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1966 (Turn On) The Music Machine

The MUSIC MACHINE - (turn On) The Music Machine (1966)
Par LE KINGBEE le 3 Octobre 2017          Consultée 2131 fois

En préambule, pourquoi les principaux groupes de Rock Garage peuvent-ils être qualifiés d’éphémères ? Seconde question : pourquoi ces groupes n’enregistrèrent-ils dans le meilleur des cas qu’un, deux ou trois albums pour les mieux lotis ?
La seconde question répond à la première (CQFD). Bien souvent, ces petits combos jouant localement disposaient de peu de moyens. L’aventure de ces multiples groupes s’arrêtait généralement au bout d’un ou deux 45 tours, faute de fric et d’idées pour aller plus loin. Mais il paraît évident aujourd’hui que l’assassinat du Président Kennedy le 22 novembre 1963 aura sonné le glas du Garage, registre ayant pris la relève du Surf, du Rock Instru et du Frat Rock (celui des fraternités US).

Chers lecteurs, à la lecture de ces lignes, vous vous demandez si votre humble serviteur n’a pas pété un câble ou s’il n’a pas une araignée dans le crâne. Non … enfin … Si, j’exagère un chouyas en accentuant le trait. En vérité, le meurtre de J.F. Kennedy n’a pas grand-chose à voir avec le déclin du Garage, mais son remplacement par le vice-président Lyndon Johnson a lui des conséquences irréversibles sur le Garage. En 1965, soudain mis sous le feu des projecteurs, ce bon Johnson décide qu’il est temps d’en finir avec l’ennemi Viêt-Cong. Le bonhomme prend comme première décision d’augmenter en masse le nombre de soldats, le quota mensuel d’appelés passant de 17.000 à 35.000. En moins de deux ans, le bon Johnson a envoyé plus de 500.000 hommes se battre au Sud Vietnam. Cette véritable saignée met un frein au Garage, la plupart des groupes se séparant pour cause de mobilisation. Dans le meilleur des cas, la majorité des combos perdent leur essence suite à d’incessants changements de line-up. Ajoutez-y les arrivées de la Pop Psyché, l’Acid Rock, le Prog. et vous avez compris que le Garage, faute d’adaptation, de musiciens et de moyens, est pratiquement mort.

The MUSIC MACHINE naît à Los Angeles en 1965. D’abord trio, le combo se produit sous le nom des Ragamuffins avec le chanteur guitariste Sean Bonniwell (ex Wayfarers et Noblemen), le batteur Ron Edgar (ex membre des Goldebriars) et le bassiste Keith Olsen (ex Wayfarers, Gale Garnett). Bonniwell n’est pas le premier perdreau de l’année, il a chanté dans plusieurs formations Folk sans connaître le moindre succès. Le trio, vite rejoint par l’organiste Doug Rhodes, un vieux pote d’Olsen, et le guitariste Mark Landon (ex Tegrams 4), adopte le nom de The MUSIC MACHINE. Le quintet se taille vite une solide réputation sur la scène californienne. Il faut les voir en concert, tout de noir vêtu,s des coupes de cheveux à la BEATLES, des instruments repeints en noir et une énergie débordante.

1966 reste une année exceptionnelle pour le Garage. C’est à cette époque que le Bobby Fuller Four, The Shadows Of Knight, Paul Revere & The Raiders, Count Five, The Standells, deux autres groupes californiens, The Seeds, The Remains, The Troggs, Question Mark & The Mysterians, The Cynics enregistrent leurs meilleurs albums. Si The Music Machine impressionne sur scène, le groupe n’a jamais enregistré et est sans contrat. Art Laboe, un disc-jockey, patron de radio et du label Original Sound Records, les remarque et les prend sous contrat. Si Laboe est l’initiateur de la série (et aussi de l’expression) « Oldies But Goodie », il est à la recherche d’un nouveau groupe. Si son catalogue contient quelques artistes reconnus Jayne Mansfield, les Skyliners, Preston Epps ou The Penguins, aucun d’eux n’a cassé la baraque.
Le 30 juillet 66, le quintet est expédié dans les studios de la RCA pour mettre en boîte son premier single avec « Talk Talk » et « Come On In », deux compos de Bonniwell. Laboe ne croyant pas trop au groupe n’a réservé que trois heures de studio. « Talk Talk » monte à la 15ème place des charts où il reste présent pendant plus de trois mois. Pour un coup d’essai, c’est un beau carton qui tombe dans l’escarcelle d’Original Sound. Art Laboe décide aussitôt de réexpédier sa machine en studio afin de graver un premier 33 tours.
« (Turn On) The Music Machine » regroupe le premier single: « Talk Talk », un proto punk avec un orgue farfisa ravageur et un chant aussi ténébreux que véhément à la limite de l’agressivité. Au fil des ans, « Talk Talk » connaît d’excellentes reprises (Fire Escape, Webb Wilder) mais aussi des versions plus discutables (Alice Cooper, The Demics, Sweatmasters). En 1980, The Inmates en délivrent une pépite permettant de remettre au goût du jour le seul hit des Music Machine. Face b du single, « Come On In » combine un mélange de Folk Glam sous couvert d’orgue entêtant et d’un vocal psyché.

Outre ces deux titres issus du single, Sean Bonniwell apporte cinq originaux : « Trouble », un Garage dynamique gorgé de fuzz, « Wrong », un up tempo qui n’est pas sans évoquer les futurs Devo, « Masculine Intuition » dans lequel l’orgue farfisa, le tambourin et les chœurs se livrent un duel épique sous couvert d’une basse bien présente. Mention à « The People In Me » avec son intro aussi singulière que rapide, le morceau étant conçu en deux parties distinctes, une première avec une guitare qui imprime la mélodie et une seconde où l’orgue prend la relève. Ce titre sort en single couplé à « Masculine Intuition » mais ne prend pas la même route que « Talk Talk ». Le flop de ce second single entraîne la fin de leur bonne relation avec Original Sound, Laboe n’étant pas connu pour ses sentiments.

Le disque incorpore cinq reprises : « 96 Tears » que Question Mark & The Mysterians ont fait grimper à la première place des charts deux mois auparavant. L’interprétation de Music Machine reste respectueuse mais place le chant plus en avant alors que l’orgue se fait, lui, moins présent par rapport à l’original. Ce titre est accommodé à toutes les sauces, de Big Maybelle et Aretha Franklin pour la Soul, à Eddie & The Hot Rods pour le Pub Rock jusqu’à Thelma Houston pour une version Disco indigeste. Le groupe s’attaque à l’incontournable « Hey Joe »*, œuvre de Bill Roberts que tout le monde ou presque reprenait à cette période. Music Machine nous en offre ici une interprétation plaintive au chant crépusculaire, l’orgue apportant un délicat nappage psychédélique. Une version beaucoup moins folle que celle des Leaves et en général beaucoup moins barrée que celles proposées par la plupart des combos Garage ou Psyché. Autre curieuse reprise avec le « See See Rider » immortalisé par Ma Rainey en 1924 sur un disque Race de la Paramount. Là, ce standard repris à toutes les sauces se rapproche plus de la version des Animals enregistrée deux mois plus tôt que de celle de sa créatrice, l’orgue n’étant pas étranger à cette atmosphère, à mille lieues de la reprise bubble-gum des Everly Brothers. Si les influences Folk de leur leader ont toujours été établies, le chanteur s’est à un moment donné intéressé (comme beaucoup d’autres) aux BEATLES. C’est ainsi que Music Machine s’offre une version de « Taxman », titre qui ouvrait l’album « Revolver » mis en boîte quelques mois plus tôt.

Terminons cet éventail par le plus mauvais, contrairement à l’habitude, en l’occurrence « Cherry Cherry ». La version originale de Neil DIAMOND ne valait déjà pas tripette et avouons que Music Machine ne fait guère mieux, le titre paraissant plus qu’inopportun avec cette ambiance « Playa » malvenue. Pour un peu, on en viendrait à préférer l’adaptation de Joe DASSIN « C’est Bon l’Amour » (Erwin va être aux anges). Ce titre placé en plein milieu de la face A coûte un point au disque.
Signalons que les titres ne traînent pas en longueur, répondant ainsi aux formats radio de l'époque.

Toujours est-il que ce « (Turn On) The Music Machine » fait aujourd’hui encore objet de référence parmi les disques de Garage édités en 1966, peut-être la meilleure année du registre. Pour les curieux, on conseillera de regarder certaines vidéos youtubesques. S’ils savent comment Bonniwell parvenait à jouer sur sa guitare rythmique avec un gant, qu’ils me fassent signe.

*On conseille aux amateurs avides de découvertes de se pencher sur le titre « Flower Punk », variante de « Hey Joe », enregistré par les Mothers Of Invention en 1968. La chronique de l’album provient du vinyle édité en stéréo. Le label Repertoire a réédité le disque en mono et en stéréo agrémenté de 4 titres bonus issus de deux singles Original Sound.
Artiste plein de contraste, Sean Bonniwell est décédé en 2011.L'organiste Doug Rhodes a rejoint son pote Ron Edgar au sein de Millenium, groupe de Rock Psy. Il jouait il y a peu au sein du Yiddish Columbia State Orchestra. Le bassiste Keith Olsen est devenu musicien de session, ingénieur son, avant de se lancer avec réussite dans la production (Pat BENATAR, Bad Company, 38 Special, SAGA, JOURNEY, FOREIGNER, SCORPIONS) et la musique de film ("Tron", "Footloose", "Top Gun").

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   LE KINGBEE

 
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- Sean Bonniwell (chant, guitare rythmique)
- Mark Landon (guitare)
- Keith Olsen (basse, chœurs)
- Ron Edgar (batterie)
- Doug Rhodes (orgue, chœurs)


1. Talk Talk.
2. Trouble.
3. Cherry Cherry.
4. Taxman.
5. Some Other Drum.
6. Masculine Intuition.
7. The People In Me.
8. See See Rider.
9. Wrong.
10. 96 Tears.
11. Come On In.
12. Hey Joe.



             



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