatre avant qu’il ne fasse le chauffeur de salle. Impression similaire avec « Slippin’ And Slidin’ » inspiré du « I’m Wise » d’Eddie Bo. Si le piano et les sax mettent le paquet, le chanteur semble à bout de souffle et cette version se situe en dessous de l’originale et des reprises d’Otis Redding, des Rivingtons, des Five Americans ou de Lynn August.

Alors ce faux Live se situe aujourd’hui plus dans le domaine de la nostalgie des pionniers du Rock n Roll. La qualité sonore est certes acceptable mais loin d’être exceptionnelle ce qui nuit à l’écoute. Issu d’une folle nuit d’avril 1965, « On Stage » sera réédité par le label suédois Sonet en 1965 et en 1986 par le label allemand Star-Club Records. En 2011, Hocus Pocus Records a publié une version CD regroupant « On Stage » et « Larry Williams Greatest Hits » (Okeh 12123) paru en 1967. Pianiste fougueux et chanteur capable de belles nuances, Larry Williams est à classer dans le tiroir du Rock n Roll, compartiment R&B.

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- Larry Williams (chant, piano)
- Phillip Goodhand-tait (orgue)
- Ivor Shackleton (guitare)
- Dick 'fancy' Forcey (batterie)
- Kirk Riddle (basse)
- Dave Sherrington (saxophone)
- Tony Hurley (saxophone)


1. Dizzy Miss Lizzy.
2. High School Dance.
3. Think.
4. Turn On Your Lovelight.
5. Lawdy Miss Clawdy.
6. Short Fat Fannie.
7. Try Me.
8. Good Golly Miss Molly.
9. Send Me Some Lovin'.
10. Slippin' And Slidin'.
11. Bony Moronie.
12. Please Please Please.
13. Long Tall Sally.



             



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