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1962 Her Name Is Erma

Erma FRANKLIN - Her Name Is Erma (1962)
Par LE KINGBEE le 15 Juillet 2017          Consultée 1071 fois

Dans la famille Franklin, après le père (le Reverend CL Franklin), la soeur (Aretha), l’autre sœur (Carolyn) voici Erma. Bonne pioche ! Il y a dans l’histoire de la musique des trucs invraisemblables. A l’écoute de ce premier disque de la sœur ainée d’Aretha Franklin, on peut se demander pourquoi cette superbe chanteuse n’a pas connu une carrière plus en rapport avec son talent, la discographie de la sœur ainée d’Aretha parait étrangement squelettique.

Erma Vernice FRANKLIN est née à Shelby (Mississippi) en mars 1939, trois ans avant Aretha. Elle passe le début de son enfance à Buffalo où son paternel a décroché un ministère et s’installe durablement à Detroit en 1945, le Révérend Franklin officiant à la New Bethel Baptist Church. A sept ans, la gamine intègre la chorale du paternel et chante au sein des Cleo-Patrettes. La petite troupe vocale enregistre un disque pour le label JVB de Joe Von Battle. Ah … la jeune Erma aurait bien aimé poursuivre une si belle aventure, mais le bon révérend se montre intransigeant avec son ainée, exige qu’elle poursuive ses études, ne voyant pas la chanson profane d’un bon œil. Sa mère partie alors que la gamine n’avait que neuf ans ne peut rien pour elle, c’est le révérend qui décide de tout et pour tous. Adieux veau vache cochon et nez dans les bouquins !

Quand l’adolescente ne révise pas, elle est sur la route avec son père prêchant les louanges du Seigneur aux ouailles de la Motor City. Tu parles d’une vie ! Et pourtant Erma a bien failli enregistrer pour Berry Gordy, patron visionnaire du label Motown. L’adolescente ira même à Chicago demander de l’aide à Phil Chess pour qu’il distribue un disque qui ne verra jamais le jour, le projet tombant à l’eau aussi sec. Erma voit donc son rêve s’envoler et devient conseillère d’orientation dans un collège d’Atlanta. Mais la passion pour la musique ne s’est pas envolée pour autant, la jeune femme compose pendant son temps libre et décroche un contrat en 1961 avec Epic enregistrant pour la firme un premier single, soit un an après le premier single de sa sœur cadette. Certaines de ses compositions deviendront des succès chantés par d’autres : « You Got What It Takes » (Marv Johnson), « All I Could Do Was Cry » (Etta James), ou plus tard « Sweetest Feeling » interprété par Jackie Wilson sont toutes issues de la plume d’Erma Franklin qui, consternée, ne sera jamais accréditée. Le monde de la musique regorgeait de filous prêts à tout pour s’accaparer sans vergogne le travail des autres du moment que cela rapporte.

Si le parallèle entre les deux sœurs n’est pas tout à fait similaire, les deux chanteuses sont toutefois confrontées à deux maisons de disques peu à l’aise dans le domaine de la Soul. A l’instar de la Columbia pour Aretha, Epic place la chanteuse sur un domaine mêlant romances jazzy et ballades pop dans lequel le gospel et le R&B demeurent sous-jacents. Entre 1961 et 1963, Erma va enregistrer sept 45 tours. « Her Name Is Erma », son premier disque, sort dans les bacs en 1962 et reprenant six titres édités en single. Placée sous la houlette de Robert Mersey (arrangeur et chef d’orchestre d’Aretha pour la période Columbia), Erma distille ici une majorité de ballades jazzy souvent obsolètes, à la limite de la guimauve très à la mode au début des sixties. Les romances sentimentales et «  bonne enfant » demeurent la trame principale du disque : « Ev’rytime We Say Goodbye », vieux recyclage de Cole Porter repris entre autre par Ella Fitzgerald, Dinah Washington ou Shirley Bassey, « Detour Ahead », repris antérieurement par Woody Herman et Anita O’Day, « Time After Time » (rien à voir avec le hit de Cindy Lauper) popularisé par Sinatra, ou bien encore « Never Let Me Go » une ballade de Johnny Ace reprise par les Impressions et Aretha en 1967, sont les exemples les plus parlants du répertoire dans lequel Epic a niché la chanteuse.

Si l’orchestration et les arrangements paraissent aujourd’hui bien surannés, il n’en demeure pas moins vrai que le chant d’Erma Franklin, proche de « Lady Soul », fait mouche pratiquement à tout coups. Certaines romances sont ici magnifiées par le timbre de la chanteuse : « Saving My Love For You », une vieille ballade de Don Robey interprétée ici sous des effluves jazzy avec vibraphone, « Don’t Blame It », une soupe des années 30 de Jimmy McHugh dans laquelle Erma parvient à éteindre l’horrible chape de violons relègue à des années lumière les versions des Platters, Everly Brothers ou Patti Page. C’est bien évidemment sur les titres les plus dynamiques que la chanteuse prend son véritable envol : « Hello Again », « It’s Over » une pièce gorgée de R&B et de Gospel. Mais si une mention devait être décernée, « Each Night I Cry », un chef d’œuvre de Deep Soul composé par sa sœur Carolyn, où le chant dévaste tout sur son passage remporterait la palme.

Erma Franklin fera une brève tentative de come back en 1967 enregistrant quatre singles pour Shout et quatre autres pour Brunswick et l’album « Soul Sister ». L’ainée d’Aretha reste connue pour avoir interprété en octobre « Piece Of My Heart »*, une pépite Soul du tandem Bert Russell /Jerry Ragovoy (numéro 10 dans les classements R&B en novembre 67), éclipsé l’été suivant par la reprise de Big Brother & The Holding Company, groupe d’une célèbre chanteuse rousse. La mort soudaine de Bert Berns (alias Bert Russell) mettra un frein à la carrière d’Erma Franklin qui embrassera alors une carrière associative et sociale en faveur d’enfants défavorisés au Boysville Holly Cross Community Centre de Detroit. Erma Franklin, auteure de sporadiques retours comme choriste, nous a quittés en septembre 2002 victime d’un cancer. A l’écoute de ce superbe timbre vocal, on peut se dire que le bon Révérend Franklin n’avait pas engendré une chanteuse d’exception, mais deux ! Le répertoire pioché en partie dans les années d’après guerre et les orchestrations empêchent une note haute, mais le vocal d’Erma Franklin vaut à lui seul un bon 3.

*Le titre connaîtra une résurrection en 1992 en intégrant la bande son d’une publicité pour une célèbre marque de jeans. Cette chronique provient du second pressage publié en stéréo. En 2016, le disque a fait l’objet d’une réédition vinyle via le label Cornbread Records incluant deux titres bonus issus d’un single Epic 9594.

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   LE KINGBEE

 
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- Erma Franklin (chant)
- Robert Mersey Orchestra.
- Sammy Lowe Orchestra (6)


1. Hello Again
2. Ev'rytime We Say Goodbye
3. What Kind Of Girl (do You Think I Am?)
4. Don't Blame Me
5. Detour Ahead
6. Time After Time
7. It's Over
8. Never Let Me Go
9. Each Night I Cry
10. Saving My Love For You
11. Pledging My Love
12. The Man I Love



             



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