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1980 Who's Been Talkin''
1983 Bad Influence
1986 1 Strong Persuader

Robert CRAY - Who's Been Talkin' (1980)
Par LE KINGBEE le 15 Octobre 2017          Consultée 1343 fois

Natif de Colombus (Géorgie) où il voit le jour en 1953, Robert CRAY va connaitre une enfance aléatoire. Aîné d’une famille de cinq enfants, il suit les pérégrinations de son père militaire au gré de ses multiples affectations. Durant son adolescence, il écoute les programmes radio découvrant tour à tour le Gospel, la Soul avec Bobby « Blue » Bland, les Beatles, Jimi Hendrix et tous les groupes de Rock Psyché qui commencent à déferler sur les ondes américaines. Au milieu des sixties, sa mère lui offre sa première guitare, une modeste Harmony. Le garçon prend des cours avec le bluesman Isaac Scott et monte un premier groupe alors qu’il est encore à l’université en compagnie du bassiste Richard Cousins. En 1971, Albert Collins se produit dans l’université où planche l’apprenti guitariste, de cette rencontre, naitra une solide amitié et surtout une influence qui va coller à la peau du jeune guitariste.
Au milieu des années 70, il fonde le Robert Cray Band, tourne dans le Northwest avant de participer à une tournée au Japon en compagnie de John Lee Hooker et d’Albert Collins. En 1978, il participe au film « American College » réalisé par John Landis. Le film racontant la rivalité entre deux fraternités étudiantes connait un bon petit succès et lui permet de se faire remarquer par le producteur Bruce Bromberg qui lui décroche un contrat de trois disques avec la petite firme newyorkaise Tomato Records.

Elaboré en 1978 à l’Eldorado Studio de Los Angeles, là où Canned Heat enregistra « Vintage », « Who’s Been Talking »* est finalisé en deux séances en mai 80 sous la houlette de Bromberg et de Dennis Walker. Dennis Walker dispose déjà d’un sacré pedigree, producteur, auteur compositeur, bassiste il a beaucoup tourné (Phillip Walker, Lonesome Sundown, Louis Myers) et participe pleinement au disque officiant à la basse lors de la seconde session.
Manque de chance pour le Robert Cray Band, six mois après la sortie de son premier disque, Tomato Records met la clé sous la porte pour cause de faillite. Le disque ne rencontre dans un premier temps aucun succès, faute de promotion. En France, seule la revue Soul Bag parle du disque évoquant un guitariste à suivre. Il faudra attendre le milieu des années 80 pour que le disque connaisse enfin le succès via des rééditions publiées par Charly et Atlantic. Entre temps, le Robert Cray Band se fera remarqué avec « Bad Influence » et « False Accusations », deux albums enregistrés sous la bannière de Hightone Records qui lui vaudront alors d’accéder au statut de vedette internationale.

« Who’s Been Talkin’ », premier jet de Robert CRAY, permet de retrouver toutes les influences dont s’est nourri le guitariste pendant ses jeunes années. La moitié des dix titres provient de la plume du guitariste ou sont coécrits avec David Amy (pseudo de Bruce Bromberg). Si le disque est produit par Walker et Bromberg, leur collaboration avec Cray va bien plus loin que l’exercice de la production, le premier intervient à la basse sur six titres alors que le second a participé à l’écriture de deux morceaux. Ce lien créé entre le guitariste, ses producteurs mais également avec les deux équipes d’accompagnateurs dont une partie est issue du giron de Dennis Walker est parfaitement évidente et se retranscrit sur la musique. Walker a opté sur une petite troupe de musiciens bien rôdés : le trompettiste Nolan Smith (ex-Marvin gaye, Count Basie, Stevie Wonder, John Mayall ou Carol King), le saxophoniste David Li (ex-Lonesome Sundown, Phillip Walker, John Mayall), le batteur Buster Jones (ex-Louis Myers), le claviériste Nat Dove (ex-Little Johnnie Taylor, Lowell Fulson, Harmonica Smith, Lonesome Sundown) le batteur Tom Murphy (ex-Janis Ian) et l’harmoniciste Curtis Salgado (ex-Nighthawks). Les musiciens se connaissent bien, certains d’entre eux ont participé aux mêmes sessions depuis deux ans. La mayonnaise entre Robert Cray et ses sidemen prend dès le premier coup de cuillère.
Parmi les originaux, « The Score » constitue le parfait prototype du blues contemporain. Les touches d’ivoire procurent un nappage bien enveloppant dans lequel vient se glisser la guitare dans une sonorité que ne saurait renier Albert Collins. « That’s What I’ll Do » diffuse une ambiance lorgnant entre Blues et Soul dans laquelle le chant se fait plus volontaire. On retrouve toutes les résurgences du slow blues texan dans « I’d Rather Be A Wino ». Cray place quelques solos aussi solides qu’efficaces et évite le piège de la cascade de notes, technique qui se perd souvent en route. On retrouve quelques zestes de Marvin Gaye sur l’élégant « Nice As A Fool Can Be », titre alliant Soul et Blues. Dernière composition avec « If You’re Thinkin’ What I’m Thinkin’ » dans lequel le phrasé de guitare se rapproche plus de Clapton que de Collins. Certainement le titre le moins captivant de l’album.
Le rayon reprises s’avère judicieux avec en premier lieu « Too Many Cooks », une œuvre du prolifique Willie Dixon gravée par Jessie Forturne au tout début des sixties. Là ou Fortune (un chanteur occasionnel pour Buddy Guy et Dave Specter) s’envoyait énergiquement sur un R&B chicagoan, Cray nous délivre un blues urbain patiné de Soul Pop du meilleur tonneau. Impression similaire avec « The Welfare (Turns Its Back On You) », compo du tandem Sonny Thompson/ Lucius Weaver enregistrée par Freddy King sur un single Federal. La présente version s’inspire plus de celle d’Albert Collins, le guitariste apportant une touche beaucoup plus soulfull que l’original. Résultat une cover agréable avec l’intervention d’un harmoniciste inspiré. Il aseptise le grondant « Sleeping In The Ground » popularisé par Sammy Myers à la fin des fifties. Ce morceau repris par Canned Heat et Blind Faith connaitra curieusement un monceau de reprises suite à la version du Robert Cray Band (Anson Funderburgh, Omar & The Howlers, Rod Piazza jusqu’à Clapton et Steve Winwood). L’empreinte Soul est encore plus présente sur « I’m Gonna Forget About You »**, une pépite de Deep Soul intemporelle gravée par O.V. Wright en 68 pour le label Backbeat. Toujours est-il que Cray s’en tire encore bien pour une version bien supérieure à celle de Marcia Ball.
Enfin comment ne pas terminer cet échantillonnage avec « Who’s Been Talkin’ » qui donne son nom à l’album. Il s’agit là encore d’une version adoucie, voire stérilisée d’un classique de Howlin’ Wolf enregistré pour Chess Records en 1960, une variante du « Going Back Home » gravée par le même Wolf quatre ans plus tôt. Une interprétation qui renvoie à des années lumières la médiocre tentative de Steve Miller trente ans plus tard. Il est encore amusant de constater que c’est par le biais de la reprise du Robert Cray Band que le morceau sera repris à moult occasions (Lucky Peterson, Lil’ Ed, Jon Lord, jusqu’à nos Little Bob Blues Bastards).

Avec ce premier disque, Robert Cray Band marquait de sa patte les jalons du Renouveau Blues Eighties, registre marqué par la percée d’une nouvelle génération de musiciens (Stevie Ray Vaughan). Les puristes et les grincheux trouveront probablement à redire, mais Robert Cray allait avec ce disque sortir le Blues des ornières dans lesquelles il s’était enterré depuis de trop longues années.

* Ce disque a fait l’objet en 1989 d’une réédition trompeuse de la part du label Tomato sous le titre « Too Many Cooks ». Il s’agit du même album avec une énième pochette.
** « I’m Gonna Forget About You » n’a rien à voir avec le titre homonyme de Sam Cooke repris par Bobby Womack.
Cette chronique est issue de l’écoute de la réédition vinyle éditée par Atlantic en 1986 avec un visuel différent.

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   LE KINGBEE

 
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- Robert Cray (chant, guitare)
- Curtis Salgado (harmonica1-3-6-8, chant 8)
- Dennis Walker (basse 2-4-5-7-9-10)
- Richard Cousins (basse 1-3-6-8)
- Tom Murphy (batterie 1-3-6-8)
- Buster Jones (batterie 2-4-5-7-9-10)
- Nat Dove (claviers 2-4-5-7-9-10)
- David Stewart (piano 1-3-6-8)
- Nolan Smith (trompette)
- David Li (saxophone)


1. Too Many Cooks.
2. The Score.
3. The Welfare (turns Its Back On You).
4. That's What I'll Do.
5. I'd Rather Be A Wino.
6. Who's Been Talkin'.
7. Sleeping In The Ground.
8. I'm Gonna Forget About You.
9. Nice As A Fool Can Be.
10. If You're Thinkin' What I'm Thinkin'.



             



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