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1998 Everyday, I Had The Blues

Bill DOGGETT - Everyday, I Had The Blues (1998)
Par LE KINGBEE le 30 Septembre 2017          Consultée 1322 fois

Originaire de Philadelphie où il voit le jour en 1916, Bill DOGGETT se lance dans l’apprentissage du piano et de l’orgue à 9 ans par le biais de sa mère, pianiste dans une chorale paroissiale. Après avoir quitté le lycée, il intègre le Jimmy Gorham Band en 1935, orchestre dont il devient leader trois ans plus tard. Il enchaîne ensuite dans l’orchestre de Lucky Millinder comme pianiste arrangeur et trois ans avant que la planète ne s’embrase dans la Seconde Guerre Mondiale, rejoint les Ink Spots. Parallèlement à sa carrière au sein de la formation vocale, il engrange un paquet de sessions dans un rôle d’accompagnateur (Ella Fitzgerald, Helen Humes, Johnny Otis, Wynonie Harris) et signe moult arrangements pour Lionel Hampton, Count Basie et Louis Armstrong.
En 1949, il remplace Wild Bill Davis dans l’orchestre de Louis Jordan. Deux ans plus tard, à l’instar de son prédécesseur, il décide de quitter le Tympany Five de Jordan pour entamer une carrière solo, se lançant dans les prémices de l’orgue Hammond B3. En 1952, il décroche un contrat chez King Records. Après un premier 78 tours qui ne connaît aucun succès, Doggett qui jouait jusqu’alors en trio décide de densifier la formule en incorporant un saxophoniste et Billy Butler à la guitare. Doggett met en boîte une vingtaine de singles pour King mais aucun ne rentre dans les charts. Ce n’est qu’en 1956, alors qu’il a 40 balais au compteur, que l’organiste connaît son heure de gloire avec « Honky Tonk », un instrumental de danse improvisé quelques semaines avant dans un club. Enregistré en deux parties, le single monte sur la seconde marche des classements R&B et la 3ème du hit parade Pop.
Ce premier carton est suivi de quelques bonnes réussites : « « Slow Walk », « Hold It », « Ram-Bunk-Shush » et « Rainbow Riot » font tous leur apparition dans les charts de l’époque.
En 1960, il tente de négocier une modeste augmentation avec Syd Nathan. Après tout, ses récents succès ont rapporté plusieurs millions de dollars à l’écurie de Cincinnati. Devant l’intransigeance de Nathan, Doggett quitte le label pour être embauché par la Warner. L’organiste poursuit sa carrière chez Columbia, Sue, ABC et Roulette Records, participant ainsi à toutes les phases de l’histoire de la musique populaire afro-américaine.
Au début des sixties, alors que le succès s’évapore peu à peu, l’organiste privilégie l’univers du Jazz et du Blues. Son impact sur l’expansion de l’orgue Hammond est incontestable, l’instrument ne tardant pas à devenir l’une des composantes da la Soul de Memphis à travers les Mar-Kays et Booker T & The MG’s.

Durant les années 70, Bill Doggett ne cesse d’être sur les routes, se produisant constamment aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe ou au Japon. Son répertoire lui permet d’accéder au festival de Jazz mais aussi de Blues, l’organiste s’illustrant toujours dans une veine dans laquelle R&B et Swing se marient souvent pour le meilleur. Le label français Black & Blue fondé par Jean-Pierre Tahmazian et Jean-Marie Monestier s’est depuis trois ans lancé dans une série de publications dédiées au Jazz et au Blues. Profitant alors de la venue sur le sol français de vedettes américaines trop longtemps ignorées de notre continent, la petite maison de disque laisse libre cours à d’illustres musiciens aux cours de multiples sessions d’enregistrements. Et presque un demi-siècle après la création du label, il convient d’admettre que nombreux sont parmi ces musiciens d’Outre-Atlantique ceux qui graveront leurs meilleurs disques pour le compte de l’écurie française, Cocorico !
Bill Doggett fait l’objet de plusieurs publications éditées par Black & Blue, le label lui consacrant pas moins de trois disques. Le présent CD est en fait la réédition du vinyle « I Don’t Know Much About Love », faisant lui-même l’objet d’une publication CD en 1991, agrémentée ici par deux titres bonus et bénéficiant d’une remasterisation ne modifiant pas trop l’essence sonore de la première édition. On note toutefois un changement de pistes dans cette nouvelle édition, modification qui ne nous semblait pas indispensable.

C’est au studio d’Hérouville que Bill Doggett enregistre cette séance en mai 1971. Le studio tourne à cette époque 20H sur 24, la prise de son étant assurée par un tout jeune Dominique Blanc-Francard. Le garçon connaît la musique.Il a été bassiste pour les Pingouins, éphémère groupe Yéyé Rock du début sixties. Le studio d’Hérouville bénéficie d’une solide réputation et peut se targuer d’être l’un des premiers studios résidence du territoire. C’est là que les Bee Gees ont enregistré « Saturday Night Fever », David BOWIE « Pin Ups », PINK FLOYD « Obscurred By Clouds », URIAH HEEP « Sweet Freedom ». Là encore que T Rex, Elton JOHN, Buddy Guy, Memphis Slim, FLEETWOOD MAC avec « Mirage » se sont déplacés presque ventre à terre pour graver quelques-uns de leurs disques. C’est donc un studio capable de mettre en boîte différentes sources sonores, mais le Blues par l’intermédiaire de Black & Blue y est de plus en plus représenté.

Pour cette venue en France, Bill Doggett est arrivé avec sa formation attitrée plus la chanteuse Toni Williams. Dès les premières notes, on se rend compte que l’orgue Hammond tapisse un canevas sonore dans lequel viennent s’engouffrer les riffs du guitariste Benny Goodwin, jeune guitariste noir totalement inconnu et dont on n’entendra plus jamais parler et le saxophone de Billy Martin (ex chef d’orchestre de Joe Scott). Fidèle à son habitude, l’organiste se contente ici de tisser les trames d’un répertoire voguant entre Blues et Jazz. Doggett délivre quatre compositions dont « J.M. Blues » un instrumental qui ouvrira la voie à Rhoda Scott, future star de l’orgue Hammond. Mais ce sont ici la guitare et le saxophone qui retiennent l’attention, boostant ce shuffle jazzy. Autre compo, « I Don’t Know Much About Love » fait office de slow blues porté encore une fois par le saxophone et la guitare, tandis que l’instrumental « Blues For Hugues » est un hommage relativement soft au guitariste texan Joe Hugues. « Morh Truth » se situe à mi chemin entre les Mar-Kays et Booker T. & The MG’s, le titre laisse à penser que l’instrumental est un clin d’œil à Kurt Mohr, célèbre journaliste franco-suisse et maître de la discographie qui avait édité l’album « Hot Doggett » dix ans avant.
Au rayon des reprises, le quintet s’attaque au standard de Memphis Slim « Every Day I Have The Blues » chanté par Benny Goodwin, l’organiste se contentant de nous livrer un fond sonore tel un rythmicien. Si l’interprétation du standard s’avère honnête, avouons qu’elle ne fait pas oublier les versions de Lowell Fulson, Howard Tate, Otis Rush et encore moins la version Live d’Albert King. Le quintet reprend le hit de Booker T. & The MG’s « Green Onions », un ancien numéro 3 au Hot 100 en 1962, du rarement vu pour une pièce instrumentale. Si la version originale restera à jamais dans les annales, celle de Bill Doggett vaut largement en terme de groove celles des Ventures, Trashmen, Surfaris ou Lucky Peterson (on recommande l’écoute des interprétations de Johnny Thunders ou Roy Buchanan dans un autre registre). Terminons ce panorama avec un bon feu d’artifice. « I’ve Been Lovin’ You Too Long », l’un des premiers gros cartons d’Otis Redding dont la version a marqué plusieurs générations, a connu son lot de reprises : des excellentes (Aretha Franklin, Irma Thomas, Arthur Conley, Tina Turner, Marc Broussard) et hélas d’exécrables (Chris Farlowe, Percy Sledge, Poppa Chubby ou Barbara Mandrell). Et avouons que la chanteuse Toni Williams (seulement une poignée de singles à son actif) s’en tire superbement, apportant toute sa sensibilité et sa force pleine d’émoi, malgré une batterie parfois intempestive.

« Everyday I Have The Blues » représente la quintessence de l’Hammond Blues du début seventies, proposant une ambiance se bringuebalant entre Blues, Jazz et instrumentaux dansants. Seul bémol, les deux titres bonus (2 alternates) ne semblaient pas primordiaux, ils font ici office de rallonge inutile.
Bill Doggett, organiste de talent un peu dans le style de Milt Buckner, s’est produit jusqu’en 1996, année de sa mort.

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   LE KINGBEE

 
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- Bill Doggett (orgue)
- Toni Williams (chant 2-7-8)
- Benny Goodwin (guitare, chant 3)
- Kenny Clayton (batterie)
- Walter Mcmahan (basse)
- Billy Martin (saxophone)


1. J.m. Blues.
2. I Don't Know Much About Love.
3. Every Day I Have The Blues.
4. Blues For Hugues.
5. Green Onions.
6. Mohr Truth.
7. I've Been Lovin' You Too Long.
8. I Love You So.
9. Green Onions (alternate).
10. Mohr Truth (alternate)



             



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