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- Style : The United States Of America

13TH FLOOR ELEVATORS - Bulls Of The Woods (1969)
Par NOSFERATU le 10 Mai 2020          Consultée 1642 fois

Sur Easter Everywhere, l’aspect psychédélique l’emporte encore plus que sur le premier, autant pour l’enrobage purement musical que les lyrics de plus en plus portés sur la dope et les délires occultes qui vont de pair. Bull of the woods sort durant l’année 69, l’année érotique qui voit la fin de la première vague hippie. Mais c’est surtout l’année du drame d'Altamont qui voit la violence originelle liée au rock retrouver sa facette plus extrême. C’est aussi, malheureusement, le carnage à Hollywood de l’actrice Sharon Tate et de ses amis par les cinglés de la family Manson.

Sinon c’est une année bénie pour le psychédélisme qui repousse les rivages d’une musique sans limites qui va vite prendre des parures progs. En attendant, cette singulière musique voit arriver les œuvres barrées de MORGEN (heavy velvetien), GROUP 1850 (floydienne en diable), HEAD SHOP (garage fuzzé psychotrope), ARZACHEL et KING CRIMSON ((proto prog, sans l’emphase future envahissante), STOOGES (avant-garde garage )… Bulls Of the Woods s’inscrit dans ce psychédélisme déviant qui ne doit rien, on ne le répétera jamais assez, aux fleurs désormais fanées de la Californie.

Les membres de cet ascenseur spatial prennent alors une consommation de LSD à effrayer les PRETTY THINGS de Sf Sorrow. Ce qui entraîne inévitablement des tensions entre eux. Sur scène, Roky Erickson a du mal à tenir un concert à peu près normalement et s’isole des autres, eux-mêmes bien abîmés. En 68, ce dernier et Stacy Sutherland sont arrêtés à cause du shit qu’ils ont régulièrement sur eux. Stacy est condamnné à quelques mois de prison ferme. Mais Roky affirme qu’il est un martien et qu’il se métamorphose le soir en loup-garou. Les juges, effrayés, l’envoient directement en hôpital psychiatrique. Comme c’est un alien, naturellement, il s’échappe de l’asile en question, après avoir fait peur aux pensionnaires et aux autres malades. De nouveau, un mandat d'arrêt est lancé contre lui, et il est une nouvelle fois arrêté toujours en possession de drogues. Le tribunal le prend pour un véritable malade mental et il est dirigé dans un établissement pour des freaks du genre de CHARLES MANSON. Ambiance "Shock Corridor" meets "La nuit des morts-vivants".

Durant ces pérégrinations judiciaires, leur label sort un faux album live. Ce disque est bien sûr une arnaque. On y entend quelques titres de leur crucial premier album en plus de diverses reprises, avec des applaudissements rajoutés par-dessus. Inutile, bien sûr, de le chroniquer dans notre cher webzine. A ce moment-là, nos 13TH FLOOR ELEVATORS sont ainsi des morts-vivants qui effraieraient même les zombies recrutés par Georges Romero pour son fameux film qui sort à cette époque crépusculaire. Bull of the Woods est surtout l’œuvre de Stacy, le moins cramé du bulbe de la confrérie. On retrouve toutefois Roky tentant de chanter sur quelques morceaux. A l’écoute du disque, on s’attend par conséquent à une catastrophe inaudible à la FUGS (autres poètes beakniks du moment complètement à la ramasse), il n’en est rien.

Ce qui ressort le plus sur le disque, c’est un coté blues rock mélangé à du psyché fracassé . "Living on" ou "Street Song" sont des sortes de rock'n'roll avec une réverbération spatiale fuzzée à mort. Le blues planant de "Barnyard Blues" montre le jeu d’une basse vaporeuse à donner le tournis. "Till Then" sonne presque comme du GRATEFUL DEAD, avec un aspect plus primitif. "Down By The River" renoue avec le garage stonien du premier album. Trois titres ont même certaines fioritures pop : "Dr Doom" lorgne vers les délires solos d’un SYD BARRETT, voire des BEATLES de la période Revolver. De même, la comptine folky "With You". "Never Another" est chaloupé et l’on retrouve la marque de fabrique du groupe, vous savez la fameuse cruche. On y entend aussi des cuivres, un passage vaguement soul, un must. On dirait, presque vingt ans plus tôt, les élucubrations du gang de Bobby Gillespie : PRIMAL SCREAM.

Et puis, il y a une facette prière mystique. Que l’on retrouve sur ce "Rose And The Thorn", sorte de blues cosmique transformé en oraison hallucinatoire, le merveilleux "Scarlets And Gold", avec cette osmose basse/batterie ultra–planante, délivrant une géniale péroraison tribale et chamanique. "May the Circle Remain Unbroken", qui finit cette œuvre à réhabiliter, avec une guitare qui semble tituber, possède une ambiance d’une beauté sinistre marquée par l’utilisation d’un orgue. L’atmosphère éthérée annonce quasiment le Shoegaze avant l’heure. Les vocaux murmurés donnent une impression de messe païenne à la COVEN, la grandiloquence pompeuse en moins. Le disque est réédité avec d’autres morceaux comme ce "Wait For My Love" signé Hall et Sutherland, sonnant comme du BYRDS primaire.

On a affaire ainsi à un grand disque de zombies, peut-être même supérieur au premier, beau brouillon avec le fameux hit "You're Gonna Miss Me". De là à croire que plus on est défoncé, meilleure est la musique qu'on fait...

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   NOSFERATU

 
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- Roky Erickson (chant, guitare rythmique)
- Stacy Sutherland (guitare de plomb, chant)
- Tommy Hall (cruche électrique)
- Ronnie Leatherman (basse)
- Duke Davis (basse)
- Danny Thomas (batterie)


1. Livin' On
2. Barnyard Blues
3. Til Then
4. Never Another
5. Rose And The Thorn
6. Down By The River
7. Scarlet And Gold
8. Street Song
9. Dr. Doom
10. With You
11. May The Circle Remain Unbroken



             



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