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POST PUNK PSYCHéDéLIQUE  |  STUDIO

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BUTTHOLE SURFERS - Psychic, Powerless... Another Man's Sac (1984)
Par NOSFERATU le 31 Août 2017          Consultée 2531 fois

« Ils versaient du LSD dans leurs céréales tous les matins et faisaient passer le tout avec une dose de whisky Johnny Walker Red. Au déjeuner, de la bière, au dîner, de la weed mexicaine fumée dans des bongs sans eau. Suivi d’une quinte de toux de deux heures, après quoi ils se prenaient un second bol de LSD, une heure avant de monter sur scène. ». Ainsi témoigne Mark Kramer - membre des bizarres Bongwater, fondateur du label Shimmy-Disc et producteur de gens plutôt cramés tel que Galaxie 500, Daniel Johnston, il y a quelques années, en relatant son expérience de tournée avec les Surfers du trou du cul. Le rock doit il être dingue pour être bon ? Ce témoignage donne déjà une réponse. Nos surfers s’inscrivent ainsi dans une longue lignée de fous furieux qui les a d’ailleurs bien influencés : SYD BARRET, 13TH FLOOR ELEVATORS (des texans comme eux) , STOOGES, DEVO, CHROME….

Tout part en 77, l’année de la haine punk. A Dallas, un certain Gibby Haines (à la base un étudiant en comptabilité, ne riez pas !) traîne ses guêtres de « freaks «  hirsutes et rencontre un autre huluberlu dénommé Paul Leary qui joue (mais si peu) de la guitare. Tous deux suivent de près les élucubrations du courant punk. Etaient-ils à Dallas ce fameux jour où les PISTOLS jouèrent un show provocateur particulièrement chaotique devant des cow boys réacs ? Possible, allez, on dira qu’ils y étaient ! Par contre, ils sont surtout très proches des pistols du coin, ces DICKS dont les compositions annoncent le hardcore naissant.En même temps, nos deux zouaves revendiquent le psychédélisme local.

Autant donc monter un groupe barré sur les traces du géniteur du coin, l’incroyable ROCKY ERICSON. Mais il faut attendre l’année 1981 avec l’explosion underground du hardcore pour que le combo se forme avec d’autres malades du binaire déviant. Les noms du groupe suivent, tous plus bigarrés les uns que les autres : ASHTRAY BABY HEADS (les cendriers en crânes de bébés), NINE FOOT WORM MAKES HOME FOOD (le vers de neuf pieds de long constitue sa propre nourriture). Un présentateur radio qui a le malheur (ou le bonheur) de passer un de leurs titres, se plante en les présentant comme les BUTTHOLE SURFERS, alors que c’est une de leurs chansons ! « Allez , on adopte celui-ci , çà nous va comme un gant » ont-ils du se dire ce jour historique…

C’est BIAFRA, obsédé par tout ce qui est bien trash, qui les repère. Leur premier EP, au nom éponyme, sort donc sur le label agité du leader des DEAD KENNEDYS. L’ensemble est absurde à souhait, la pochette donnant le ton, ayant été elle même confectionnée par les deux compères. S’ensuit une tournée mondiale apocalyptique. Les spectateurs sont médusés par cet espèce de cirque à la fois arty et destroy ravageant (dans tous les sens du terme) les pauvres scènes les accueillant. A New York, ils arrivent en territoire conquis devant un parterre de fans acquis depuis quelques années aux sonorités bizarres de la no wave. Les membres de SONIC YOUTH alors présents, pourtant habitués à toutes sortes de bizarreries sont estomaqués. A Seattle, de futurs cadors de la scène grunge, sont ébranlés par la violence folle dégagée par ces créatures. À la fin de cette tournée dantesque, ces dernières se relocalisent à Winterville dans la banlieue d'Athens, en Géorgie. Là elles dévergondent les membres d’un groupe indie rock jusqu'alors gentiment « estudiantin » qui monte, R.E.M.

Car sur scène, çà y allait fort : Vidéos d’opérations médicales, mannequins bourrés de hamburgers, capotes remplies de colorants alimentaires, apparitions d’extra terrestres… Les membres sous L.S.D., dans la droite lignée des performances légendaires sixties du Living theater ou du courant Fluxux n’hésitent pas à allumer des incendies (allumer le feu !), à se foutre à poil et à copuler renvoyant l’ALICE COOPER BAND de 1969 pour du MUPPETS SHOW. Après c’est l’album au titre insensé qui suit donc promettant monts et merveilles soniques sortant sur l’excellent label post hardcore Touch and Go, label évidemment situé à Détroit, la ville de tous les outrages sonores depuis MC5. Deux batteurs, les frères siamois Theresa Taylor et King Coffey prennent part à cette bacchanale hallucinante.

Dès « concubine », on rentre effectivement dans un univers de cinglés en entendant ces hurlements vocodés et cette rythmique complètement malade. On écoute tétanisé des effets psychédéliques dérangés (« Dum Dum »). « Negro Observer » commence avec une mélodie paraissant innocente puis le tout devient de plus en plus déglingué. C’est souvent inquiétant et planant (les rires démoniaques de « cherub »). Avec « Cow boy bob », on se croirait être tout simplement dans le film « schock corridor ». On remarque pourtant des influences dans ce foutoir dadaiste. « Eye of the chicken » rappelle le CHROME de la grande époque. » Woly boly » est une sorte de rockabilly ultra massacré faisant passer les CRAMPS pour les FORBANS. « Butthole surfer » nous remémore un peu les folkeux nihilistes expérimentaux GODZS (celui qui écoute leur cultissime "Contact High With The Godz" datant de 1966 ne peut être humain) , ce titre part ensuite vers le hardcore débile, inspiré, paraitrait il, par les VENTURES, groupe de surf instrumental des années 60 (on cherche à ce jour encore cette inspiration !). L’alcoolisé « Lady sniff » est un blues anéanti visiblement sous effet PERE UBU. « Mexican caravan » sonne comme du DEVO speedé. « Gary floyd » dédié au hurleur éponyme des DICKS, résonne comme du GUN CLUB aliéné.

Un feu d’artifice acide en quelque sorte qui inaugure une discographie bien décalée.

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   NOSFERATU

 
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- Gibby Haynes (chant)
- Paul Leary (gratte, chant)
- Jeffrey ‘king’ Coffey (batterie)
- Teresa Nervosa (batterie)
- Bill Jolly (basse)


- Concubine
- Eye Of The Chicken
- Dum Dum
- woly Boly
- negro Observer
- butthole Surfer
- lady Sniff
- cherub
- mexican Caravan
- cowboy Bob
- gary Floyd



             



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