Recherche avancée       Liste groupes



      
SOUL GOSPEL  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

1972 Sister Woman

Esther MARROW - Sister Woman (1972)
Par LE KINGBEE le 19 Octobre 2017          Consultée 938 fois

Native de Newport News (Virginie) où elle voit le jour en 1941, Esther Marrow débute le chant dans sa paroisse (excusez cette presque lapalissade). Au tout début des sixties elle s’établie à New York et c’est au cours d’une fête (house partie) d’entreprise que son patron la remarque et la recommande au manager Jim Rein. Alors qu’elle n’avait chanté qu’à l’église, Esther se tape le circuit des clubs pendant trois ans jusqu’au jour où elle est engagée dans l’orchestre de Duke Ellington. Elle participe à l’enregistrement de l’album « Duke Ellington’s Concert Of Sacred Music ». La chanteuse enchaîne avec Harry Belafonte avant de devenir une militante active intégrant le Civil Rights Movement (Mouvement des Droits Civiques) au côté de Martin Luther King.
Au fil des années, elle chantera aux cotés de BB King, Ella Fitzgerald, Mahalia Jackson, sera à l’affiche de plusieurs comédies musicales sur Broadway, se produira devant pas moins de trois présidents américains et Jean Paul II avant de fonder la troupe de Gospel The Harlem Gospel Singers.

Après s’être longuement cantonnée au Gospel et au Jazz, la chanteuse change de cap et enregistre en 1969 « Newport News Virginia », son premier album Soul édité par le label Flying Dutchman de Bob Thiele, un ancien de l’écurie Impulse et coauteur du hit « What A Wonderful World ». Deux ans plus tard, Esther signe un contrat avec Prestige Records, mais le label est absorbé par Fantasy Records. Le premier album d’Esther s’étant bien vendu, les dirigeants de Fantasy, maison de disque longtemps spécialisée dans le Jazz, décident de ne pas rompre le contrat. La maison de disque vient de changer ses étiquettes de rondelles, jugeant les anciennes trop vieilles et inadaptées, et entreprend un virage important en enregistrant du Rock et de la Country (Creedence Clearwarter Revival, Redwing, et Tom Fogerty qui vient d’entamer une carrière solo). Dans l’esprit des patrons de Fantasy, le label doit s’adapter aux nouvelles tendances et ne pas rester figer dans le Jazz.

Fantasy envoie Esther Marrow au Rudy Van Gelder Studio à Englewood Cliffs, à un jet de pierre de l’Hudson River. L’endroit connait de belles heures, c’est le studio attitré des labels Verve, Impulse, Blue Note ou Prestige, toutes les grosses pointures du Jazz y ont traîné leurs guêtres. Seconde décision, si le disque est produit par Jim Rein et Esther Marrow, les séances d’enregistrement sont supervisées par Ozzie Cadena. Ancien producteur du label Savoy, Cadena est aussi à l’aise dans le Jazz, le R&B que dans le Gospel, le producteur a même écrit une poignée de titres pour Creedence Clearwater Revival. A vrai dire peu d’artistes de Jazz ont échappé à ses mailles. Stan Getz, Cannonball Aderley, Art Pepper, Cal Tjader et Bill Evans sont passés entre ses mains, idem pour John Lee Hooker, Big Maybelle. Le Gospel ne lui est pas étranger, le producteur a collaboré avec Clara Ward et le Révérend James Cleveland. En produisant son album en compagnie de son fidèle manager, il parait évident qu’Esther Marrow a tenu à garder la main mise sur le choix de ses chansons et la direction artistique. Cadena lui a concocté une troupe d’accompagnateurs triés sur le volet dont une partie des membres du futur Stuff : le guitariste Cornell Dupree (ex-Aretha Franklin, King Curtis), le pianiste organiste Richard Tee (ex-Aretha Franklin, George Benson, Quincy Jones et Howard Tate) et le bassiste Gordon Edwards (ex-Esther Phillips, Hank Crawford, James Brown). Trois sessions sont nécessaires pour mettre en boite les huit titres de l’album, trois séances durant lesquelles se succèdent Bernard Purdie, Bobby Scott et Richard Tee pour la partie arrangement, évitant ainsi une production trop linéaire.
Le pianiste Bobby Scott, présent sur l’une des sessions comme pianiste arrangeur parvient à refourguer deux de ses titres : la ballade mélancolique « Ask Me To Dance » délivre une belle mélodie menée par la guitare de Cornell Dupree dans laquelle Esther Marrow se contente de placer sa voix. Un titre comme on en enregistrait alors par wagons. « Woman In The Window » (rien à voir avec le film de Fritz Lang ni avec les peintures de Dali et Picasso) provient d’un disque éponyme de Robert Williams Scott (alias notre Bobby) publié en 1970. Esther Marrow sera la première et la seule à reprendre le morceau. Si la version originale était marqué par un piano intempestif et une voix plus qu’éraillée, Esther Marrow parvient à sublimer ce titre via un accompagnement mitonné aux petits oignons et une interprétation pleine de feeling. Le thème du ghetto était toujours à la mode depuis le succès de« In The Ghetto » popularisé par Elvis puis Candi Staton. Donny Hathaway abordait le sujet sur un single Atco. La reprise d’Esther Marrow provient d’une compo du trident Homer Banks/ Bettye Crutcher/Bonnie Bramlett gravée préalablement par le duo Delaney & Bonnie et Joan Baez. Chanson pacifique par excellence dans laquelle le chant vous fait dresser l’épine dorsale. Il faut entendre Esther Marrow entonner sa litanie: « If you ever live in a ghetto - Maybe at the close of your day… » pour un morceau qu’on croirait sorti tout droit des studios Fame de Muscle Shoals. Le morceau phare de l’album.
Autre grand moment avec « Turn On To Jesus », un Gospel Soul à la gloire du Seigneur dans lequel Marrow vous ferait rentrer en transe. Une belle invitation spirituelle pour avaler l’hostie. Standard de Tony Joe White, « Rainy Night In Georgia » a été repris par une kyrielle de chanteurs et aura permis à Brook Benton de sortir du trou dans lequel il était engouffré depuis quelques années. Esther nous en délivre une version honnête dans laquelle les congas et l’harmonica se livrent à un curieux duel. « Things Ain’t Right » conjugue Soul newyorkaise et exotique laissant le premier rôle aux percussions et aux cuivres. Pas assez pour retenir durablement l’attention. L’album s’achève avec « And When I Die », œuvre de la controversée mais excellente songwriter Laura Nyro, repris par les « folkleux » Peter Paul & Mary et succès pour Blood Sweat & Tears dans une interprétation où la voix semble parfois en transe sous une coloration cuivrée rappelant la Nouvelle Orléans. Comme le titre précédent, pas suffisent pour rester dans les anales.

« Sister Woman » est à ranger entre Soul et Gospel à ascendances Jazzy. Le genre d’albums qui poussait par tonnes au tout début des seventies. Mais on retiendra la voix pleine d’émotion de cette chanteuse militante et son message de tolérance et d'espoir. Esther Marrow se convertira peu après et de manière définitive dans le Gospel devenant Queen Esther Marrow au sein du Gospel Harlem Singers. Esther fait actuellement ses adieux à la scène après une carrière de près un demi-siècle. Cinq titres sur huit valent une mention d’où une note de 3.

A lire aussi en SOUL par LE KINGBEE :


Bettye LAVETTE
Interpretations: The British Rock Songbook (2010)
La plus belle voix noire de l'amérique!




Naomi SHELTON & THE GOSPEL QUE
What Have You Done, My Brother? (2009)
Entre chant d'église et soul vintage. un must!


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Esther Marrow (chant)
- Cornell Dupree (guitare)
- Keith Loving (guitare 2-3-4-6)
- Walter Raim (guitare 1)
- Sal Detroya (guitare 1)
- Bernard Purdie (batterie 1-5-7)
- Jimmy Johnson (batterie 2-4-6-8)
- Idris Muhammad (batterie 3)
- Chuck Rainey (basse 1-5-7-8)
- Gordon Edwards (basse 2-3 4-6)
- Ralph Mcdonald (percussions 1-5-7-8 congas 2-3-4-8)
- Warren Smith (percussions 4-8)
- Specks Powell (vibraphone 7)
- Bobby Scott (piano 1-7)
- Richard Tee (piano 2-3-4-6, orgue 1-5-8)
- Paul Griffin (orgue 2-5)
- Buddy Lucas (harmonica 2-5)
- Seldon Powell (saxophone 3-6-8)
- Frank Wess (saxophone 3-6-8)
- Jimmy Owens (trompette 3-6-8)
- Snooky Young (trompette 3-6-8)
- Tony Studd (trombone 3-6-8)


1. Woman In The Window.
2. Ghetto.
3. Trade Winds.
4. Turn On To Jesus.
5. Rainy Night In Georgia.
6. Things Ain't Right.
7. Ask Me To Dance.
8. And When I Die



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod