La recette est pourtant simple : prenez une voix unique (Tim CURRY est probablement le seul chanteur qui réussisse à caser 12 voyelles dans l’alphabet occidental), rajoutez des musiciens top notch, un conducteur de travaux excentrique et éclectique (Michael KAMEN qui revient à ses amours pop-rock de son premier album solo), et pour les compos, vous embêtez pas : de grosses reprises bien baveuses, ça suffira. Bon, mettez-en deux-trois histoire de passer du bon temps à créer ensemble en studio. Vous mélangez tout ça et si vous êtes pratiquement certain de ne pas accoucher d’un chef-d’oeuvre, par manque d’inspiration et d’implication, vous avez aussi des chances d’aboutir à un disque agréable.

SIMPLICITY est clairement un plaisir coupable dans son genre. Il ne révolutionne rien ; il n’ajoute pas grand-chose aux reprises (exception de "I Put A Spell On You" transformé en ballade soul étonnante). CURRY n’est même pas un grand chanteur, c’est surtout son timbre et sa prononciation étonnante qui font mouche. Non, c’est juste une collection de petits titres, qui ne devrait pas faire d’étincelles, mais qui se laisse écouter d’un bout à l’autre parce que c’est bien fait, parce que c’est chaleureux, parce que les musiciens se sont éclatés.

"Betty Jean" par exemple est nullissime, mais a l’avantage de montrer l’ambiance du studio : un gros éclat de rire. Du reste, le premier titre met dans l'ambiance, puisque son sujet principal est la meilleure façon de faire admirer son bronzage. Les instrumentistes sont décontractés du gland, à la fraîche, le ton est sarcastique, le rythme reggae pachydermique comme écrasé par le soleil et les 7 mojito cul-sec, et David Sanborn s'amuse comme un petit fou.

Il y a cependant une arme fatale (pun intended... Michael Kamen... Arme fatale... non ? ah bon). C’est Earl Slick. Le guitariste de David BOWIE délivre des solos absolument somptueux de feeling. Ce n’est pas un hasard si c’est lui qui clôt les deux faces avec un panache bluffant. Deux faces car ce petit disque de récréation n’est jamais sorti en CD, au grand dam des fans de Curry et de Kamen. Très court, plus calibré que les premiers albums, totalement dispensable mais d’une fraîcheur de pastèque, un de ces albums très mineurs dont personnellement je ne pourrais pas me passer.