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1972 Alice Clark

Alice CLARK - Alice Clark (1972)
Par LE KINGBEE le 24 Août 2017          Consultée 1354 fois

La discographie d’Alice Clark, chanteuse quasi inconnue, ne risque pas d’encombrer les discothèques, ses singles se comptant sur les doigts d’une seule main.
Native de Bedford Stuyvesant, un modeste quartier de Brooklyn (même lieu qu’Harry Nilsson ou les rappeurs Mos Def et Jay Z) où elle voit le jour à la fin des années 40, Alice Clark n’a enregistré qu’un seul et unique album, celui-ci.
Après avoir gravé un premier single pour le micro label Rainy Day sous la houlette de Billy Vera, elle enregistre deux 45 tours qui ne seront pas publiés. Elle partage alors son temps entre son métier de coiffeuse, sa famille et sa paroisse où elle se consacre au chant.
Remarquée en 1972 par Bob Shad, patron de Mainstream Records, label spécialisé dans le jazz et le gospel, Alice retourne en studio dirigée par l’arrangeur chef d’orchestre saxophoniste Ernie Wilkins, ancien compagnon de route de Count Basie, Dizzy Gillespie. Alice n’est venue qu’avec sa voix, sans aucune composition. Shad et Wilkins décident donc de lui concocter un répertoire sur mesure avec un ensemble de chansons mêlant reprises inusitées et nouveaux morceaux composés spécialement pour le disque.
Bien que le label ait publié plusieurs singles de Rock et de Pop (Big Brother & Holding Company et les Amboy Dukes de Ted Nugent), il demeure cantonné dans le Jazz et le Jazz vocal (Carmen McRae, Sarah Vaughan sont ses têtes d’affiches). Dans l’esprit de Bob Shad et d’Ernie Wilkins, un répertoire moderne gorgé de Deep Soul ou de Funk demeure incompatible avec le catalogue de la maison de disque. Alors que la Stax et Hi Records à Memphis triomphent encore sur les ondes sudistes, à Chicago, Curtis Mayfield met en boîte « Super Fly », les Supremes et les Jackson Five trustent les succès pour la Motown à Detroit, tandis qu’à Philadelphie Billy Paul fait un carton avec « Me And Mrs Jones ». Malgré les changements de tendances émergeant à l’orée des seventies, Shad et son arrangeur maison se cantonnent dans une Soul sophistiquée et jazzy bien éloignée des modes.

C’est donc avec l’orchestre d’Ernie Wilkins qu’Alice Clark rentre en scène, épaulée par deux choristes maison Maxine Weldon et Ellerine Harding et le guitariste texan Ted Dunbar, ancien accompagnateur de David « Fathead » Newman, McCoy Tyner au phrasé des plus jazzy. Cette séance débouche comme il se doit sur un ensemble de ballades de seconde zone, certes classieuse mais ampoulée par une orchestration et des arrangements délicats qui restent immanquablement figés entre deux chaises, la Soul Jazz et une Soul new-yorkaise, registre qui n’a jamais cassé trois pattes à un canard.
La chanteuse donne pourtant le meilleur d’elle-même sur « I Keep It Hid » une compo Country Soul du songwriter Jimmy Webb reprise par Ray Charles et les Supremes. La voix sans la moindre distorsion semble s’envoler à l’instar de celle de Janis Joplin, Alice donne tout ce qu’elle a. La coloration jazzy est nettement palpable sur « Looking At Life », un inusité de son homonyme Petula Clark. Si la version originale n’offrait qu’une dualité voix/piano, la reprise d’Alice Clark s’avère plus dense malgré un saxophone intempestif.
Les ballades plus ou moins jazzy se succèdent à qui mieux mieux : « Don’t Wonder Why » dans laquelle le chant relègue bien loin celui de Stevie Wonder ou Cissy Houston (auteurs de reprises précédentes) aurait pu cartonner avec une orchestration orientée sur la Deep Soul. Malgré la guitare de Ted Dunbar et un chant plein de détermination, « Maybe This Time », une reprise tirée du fil « Cabaret » via Liza Minnelli, ne décolle pas vraiment et pourtant le vocal d’Alice est largement supérieur à celui du crooner Tony Bennett. Toutes les caractéristiques de la Soul de la Big Apple se retranscrivent sur « Never Did I Stop Loving You » (future reprise du groupe australien de Soul Vintage The Bamboos).
Bobby Hebb, auteur du standard « Sunny », apporte une bonne contribution avec pas moins de trois titres. « Charms Of The Arms Of Love » est l’exemple même du morceau qui aurait pu faire un carton s’il avait été enregistré du côté de Muscle Shoals. L’orchestre essaie bien d’imprimer un peu de peps sur « Hard Time Promises » mais le morceau débouche sur une Soul Pop avec une mélodie peu accrocheuse où seul le chant se met en exergue. Même impression avec « It Takes Too Long To Learn To Live Alone » dont l’orchestre surchargé de cuivre finit par lasser. Et pourtant le feeling de la chanteuse paraît ici bien supérieur à ceux de Peggy Lee ou de la chanteuse country Eydie Gorme, toutes deux repreneuses du morceaux. Alice Clark est impeccable sur « Hey Girl », une compo d’Earl DeRouen, batteur de Donnie Hathaway.
Terminons ce panorama par une pépite qui aurait pu rentrer dans les charts : « Don’t You Care », véritable ballade de soul sudiste qu’on croirait sortie tout droit des productions Fame et dans laquelle le chant rehaussé par les deux choristes évoque Ann Peebles ou Candi Staton.

Faute de promotion, un seul single vient épauler la sortie du disque, le seul album d’Alice Clark ne connaît qu’un succès d’estime.
Curieusement, le nom d’Alice Clark a refait surface à l’orée du nouveau millénaire, certains labels de Soul rééditant en singles quelques titres de la chanteuse redécouverte par des amateurs anglais de Northern Soul. Une belle jambe pour cette excellente chanteuse décédée en 2004. On peut se demander de quoi aurait été faite la carrière de la new-yorkaise si elle avait été découverte par Atlantic ou placée entre les mains de Willie Mitchell ? Résultat un chant expressif, plein d’émotion pouvant se faire puissant, malheureusement peu mis en valeur par des arrangements trop sophistiqués et envahissants. Mais le vocal et la moitié de ces ballades valent à elles seules un 2,5 qui sera ramené à un bon 3. A noter que le label anglais BGP spécialisé dans les rééditions a réédité le disque en 2010 avec 6 titres en bonus et en version vinyle en 2016 avec cette fois 5 faces issues des singles.

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- Alice Clark (chant)
- Ted Dunbar (guitare)
- Ernie Wilkins Orchestra.
- Maxine Weldon (chœurs)
- Ellerine Harding (chœurs)


1. I Keep It Hid.
2. Looking At Life.
3. Don't Wonder Why.
4. Maybe This Time.
5. Never Did I Stop Loving You.
6. Charms Of The Arms Of Love.
7. Don't You Care.
8. It Takes Too Long To Learn To Live Alone.
9. Hard Hard Promises.
10. Hey Girl.



             



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